Les revendications des populations du Sud sont claires puisqu’elles sont d’ordre social, notamment l’emploi et le logement relevant de la politique de développement local menée sans résultat depuis plus de dix ans. En réalité, il s’agit d’un problème de gestion qui existe depuis longtemps. Avec l’insécurité qui entoure la région en raison de la situation en Libye et au Mali, le Sud risque de devenir une bombe à retardement.
Le 24 février dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a parlé de l’existence «d’un groupuscule» qui vise à semer la division entre le Nord et le Sud du pays. Voilà que le ministre de l’Interieur, Daho Ould Kablia, déclare qu’«il n’y a pas de problèmes politiques dans le Sud» sachant que la dégradation de la situation socio-économique dans les wilayas de cette région est une réalité.
Face à cela, il y a le changement de walis de cinq wilayas du Sud et l’annonce de mesures par rapport au recrutement des jeunes ; mais rien ne semble calmer les troubles liés à des problèmes de chômage, notamment de la jeunesse. D’ailleurs, la manifestation du 14 mars à Ouargla, annoncée par le Comité de la défense des droits des chômeurs, est maintenue. Dans ce cadre, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a présidé hier un Conseil interministeriel concernant des mesures d’emploi en faveur des wilayas du Sud. Cette réunion intervient après l’annonce du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, concernant le recrutement dans des entreprises activant au Sud : «L’agence de l’emploi de la wilaya de Ouargla n’arrive pas à se faire respecter par les entreprises qui recourent au recrutement des cadres par des moyens détournés». Dans ce cadre, il a indiqué qu’«une instruction sera donnée prochainement pour que tout recrutement dans les entreprises qui n’a pas l’aval de l’agence de l’emploi sera considéré comme nul et non avenu», menaçant de sanctionner les responsables des entreprises récalcitrantes.
Le ministre de l’Intérieur qui procédait samedi dernier à l’installation des nouveaux walis dira : «ll n’y a pas de problèmes politiques dans le Sud et ceux qui en parlent sont sur une fausse voie. Il y a un seul pays, l’Algérie, on n’oppose pas le Nord et le Sud». Ainsi, on ne sait pas pourquoi on évoque la division alors que les problèmes des populations du Sud sont clairs et légitimes. S’il y a exploitation politique de ce qui se passe au Sud, il faut d’abord penser à ce qui pourrait favoriser et donner lieu à une récupération politique. Selon le ministre de l’Intérieur, sur les trois plans quinquennaux (2000-2012) une enveloppe de 495 milliards DA a été dégagée pour toutes les willayas du Sud, dont 122 milliards DA pour la wilaya d’Illizi durant la même période. Mais où est passé cet argent et pourquoi le développement local ne suit pas, plus de dix ans après le lancement de ces programmes ? Le ministre a annoncé les projets de création d’agglomérations dans le Sud du pays pour réduire les distances, citant quatre agglomérations nouvelles entre In Salah et Tamanrasset, deux entre Regagne et Adrar, une «importante» agglomération entre Béchar et Tindouf et le développement de l’agglomération Bordj El Houas entre Illizi et Djanet. Il a instruit aussi les walis à être à l’écoute de la population. Il est à rappeler que le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, en réunissant samedi dernier les élus du parti a mis en garde contre les risque de voir certaines parties «manipuler les frustration des habitants du Sud pour les mettre sur des voies aventurières».
De son côté, le parti de Amara Benyounès a affirmé dans un communiqué que «des aventuriers politiques tentent de détourner des revendications sociales et économiques légitimes des populations du Sud en quelque aventure aux desseins inavoués». On se demande où est le rôle des élus locaux dans le malaise que vit la population du Sud et leur part de responsabilité dans cette colère sans fin. Suffit-il juste de changer un wali pour calmer les esprits ?
Par Nacera Chennafi