Yazid Alilat

Plusieurs sujets ont été débattus au cours de cette rencontre, à commencer par le soutien de l’Etat aux producteurs à travers notamment la poursuite de l’exonération de la TVA sur les importations du maïs et du soja, deux céréales majeures pour la fabrication de l’aliment de la volaille, la modernisation des moyens de production dont les abattoirs, la mise en place de nouveaux complexes avicoles modernes (le secteur en compte huit), ou l’aide publique et des banques aux investisseurs dans la filière. Sur le plan commercial, une meilleure traçabilité du produit, l’amélioration des réseaux de distribution, la maîtrise des prix par une offre abondante, ainsi que la lutte contre les réseaux informels de production et de commercialisation ont été préconisés par les professionnels. Récemment, et plus exactement quelques jours avant l’Aïd El Adha, les prix du poulet s’étaient envolés, officiellement après la hausse des prix sur le marché international du maïs et du Soja, deux céréales qui entrent à 80% dans la fabrication de l’aliment de la volaille.
En faisant le point de situation par les chiffres de la filière, le ministre a indiqué que la valeur ajoutée de la production avicole en 2017 a été de 155 milliards de dinars contre seulement 54 milliards de DA en 2009, soit une croissance de 184 %. La filière avicole, a t-il précisé, représente 5% de la valeur ajoutée de la production agricole en 2017, évaluée à 2 140 milliards de dinars. Quant au cheptel avicole, il est estimé en 2017, selon le ministre, à 240 millions de poulets et dindonneaux, et le secteur privé représentant 90% des producteurs.
En 2017, la production nationale de viandes blanches a été de 5,3 millions de quintaux contre 2,92 millions de qx en 2009, soit une croissance de 153%. La production d’oeufs de consommation est passée de 3,8 milliards d’unités en 2009 à 6,6 milliards d’unités en 2017, soit un bond de 76,3%, alors que les unités avicoles sont répertoriées dans 1.322 communes, et le tiers du potentiel national de production est concentré, explique le ministre, dans les wilayas de Batna, Sétif, Bouira et Médéa, soit près de 1,106 milliard de tonnes. Enfin, le ministre a indiqué que l’Algérie n’importe plus de viandes blanches «depuis la mise en place d’un programme de développement du secteur avicole». Dès lors, il a préconisé «la mise en place d’un programme de développement intensif de la filière avicole» en Algérie. La filière compte un peu plus de 20.000 éleveurs, emploie environ 500.000 personnes et fait vivre deux millions de personnes.
Mais, la filière est boulimique en intrants, le secteur importe 80% des 2.500.000 tonnes d’aliments (maïs, tourteau de soja et complément minéral vitaminé), trois millions de poussins reproducteurs, des produits vétérinaires et des équipements. Selon les objectifs à l’orée 2019 tracés par le nouveau plan de croissance du ministère de l’Agriculture, la filière avicole devrait produire à cette date 5,8 millions de quintaux de viandes blanches, 8,9 milliards d’oeufs de consommation, et l’exportation de 700 millions d’oeufs de consommation. Mais, surtout, un gain financier par la substitution du maïs par le triticale à 25% et l’orge de 15 à 20 % dans le cadre de la valorisation des matières premières locales. Et si ces objectifs sont en train d’être atteints, les professionnels se plaignent cependant de l’irrégularité des importations et des prix des intrants, et veulent également le maintien des importations à un niveau régulier et raisonnable pour encourager certains producteurs à investir dans la transformation, qui doit être soutenue et encouragée par l’Etat. Il y a également des questions à régler comme la formation des producteurs, la facilitation d’obtention de l’agrément sanitaire, la création d’un fonds de garantie pour la filière et un plan de lutte contre les principales pathologies touchant le cheptel avicole, dont la grippe aviaire, la New Castle et la salmonelle.