Le 15e Salon international du livre d’Alger (Sila 2010) fait une fois de plus parler de lui en raison des prix inaccessibles affichés pour certains ouvrages.
Bien que certaines maisons d’édition étrangères ou nationales aient fait des réductions variant entre 20 et 25%, les prix restent inabordables pour la plupart des citoyens. Nombreuses sont les maisons d’édition, particulièrement étrangères, qui doublent les prix, voire les triplent si on les compare à ceux affichés dans les librairies. Un livre pour enfants à titre d’exemple de l’édition Hachette dont le prix ne dépasse pas les 400 DA en librairie est vendu à 800 Da, sans parler des éditions Gallimard ou Folio, dont le prix du roman atteint les 1200 DA.
Le livre de poche est vendu à 900 DA. Il s’agit pourtant, selon un écrivain algérien, de productions reprises par des maisons d’édition qui ne payent pas les droits d’auteur et utilisent du papier de moindre qualité. Une façon de dire que les prix exorbitants de ces livres sont inexplicables. «Je préférais avoir trois ou quatre livres de l’édition nationale Enag que d’acheter un seul de chez Folio», nous dira une jeune mordue de littérature.
Trois ou quatre livres, c’est le moins qu’on puisse dire ! Du moment que les prix d’un roman classique édité par l’Enag oscille entre 35 et 100 DA, de quoi s’approvisionner d’une dizaine de romans, au lieu d’un seul édité par une maison d’édition européenne. Un guide touristique de l’édition suisse Olizane ne coûte pas moins de 2530 DA. Un support informatique de l’édition Eyrolls coûte entre 2000 et 4000 DA.
Le prix de celui du bâtiment de la même édition atteint les 6000 DA. Quel étudiant ou stagiaire est prêt à se ruiner pour suivre ses études dans les règles de l’art ? «Heureusement qu’il y a des données fournies sur la toile», commentera un étudiant en génie civil.
Il n’y a pas que les maisons européennes qui découragent l’engouement des visiteurs à l’achat «spontané» du livre. Les passionnés de philosophie réfléchiraient à maintes reprises avant de se décider à acheter une autobiographie de Socrate éditée par la maison syrienne Dar El Ferq ou celle d’Aristote éditée par la maison libanaise El Maktaba Echarkia.
C’est le cas de ce sexagénaire qui a réagi en découvrant le prix d’un livre qu’il tenait dans ses mains. «Comment débourser 800 ou 900 DA pour un livre dont les pages ne dépassent pas les 200 et que je lirai en une soirée ?» s’exclamera-t-il. Pis encore, des livres des anciens stocks sont exposés par certaines maisons d’édition françaises à des prix exorbitants.
Le client s’attend à voir un prix abordable lorsqu’il se penche sur un conte étalé sur une discrète étagère – à la limite poussiéreuse – réservée aux vieux livres dans le stand réservé à la maison Gallimard. Grande est sa surprise quand il entend la caissière lui annoncer le prix de 1000 DA. Il le remet ainsi à sa place et sort déçu. Malgré l’engouement du public qui s’y rend chaque jour en dépit des mauvaises conditions climatiques, le livre reste inaccessible.
S. B. L.