Maladie de Bouteflika: trois témoignages, trois factures

Maladie de Bouteflika: trois témoignages, trois factures
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Le chef de l’Etat est victime de sa propre stratégie…ou de celle de son clan : comment durer sans activer ? Comment se montrer sans s’exposer ? Les projections d’images devant des ministres pillards dont la survie est liée à la présence de Bouteflika au pouvoir ne peuvent convaincre les opinions algérienne ou internationale. Il faut donc solliciter des visites de responsables étrangers ou en charge de fonctions internationales pour disposer d’un regard un peu plus vendeur quant aux capacités du président à satisfaire aux charges qui sont les siennes.

Trois personnages ont été invités à se prêter à ces mises en scène. Le résultat de ces complicités est d’inégale valeur…avec des coûts pour le pays.

Le plus empressé à aggraver la défiance qui affecte son parti en Algérie est sans conteste Jean Marc Ayrault qui n’a pas hésité à participer à la désinformation du peuple algérien en déclarant avoir été « surpris par le courage de Bouteflika à suivre tous les dossiers ». Une diarrhée verbale qui n’est pas sans rappeler l’autre émission incontrôlée contractée dans un restaurant algérois. Les images diffusées par le « petit journal » de canal plus montrait un premier ministre français hébété attendant que la supercherie prenne fin ; mais peu importe, 19 contrats gagnant pour la France et perdant pour l’Algérie valent bien un faux témoignage.

L’autre témoin appelé à la rescousse fut Lakhdar Brahimi, émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU sur le dossier syrien qui a bien voulu faire un détour par Alger pour se montrer avec Bouteflika que l’on avait mis debout quelques secondes pour les besoins de la caméra. Ami de longue date du chef de l’Etat auprès de qui il a servi aux affaires étrangères, Brahimi, redoutant un retour de manivelle d’un propos par trop complaisant, s’est limité à la pose et refuse de dire ce qu’il a vu et entendu ou plus exactement…pas entendu. Dans les couloirs de l’ONU, ce silence accentue la tendance à la concussion à laquelle recourt le pouvoir algérien. Brahimi en a quand même profité pour demander et obtenir une prise en charge médicale à l’étranger pour une parente.

LG Algérie

Le maire de Paris, qui s’est senti piégé par l’implication dans la supercherie présidentielle, n’a que très modérément apprécié le traquenard. Il s’est interdit de manifester publiquement son désappointement pour ne pas compliquer la tâche à Anne Hidalgo – qui a toutes les chances de lui succéder à la mairie de Paris – dans la gestion des projets de coopérations lancés dans la capitale algérienne. Devant ses proches collaborateurs il s‘est lâché et a livré un sentiment de dépit en assurant qu’il n’avait pas compris ce qu’essayait de lui dire Bouteflika et qu’il était incapable de dire s’il avait saisi les quelques mots que lui-même avait prononcés. Du coup le clan est furax et les chantiers liant Paris et Alger sont remis sous la loupe des scribes de la cour.

Ali Graichi