Les infections nosocomiales peuvent aisément prendre des proportions alarmantes faute de traitement de choc.
On ne sort souvent pas indemne des maladies après une hospitalisation, ne serait-ce que de courte durée. Se rendre dans les hôpitaux pour se soigner est paradoxalement synonyme d’une contamination par d’autres maladies contractées à l’intérieur de l’établissement ou encore ce que l’on appelle les infections nosocomiales. Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme en faisant état d’un taux plus ou moins significatif des malades qui ont été traités pour les différentes pathologies qu’ils ont contractées après avoir été hospitalisés pour telle ou telle maladie.
Au niveau national, des recensements non exhaustifs font état de 13% des patients ayant été contaminés par des maladies nosocomiales juste après avoir été hospitalisés. C’est le professeur Tedjdine Abdelaziz, de l’établissement hospitalier spécialisé de Canastel qui met en exergue la nécessité de prendre en compte ces maladies que l’on peut facilement contracter dans un lieu censé prodiguer des soins aux hommes, femmes, vieux, jeunes et moins jeunes venant se soigner d’une maladie les terrassant et en sortent avec d’autres affections souvent difficiles à détecter très tôt. Le mal est beaucoup plus profond si l’on prend en compte le laisser-aller prenant dans les hôpitaux. Autrement dit, les infections nosocomiales peuvent aisément prendre des proportions alarmantes faute de traitement de choc, ce qui signifie que l’intérieur des enceintes hospitalières est devenu un véritable réceptacle de germes compliquant souvent aussi bien la mission du médecin traitant que l’état de santé du malade hospitalisé.
Ce qui semble inquiéter le plus les praticiens et les services médical et paramédical est, d’un autre point de vue, l’absence d’une vision claire ou encore d’un traitement de choc devant venir à bout des infections nosocomiales. Le professeur Tedjdine Abdelaziz, du service épidémiologique de l’EHS de Canastel n’en revient pas dans ses aveux, en soulignant qu’«il n y a pas eu d’études menées sur ce phénomène depuis 2005». Comme il a souligné «l’absence d’un cadre clair devant être pris en compte dans le but de mettre à plat cette problématique, venir à bout des infections nosocomiales circulant à vive allure dans les établissements hospitaliers».
Tenant de tels propos à l’occasion de la rencontre organisée hier, l’établissement hospitalier spécialisé de Canastel sur la propreté et l’hygiène en milieu hospitalier, le professeur Tedjdine est revenu sur les anciens bilans ayant été effectués auparavant entrant dans le cadre de l’évaluation du niveau d’hygiène marquant le secteur de la santé, très précisément les établissements sanitaires. En 2007, a-t-il expliqué, pas moins de 17,3% des malades admis contractent des pathologies nosocomiales après avoir été admis pour une hospitalisation.
Ce taux a toutefois été revu à la baisse pour qu’il se stabilise autour de 13%», dira le professeur Abdelaziz Tedjdine, tout en plaidant tout de même «la nécessité d’associer tous les acteurs de la santé aux fins de mettre à plat une telle problématique». L’épidémiologie est, dans un autre cadre, revenu sur le plan de «la propreté des hôpitaux» mis en place par le ministère de tutelle durant la période allant de 2005 à 2009. «Ce programme n’a pas été évalué ni reconduit après l’expiration du délai fixé», a déploré l’épidémiologiste Tedjdine Abdelaziz, regrettant que «l’Algérie ne dispose pas encore d’un programme global sur l’hygiène en le milieu sanitaire, sachant que certains virus sont très résistants aux antidotes». Cependant, une telle problématique n’est pas l’apanage exclusif des hôpitaux algériens. Ce phénomène, explique le professeur Tedjdine, est très répandu dans les enceintes hospitalières du monde entier. «Le malade se rend à l’hôpital pour traiter sa maladie et en sort avec une maladie», a souligné le professeur spécialisé dans les maladies épidémiologiques.