Mal-vie et recherche continue d’un ailleurs meilleur,Tant que les jeunes n’ont pas d’espoir…

Mal-vie et recherche continue d’un ailleurs meilleur,Tant que les jeunes n’ont pas d’espoir…

Les jeunes Algériens ont du mal à s’adapter à leur climat social. Ils vivent dans l’instabilité et cherchent continuellement des ailleurs meilleurs, ils se disent perdus et désespérés par des conditions de vie difficiles et injustes.

La tension sociale que subissent les Algériens augmente de plus en plus sans donner d’indices susceptibles de prédire un lendemain meilleur. Le malaise est flagrant et ne peut plus se dissimuler derrière les slogans «anesthésiants» et les réalisations de façades qui ne touchent jamais le fond des maux.

Ainsi, les «ça va, el hamdoulilah» aux «comment vas-tu ?» ne sont que des mensonges qu’on se renvoie quotidiennement pour ignorer la longue liste de tout ce qui ne va pas. À vrai dire, on vit mal. Et c’est la faute à la hausse continue, souvent inconcevable, des produits alimentaires de base, la cherté de la vie, la pauvreté, le chômage, le logement, la précarité , la corruption, la harga, la fuite des cerveaux, les ravages des systèmes de l’éducation et de l’enseignement supérieur, la frustration (dans son sens le plus large), l’emmêlement injustifié et permanent de la religion, de l’histoire et de la tradition dans des questions qui n’ont vraiment plus besoin de «fatwas périmées» religieuses ou historiques soient-elles… En effet, la mal-vie est présente sous de multiples visages, à chacun le sien qui lui rend la vie insupportable.

Néanmoins, ceux qui semblent croire pour le moins à des lendemains meilleurs, sont bien ces jeunes nomades à la recherche continuelle d’un ailleurs vivable. Les jeunes sont invisibles aux yeux des politiciens et des «bandes de vieillards» qui refusent de sortir du souvenir d’une révolution qui remonte à très loin et qui a mis fin aux réflexions pour passer à l’action à mettre à jour la notion de «révolution».

Mal-vie, asphyxie et insécurité sociale, ils en parlent ….

Les mots des jeunes ne peuvent être maladroits quand il s’agit de leur malaise social. Les réponses divergent mais le mal est tout de même partagé par tous les jeunes, qu’ils soient travailleurs ou chômeurs. Pour certains jeunes ne souffrant pas du chômage, «ça ne vaut pas la peine de travailler. On travaille ou on chôme, c’est pratiquement kif-kif, tellement la vie est chère…», déclare un jeune, 30 ans, célibataire, employé dans une entreprise privée. Selon lui, la seule échappatoire à cette vie c’est bien «el harba». Amine, 35 ans, ne semble lui aussi être satisfait ni de son travail ni de sa situation sociale. «J’ai 35 ans, je suis célibataire et je ne peux pas me marier parce que je n’ai pas de logement.

Je travaille depuis cinq ans, j’ai 00 Da dans mon compte, je donne la moitié de mon salaire à ma famille», fulmine-t-il avant d’ajouter : «Je ne suis pas en paix, la réalisation de mes projets n’est ni pour demain ni celui d’après. Avoir un logement et se marier relève du miracle dans des conditions pareilles…». Qu’en disent donc les chômeurs si les travailleurs se plaignent autant ? Pour Mourad, 28 ans, diplômé en informatique de gestion et chômeur, trois ans après la fin de ses études, les problèmes des jeunes ne se limitent pas à un poste «comme si les attentes et espérances des jeunes sont exprimées en japonais. Nos gouvernants font semblant de ne rien comprendre de ce que nous voulons.

Ils ont verrouillé nos codes, ils ignorent notre existence. Ils traînent à réfléchir à une vraie politique de la jeunesse. Quand les dépenses sont multiples, les rentes devront l’être aussi. Aujourd’hui, notre ennemie à nous les jeunes, c’est les richesses naturelles de notre pays. Puisque ce sont elles qui bloquent les initiatives qui valorisent l’investissement et la création des richesses en exploitant ses richesses humaines. Il semble que le potentiel humain patientera encore, puisqu’il y a la partie Sud du pays qui est embauchée. Alors au diable le pétrole de nos malheurs…». D’autres jeunes appelés à s’exprimer sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés abordent, entre autres, l’injustice sociale, la corruption et l’absence de moyens et des aires de détente. Pour Hakim, chômeur âgé de 22 ans : «Sincèrement, je vis dans deux mondes complètement contradictoires. Je suis branché sur les médias occidentaux, j’apprécie leur mode de vie et les chances qu’ont les jeunes là-bas. Quand j’éteints mon téléviseur et que je sors dans notre quartier, c’est le choc. Les poches vides une tête pleine et aucune destination ni idée précises…».

Feux…

Faut-il vraiment être un jeune chômeur, trabendiste, diplômé perdu à longueur d’année ou harraga pour réaliser le poids du vide, le dégoût, la lassitude et tous les ingrédients du goût amer qui remplissent infatigablement les années censées schématiser l’avenir ? Certainement pas. Dans ce contexte, le dicton populaire qui dit que «ne ressent la douleur de la braise que celui qui a marché dessus» perd tout son sens de nos jours et se trompe sur toute la ligne. Car nous sommes bien arrivés à l’époque où le feu, synonyme de l’enfer, est devenu un moyen de délivrance, dans son sens le plus cruel celle-là.

Comment, donc, ne pas sentir ce feu qui brûle les nôtres variablement, passant d’une phase à une autre, de la brûlure des frontières à celle des chairs, sans pour autant avoir la patience de nous attendre dans l’au-delà supposé être son seul territoire d’activité. Pour quoi l’enfer est-il descendu sur nos terres ? Et ces jeunes, à force de s’y familiariser, comment sont-ils arrivés à en finir avec l’enfer de leur mal-être en…feu ? Qu’est ce qui ne va pas ? Aujourd’hui, ce ne sont pas les questions qui manquent du fait que les problématiques relatives aux maux qui guettent la jeunesse datent des années soixante. Les problématiques nous en avons assez, depuis que toutes les «stratégies» politiques ont appris à survivre et à fuir en avant par les recettes pétrolières mêlées avec des discours nostalgiques et glorifiant d’une révolution techniquement et historiquement accomplie, des discours politiques habillés de mensonges, de malice et de fausses promesses.

Une révolution de laquelle on n’a pas tiré les bonnes leçons, et avec laquelle on a beau droguer, calmer, bluffer et anesthésier des questions sages, urgentes et épineuses qui se reposent chaque jour que Dieu fait. Les bons investisseurs sont ceux qui n’ont pas d’argent dans les poches, dit-on.

L’Algérie est un pays qui a les poches pleines. Et qui n’est donc pas un bon investisseur. La dépendance de l’économie du secteur des hydrocarbures a depuis longtemps tourné le dos aux jeunes et aux vraies réformes. Les bons investisseurs sont aussi ceux qui prennent les risques. L’aventure est à prendre dans tous les cas. Le plus tôt sera le mieux, avant que les incendies des hydrocarbures ne fassent plus de dégâts ….