La célébration, aujourd’hui, de la journée la maladie d’Alzheimer constitue une occasion d’évoquer cette affection qui ne cesse de prendre de l’ampleur. C’est aussi une opportunité pour les patients et leurs proches de s’interroger sur l’avancée de la maladie dans notre pays et dans le monde. Actuellement, elle est estimée à 35,6 millions de cas dans le monde dont la majorité sont des femmes. En Algérie, ce sont près de 100.000 personnes atteintes, et si l’on compte avec le vieillissement de la population, les risques de voir les cas se multiplier sont présents. Il faut prendre conscience que la maladie d’Alzheimer est un problème de conscience pour tout le monde, non pas uniquement un problème de santé publique. Nous sommes tous concernés !
Mais, au juste, qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ? C’est un mal qui correspond à un état de démence sénile, comme l’a si bien dit un patient au début de la maladie dans ses moments de lucidité : « J’existe en dehors, mais dedans plus rien.» Cette pathologie est une maladie dégénérative entraînant un déclin progressif du mécanisme mental et de la mémoire. Peu à peu, une destruction des neurones se produit dans les régions du cerveau liées à la mémoire et au langage. Avec le temps, la personne atteinte a de plus en plus de difficultés à mémoriser les événements, à reconnaître les objets et les visages, à se rappeler la signification des mots et à exercer son jugement.
Le plus souvent, les symptômes apparaissent après 65 ans et la probabilité de la maladie augmente fortement avec l’âge. Cependant, contrairement à ce que l’on pense, la maladie d’Alzheimer n’est pas une conséquence normale du vieillissement, c’est une forme de démence qui est plus fréquente chez les personnes âgées ; elle représente environ 65 % des cas de démence. Lorsque l’on parle de démence, cela englobe, de façon bien générale, les problèmes de santé marqués par une diminution irréversible des facultés mentales.
La maladie d’Alzheimer se distingue des autres troubles psychologiques par le fait qu’elle évolue graduellement et touche surtout la mémoire à court terme, dans ses débuts. Cependant, le diagnostic n’est pas toujours évident et il peut être difficile pour les médecins de différencier la maladie d’Alzheimer d’une démence par exemple. En raison du prolongement de l’espérance de vie, cette maladie est de plus en plus fréquente et touchera deux fois plus de familles.
Une famille sur deux sera concernée par cette maladie
La maladie d’Alzheimer se caractérise par l’apparition de lésions bien particulières, qui envahissent progressivement le cerveau et détruisent ses cellules, les neurones, celles de l’hippocampe, la région qui contrôle la mémoire, sont les premiers touchés. Mais jusqu’à aujourd’hui, on ne sait pas encore ce qui provoque l’apparition de ces lésions.
Les dommages apparaissent dans le cerveau des personnes atteintes telles la production excessive et l’accumulation de protéines bêta-amyloïdes dans certaines régions du cerveau. Ces protéines forment des plaques, appelées plaques amyloïdes ou plaques séniles et c’est elles qui provoquent la mort des neurones. De même que la « déformation » de certaines protéines structurales, appelées protéine Tau. La façon dont les neurones sont enchevêtrés est alors modifiée. Cette forme de lésion a pour nom la dégénérescence neurofibrillaire. Ajoutons à ces lésions une inflammation qui contribue à détériorer les neurones. Malheureusement, il n’existe pas encore de traitement qui puisse faire cesser ou renverser ces processus pathologiques.
Les causes de cette maladie, on les ignore et dans la majorité des cas, elle apparaît en raison d’une combinaison de facteurs de risque tels les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, l’obésité, le diabète, etc; tous ces facteurs semblent contribuer à son développement. Une chose est sûre, le vieillissement est le principal facteur. Les facteurs génétiques jouent également un rôle important dans l’apparition de la maladie. Ainsi, certains gènes peuvent augmenter le risque d’être atteint, bien qu’ils ne soient pas directement la cause de la maladie. De même qu’il existe aussi des formes héréditaires de la maladie. Cependant, si plusieurs membres d’une même famille sont atteints, cela ne veut pas dire qu’il s’agit de la forme héréditaire.
Évolution de la maladie
La maladie d’Alzheimer évolue sur plusieurs années et sa progression varie beaucoup d’une personne à l’autre. On sait aujourd’hui que les premières lésions apparaissent dans le cerveau au moins 10 à 15 ans avant les premiers symptômes. Or, les premiers symptômes d’alerte pour Alzheimer sont les troubles de la mémoire, Les pertes de mémoire figurent parmi les symptômes les plus connus et les plus marquants de l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Mais on ne doit pas pour autant s’inquiéter de ce qui constitue une conséquence normale du vieillissement, c’est la conjonction de plusieurs troubles qui doit éveiller l’attention de l’entourage et lui faire suspecter un début d’Alzheimer.
Ceux-ci apparaissent généralement après l’âge de 60 ans. En moyenne, une fois que la maladie se déclare, l’espérance de vie est de 8 ans à 12 ans. Plus la maladie survient à un âge avancé, plus elle tend à s’aggraver rapidement. Lorsqu’elle se manifeste vers l’âge de 60 ans ou de 65 ans, l’espérance de vie est d’environ 12 ans à 14 ans ; lorsqu’elle survient plus tard, l’espérance de vie n’est plus que de 5 ans à 8 ans. Il est actuellement impossible de neutraliser l’évolution de la maladie.
Tout ce que l’on sait, c’est qu’il existe plusieurs stades à laquelle les spécialistes peuvent se référer :
Stade léger. Des pertes de mémoire de façon occasionnelle touchent la personne. Elle est en mesure de retenir une information récente. D’ailleurs au début, certaines ont recours à des aide-mémoire ou l’aide de leurs proches,
À ce stade, il n’est pas certain qu’il s’agisse de la maladie d’Alzheimer. Avec le temps, les symptômes peuvent rester stables ou même diminuer. Le diagnostic se confirme si les problèmes de mémoire s’accentuent et si d’autres fonctions cognitives se détériorent (langage, reconnaissance des objets, planification des mouvements complexes, etc.).
L’évolution de la maladie d’Alzheimer se caractérise généralement par trois stades (léger, modéré et avancé) avant d’atteindre le stade de fin de vie. Toutefois, il est souvent difficile de reconnaître la transition d’un stade à l’autre : la maladie progresse lentement et les symptômes peuvent s’étendre sur plus d’un stade. De plus, l’ordre dans lequel ils se manifestent et leur durée varient selon les personnes. Voici deux exemples de stade :
Stade modéré. Les troubles de la mémoire s’amplifient. Les souvenirs de jeunesse et d’âge moyen deviennent moins précis, mais sont mieux préservés que la mémoire immédiate. Il est de plus en plus difficile pour les personnes atteintes de faire des choix ; leur jugement commence à être altéré. Par exemple, il leur devient graduellement plus difficile de gérer leur argent et de planifier leurs activités quotidiennes. La désorientation dans l’espace et le temps devient de plus en plus évidente (difficulté à se souvenir du jour de la semaine, des anniversaires…). Les personnes atteintes ont de plus en plus de mal à s’exprimer verbalement.
Entre les trois stades des problèmes de comportement inhabituels surgissent parfois, par exemple, de l’agressivité, un langage atypique ou ordurier ou un changement des traits de la personnalité.
Stade avancé (ou terminal). À ce stade, le malade perd son autonomie. Une surveillance permanente ou l’hébergement dans un centre de soins devient nécessaire. Des problèmes psychiatriques peuvent apparaître, notamment des hallucinations et des délires paranoïdes, aggravés par une perte de mémoire grave et de la désorientation. Les problèmes de sommeil sont courants. Les patients négligent leur hygiène corporelle, deviennent incontinents et peinent à s’alimenter seuls. S’ils sont laissés sans surveillance, ils peuvent errer vainement durant des heures. Dans les trois cas de figure, la personne doit être prise en charge dans un milieu approprié, cela sous-entend un milieu médicalisé. Malheureusement en Algérie, il n’existe pas de centre spécialisé, et les structures d’accueil pour personnes âgées ne sont guère appropriées pour ce genre de malades qui demandent un suivi et une attention particulière. Certes, il est vrai que l’islam nous ordonne de ne point faillir à notre mission par rapport à nos parents, mais que peut-on faire face à la dégradation physique et psychique de nos proches ? Nous sommes impuissants. Les autorités doivent dès à présent créer des infrastructures de retraite spécialisées pour la prise en charge des malades atteints d’Alzheimer où seront regroupés médecins, techniciens supérieurs, kinésithérapeutes, psychologues, etc. Ce qui allègera considérablement les hôpitaux. Quant au traitement, il est difficile de se prononcer, les médicaments disponibles aujourd’hui ont uniquement pour objectif de freiner l’évolution de la maladie et de diminuer ses effets ; ils permettent notamment de lutter contre l’agitation, la dépression, les hallucinations ou encore l’insomnie.
Mais il faut savoir que si l’on est atteint de cette maladie, la vie ne s’arrête pas là, il faut rester actif autant que possible, tout en sachant reconnaître ses limites : il faudra adapter son niveau d’activité en fonction de l’évolution de la maladie. Certains conseils seront utiles pour les uns, inutiles pour les autres. Il faut trouver son rythme et la manière d’être acteur de la maladie. C’est vrai qu’à partir de la cinquantaine, toute baisse de mémoire nous inquiète, et l’on se demande s’il ne s’agit pas des prémices de la maladie d’Alzheimer. Mais avant d’en arriver là, il y a de la marge, et on peut ralentir les troubles de la mémoire grâce à certaines activités et en respectant quelques consignes.
Prendre soin de sa mémoire
Avec l’âge, notre mémoire nous joue de plus en plus de mauvais tours. Certains troubles sont bénins et relèvent du vieillissement normal de notre cerveau, d’autres sont les signes d’une démence comme la maladie d’Alzheimer. Ainsi, oublier le nom d’une personne que l’on a rencontrée la semaine dernière, perdre ses clés ou se tromper d’arrêt de bus, sont de petites aventures quotidiennes que l’on peut qualifier de normales. En revanche, utiliser un mot saugrenu au milieu des phrases, ranger ses clés au réfrigérateur ou oublier les prénoms de ses proches, sont des signes plus inquiétants. Si ce dernier cas relève de la consultation neurologique, les simples troubles de la mémoire peuvent être freinés en exercant judicieusement et quotidiennement ses fonctions intellectuelles. Dans ce sens, voici quelques conseils pour exercer sa mémoire ; il y a les jeux tels que les mots croisés, les échecs, le scrabble et autres jeux de société qui sont excellents pour faire travailler la mémoire ainsi que la lecture, le bricolage et toutes les autres activités manuelles allant du tricot au crochet sont particulièrement bénéfiques. Il est bon de savoir que plusieurs façons existent pour stimuler le cerveau : les discussions, les rencontres et même une activité physique aident à combattre un tant soi peu cette maladie qui ne cesse de progresser en l’absence d’un traitement efficace.
Zenati M.
Origine de la maladie
Le Dr Alois Alzheimer, un neurologue allemand, a donné son nom à la maladie en 1906. Il est le premier à avoir décrit ces lésions cérébrales, lors de l’autopsie d’une femme morte de démence. Il avait observé dans le cerveau de celle-ci des plaques anormales et des enchevêtrements de cellules nerveuses désormais considérés comme les signes physiologiques principaux de la maladie d’Alzheimer.
Attention
Ce n’est pas parce qu’on oublie ses clés, un rendez-vous ou le nom de quelqu’un qu’on est atteint de la maladie d’Alzheimer.
Ces oublis occasionnels sont normaux à tout âge et sont généralement liés à l’inattention. S’ils sont fréquents, ils peuvent masquer un état dépressif ou anxieux. Seuls des tests effectués par un médecin peuvent déterminer si l’on souffre d’un réel trouble de la mémoire. Souvent, ce sont les membres de la famille qui s’inquiètent pour leur proche et demandent une consultation.