Les gardes communaux maintiennent leur sit-in et refusent de quitter la place des martyrs malgré la menace de révocation brandie à leur encontre par le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia.
Hier, ils étaient environ 4 000 à passer la nuit sur place et affirmer qu’ils ne quitteront pas les lieux avant que leurs revendications ne soient satisfaites. Ils déclarent que les menaces du ministre ne vont pas les dissuader. «Nous sommes encore plus nombreux qu’hier (avant-hier Ndlr) ; de plus en plus de gardes communaux de différentes wilayas du pays continuent de se joindre au mouvement de protestation» nous dira, Hakim Chaib, délégué des protestataires. Selon lui, les déclarations du ministre sont «erronées».
«Aucun garde communal n’est satisfait des mesures de régularisation proposées par le ministère» affirme-t-il. «Ajoutant que des rassemblement ont été tenus dans 20 wilayas pour exprimer leur soutien à la mobilisation des agents à Alger». Aussi, il a révélé que «les représentants des gardes communaux se sont retirés des commissions mises en place par le département de l’Intérieur pour l’étude des revendications exprimées».
La colère des protestataires et la menace exprimée par Ould Kablia risquent ainsi de compliquer la situation et rendre tout dialogue entre les deux parties impossible. D’ailleurs, des gardes communaux, interrogés, étaient unanimes à exprimer leur indignation et affirmer que les déclarations du ministre renseignent sur l’absence de volonté de règlement de leurs cas. «Si le ministère de l’Intérieur avait l’intention de nous accorder nos droits légitimes, il n’aurait jamais répondu à nos doléances par la menace» dira un garde communal.
Déterminés à mener leur mouvement jusqu’à satisfaction de la totalité de leurs revendications, les protestataires soutiennent que personne ne peut dénier leur sacrifice pour le pays et leur refuser le droit à une vie digne. «Non à l’ingratitude, non à l’injustice» scandaient, durant la matinée, des centaines de communaux. Plusieurs d’entre eux se sont plaints de leurs conditions de vie difficiles.
«Plusieurs familles de gardes communaux tués ou handicapés vivent dans la misère» raconte un agent. Les gardes communaux revendiquent, entre autres, l’augmentation de leurs salaires et l’octroi de primes de risque et de rendement avec effet rétroactif à partir de 2008. Ils demandent également la réintégration des gardes communaux licenciés. Il est à rappeler qu’avant-hier, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a déclaré que la quasi totalité des gardes communaux avaient «adhéré» aux mesures déjà prises pour leur régularisation, mais ceux qui poursuivront leur mouvement de protestation «seront exclus» de ce corps de sécurité.
Le ministre a précisé que 11 principales revendications, sur les 14 émises par ce corps de sécurité, avaient déjà trouvé une solution. Il déclarera, ainsi, qu’«il n’y aura plus de discussions ni de négociations et que toutes les autorités militaires et civiles sont décidées à considérer les actes menés par les gardes communaux comme étant des actes d’indiscipline dans un corps de sécurité».
Par Aomar Fekrache