Mal réalisée et toujours en chantier, L’autoroute payante en 2016

Mal réalisée et toujours en chantier, L’autoroute payante en 2016
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L’autoroute Est-Ouest ne sera plus gratuite à compter de 2016, année durant laquelle le péage deviendra effectif.

L’assertion, déjà en vogue depuis quelques mois, a été certifiée vraie, hier, par le ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, invité de la rédaction de la radio Chaîne III. Pour rappel, le directeur général de la gestion des autoroutes, Ali Khelfaoui, avait déjà indiqué, fin décembre 2014, que le péage sur l’autoroute Est-Ouest sera instauré dès 2016. Dès que cette perspective a été annoncée, la spéculation autour du coût est allée bon train. Des chiffres, y compris les plus fantaisistes, ont été avancés. Or, selon le ministre des Travaux publics, le coût n’a, à ce jour, pas été déterminé.

“À ce jour, il n’y a eu ni calcul ni péage concernant l’autoroute Est-Ouest. Pour pouvoir décider de la procédure à suivre, il faut le faire sérieusement”, a précisé Abdelkader Kadi, démentant, du coup, ce qui a pu être dit ou écrit à ce propos. “Jusqu’à nouvel ordre, nous n’avons pas les éléments nécessaires qui nous permettent de calculer ce péage”, a-t-il encore indiqué, informant qu’“un appel d’offres a été lancé pour trouver un bureau d’études qui peut assister le ministère pour faire les calculs nécessaires”.  Le ministre des Travaux publics a raison de soutenir, par ailleurs, qu’il n’était pas raisonnable de procéder au calcul du coût du péage alors que l’autoroute est toujours en chantier, du moins sur de nombreux tronçons, suite aux dégradations de la chaussée, des glissières mais aussi aux affaissements.

Fin décembre dernier, le directeur général de la gestion des autoroutes avait prévu la réception totale de l’autoroute Est-Ouest pour le 2e semestre 2015. Dans l’intervalle, a-t-il encore soutenu, l’opération relative à la mise en place des équipements (installations de péages, aires de repos, stations-service, signalisation) sera achevée. L’autoroute devra être dotée de 92 voitures qui auraient pour mission de rappeler les limitations de vitesse, ainsi que d’installations pour le

guidage GPS.

Le pari est un peu risqué, vu les nombreux chantiers de réfection qui ont essaimé le long du tronçon de 1 260 km mais aussi les lenteurs constatées dans leur exécution. Faisant partie des grands projets structurants, lancés en 2004, l’autoroute Est-Ouest, véritable gouffre financier, est au cœur d’un scandale. L’affaire dite affaire de l’autoroute Est-Ouest est enrôlée par la justice. Un procès, impliquant 23 personnes parmi les anciens cadres du ministère des Travaux publics et 7 entreprises étrangères, est programmé pour le 25 mars prochain au tribunal criminel d’Alger. Parmi ces entreprises, le consortium japonais  Cojaal dont le contentieux avec les pouvoirs publics algériens pourrait être réglé à l’amiable.

Le ministre des Travaux publics a affirmé que “l’ambassadeur japonais à Alger est intervenu afin de trouver un compromis et régler cette affaire définitivement”. Abdelkader Kadi a estimé qu’une telle sortie est souhaitable, tout en rappelant qu’il n’y a pas de crainte, par ailleurs, à ce que le litige soit réglé par la justice. “Nous favorisons un règlement à l’amiable mais s’ils veulent aller en justice nous sommes prêts à nous défendre.” Le contentieux avec le consortium japonais est né autour de la réalisation du tunnel de Djebel Ouahch à Constantine. Abdelkader Kadi a indiqué que le tunnel en question sera ouvert à la circulation en 2015. Cela étant, le ministre des Travaux publics a souligné que l’austérité budgétaire décidée par le gouvernement ne touchera pas le projet de l’autoroute Est-Ouest et, de manière plus générale, la chute du prix du baril, n’impactera pas sur le plan de charge de son département, sauf en cas de choc majeur. Abdelkader Kadi a indiqué aussi que 8 entreprises du secteur ont manifesté leur volonté de s’exporter, certaines, a-t-il précisé, ont déjà décroché des marchés au Niger. Et dire que, à l’intérieur, c’est toujours l’entreprise étrangère qui a la mainmise sur les marchés.

S.A.I.