Ils sont là, avec leurs cheveux ébouriffés, leurs tenues en haillons, et parfois des pierres et des bâtons en main. Ils sont mentalement ailleurs, dans leur monde, fait d’illusions, d’inconscience et d’égarement.
Ils sont là, avec leurs cheveux ébouriffés, leurs tenues en haillons, et parfois des pierres et des bâtons en main. Ils sont mentalement ailleurs, dans leur monde, fait d’illusions, d’inconscience et d’égarement. La maladie mentale est une fatalité pour des centaines de personnes qui se trouvent dans la rue, livrées à elles-mêmes, voire à leur sort. De plus en plus de malades mentaux envahissent les artères de la capitale, les ponts et les passerelles, les jardins publics pour en faire leur refuge à la tombée de la nuit.
Avec leur allure, ils sèment la panique et le désordre là où ils se trouvent, incitant les passants à prendre la poudre d’escampette ou, dans les meilleurs des cas, faire tout un détour afin d’éviter un coup sur la tête, des crachats et un chapelet d’injures qui leur tombe du ciel, au moment où ils s’y attendaient le moins. Ces derniers, en fait, arpentent les rues d’Alger, à longueur de journée, se déplaçant d’un endroit à un autre, en un laps de temps. Un peu partout, ils se font remarquer par leur mine, mais également leur comportement qui renseignent sur leur état de santé mentale. En effet, circuler à Alger n’est plus une partie de plaisir, avec ces malades en errance, qui passent, sans crier gare, de la lucidité à l’agitation. Les volte-face et les sautes d’humeur sont imprévisibles et peuvent même coûter cher aux passants. Que de fois des femmes ont été carrément malmenées et agressées par des malades mentaux, sous le regard des passants.
Coups de poing, coups de pied, crachats, insultes sont autant de gestes malveillants et violents qui caractérisent les comportements de ces malades qui deviennent dangereux. Aujourd’hui, on assiste de plus en plus au phénomène de l’errance de personnes atteintes de troubles mentaux, au niveau des grandes agglomérations, où beaucoup de rues perdent leur quiétude avec ces derniers qui viennent au quotidien semer la pagaille. Les maladies psychiatriques prennent, en effet, de l’ampleur alors que le nombre de lits psychiatriques reste limité.

Les spécialistes parlent aujourd’hui de 300.000 malades mentaux. Un chiffre révélateur de la souffrance de cette population qui paie les frais du manque de structures spécialisées pour leur prise en charge, mais également le regard d’une société hautaine qui excelle dans la ségrégation.
Samia D.