Le président de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI), M. Aouidat affirme que le prix de la location des logements «est quatre fois plus cher que leur valeur réelle».
La spéculation gangrène le marché de l’immobilier en Algérie. Outre le déficit et la mauvaise qualité des offres proposées, la cherté des prix devient inquiétante et injustifiée. Même les professionnels du domaine admettent et s’inquiètent de la hausse démesurée des prix appliqués et remettent en cause le fonctionnement du marché. Le président de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI), M. Aouidat, affirme que le prix de la location des logements «est quatre fois plus cher que leur valeur réelle». Dans les grandes villes, un exigu studio est cédé à
25 000 DA, alors que son prix ne devrait pas dépassé les «5 000 DA» indique notre interlocuteur. La dérégulation du marché de l’immobilier en Algérie s’illustre également par l’inadéquation existant entre le niveau de vie de la majorité des ménages et les prix de la location. «Les prix ne doivent pas dépasser un tiers du salaire d’un employé moyen» a-t-il soutenu.
Hélas, de nos jours, on assiste plutôt à des tarifs moyens qui dépassent le Salaire national minimum garanti (SNMG). La tendance haussière de ces dernières années est «anormale», d’autant que l’Algérie a réalisé plus de deux millions de logements. Un nombre tellement important qu’il aurait dû influer, au moins légèrement, sur la politique des prix et équilibrer un tant soit peu, la fameuse règle de l’offre et de la demande. M. Aouidat explique que le déficit en immobilier reste «important» et l’Algérien demeure toujours un éternel demandeur de logement. Mais ce qui est «illogique» explique-t-il, c’est que les nouvelles unités distribuées ces dernières années n’ont eu aucun effet sur le marché de la location immobilière, alors qu’il devrait participer à la baisse des prix.
Spéculation et amateurisme
Selon le président de la Fédération nationale des agences immobilières, les raisons de la hausse vertigineuse des prix de location de logement en Algérie s’explique, entre autres, par la spéculation à grande échelle qui affecte ce créneau.
«Le marché échappe aux professionnels» révèle-t-il, ajoutant que des individus s’accaparent une grande partie des transactions et décident des prix. Notre interlocuteur n’a pas manqué d’ajouter que les tarifs exorbitants de la location des logements s’explique également par l’amateurisme qui ne se limite pas uniquement à la location, mais s’étend aussi «aux promoteurs, aux constructeurs, ainsi qu’à la distribution des logements».
Aussi, M. Aouidat relèvera la concentration de la population dans le nord du pays, ce qui créé un déséquilibre entre l’offre et la demande et provoque la hausse des prix. «L’Algérie doit réaliser de nouveaux centres urbains afin d’alléger la pression sur les grandes villes où la demande est importante» a-t-il préconisé. Ce qui demeure difficile à concrétiser dans l’immédiat.
Par ailleurs, la situation est appelée à se compliquer davantage, en raison de la grande affluence, notamment des jeunes couples sur les grandes villes où les chances d’embauches sont relativement plus grandes. Cela bien que ces mêmes couples et petits cadres trouvent toutes les peines du monde à s’acquitter de leur frais de location. Et la majorité d’entre eux opte pour des bâtisses vétustes, parfois risquant l’effondrement, sans passer par les agences immobilières. Le drame, constate-t-on, est que la hausse des prix de la location tend à se généraliser à toutes les villes du pays. «Le marché de l’immobilier n’est pas structuré. Il ne suffit pas de construire des logements pour aspirer à la baisse des prix», conclut le président de la FNAI.
Par Aomar Fekrache