Le chef du MSP, qui s’est aligné dans la course électorale après une série d’entrevues avec Saïd Bouteflika, le frère conseiller du chef de l’État, joue sur une des fibres sensibles du citoyen en se faisant l’adversaire de Benghabrit.
Le président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Makri, semble avoir trouvé de quoi meubler sa campagne électorale qui s’annonçait difficile du fait que sa candidature à l’élection présidentielle d’avril 2019 apparaît plus comme la conclusion d’un marchandage politique qu’une démarche dictée par la conviction. Makri, qui s’est aligné dans la course électorale après une série d’entrevues avec Saïd Bouteflika, le frère conseiller du chef de l’État, alors qu’auparavant, il voyait en le scrutin présidentiel un grand danger pour le pays, joue sur une des fibres sensibles du citoyen en se faisant l’adversaire de la ministre de l’Éducation, Nouria Benghabrit, sur la question de la prière à l’école. Ayant compris qu’il manquerait d’arguments pour mobiliser les ouailles qu’il s’était employé ardemment à convaincre qu’il ne fallait surtout pas être dans la course, proposant, comme on le sait, un report du rendez-vous à une date ultérieure, afin, avait-il justifié, de préparer une transition politique. Une alternative sûrement sous-traitée par ceux, faisant partie des gens du sérail qu’il a fréquentés, car si elle découlait d’une conviction, il ne l’aurait pas abandonnée sans autres formes d’explication. Makri ne pouvait donc pas espérer mieux que ce que la déclaration de la ministre de l’Éducation nationale sur la prière à l’école lui offre comme matière à polémiquer. Une polémique dont il voudrait bien faire la trame de sa campagne électorale.
Cela parce qu’il sait que l’électorat islamiste est friand de telles polémiques. C’est pour cette raison qu’il est venu à la suite du député de son parti pour s’en prendre à la ministre de l’Éducation, qui avait, il y a quelques jours, considéré comme juste que les écoliers ne devraient pas utiliser les espaces dédiés à la pédagogie pour accomplir leur prière.
Benghabrit avait d’abord essuyé des attaques en règle de la part de la blogosphère islamiste avant de recevoir une torpille du MSP et de son leader. Le parti islamiste a, à travers sa représentation parlementaire, convié la ministre à expliquer, devant la plénière de l’APN, sa position relative à la prière à l’école. Inflexible, Benghabrit dira exactement ce qu’elle avait dit auparavant. Le candidat Makri a vite fait d’embrayer sur la polémique.

Dans un post sur sa page facebook hier, il s’en est pris à la ministre, en s’interrogeant sur les tenants et les aboutissants de sa sortie. “L’Algérie a-t-elle besoin d’une polémique autour de l’identité ?”, s’est-il interrogé en guise d’avant-propos, avant de carrément soupçonner un plan préétabli pour entretenir cette tension. Par la suite, le président du MSP a à peine manqué de verser dans l’inquisition.
Il s’est demandé si la ministre n’a pas un problème avec la prière. Ce qu’il veut suggérer par son questionnement est on ne peut plus clair. “Pourquoi Benghabrit ne s’embarrasse-t-elle pas de ce que font les écoliers durant la récréation, en dehors de la prière ?”, rétorque-t-il, avant de douter de la foi de la ministre : “Elle est libre de ne pas prier, de croire ou non ou d’avoir une autre religion autre que l’islam…Pourquoi veut-elle empêcher les élèves de faire leur prière ?” Rien moins que cela.
Makri se laisse aller jusqu’à s’ériger en objecteur de conscience. Le président du MSP va encore plus loin dans son procès en sorcellerie intenté à Benghabrit. Il suggère que la ministre ne connaît même pas la prière. Un doute qu’il exprime comme pour la désigner à la vindicte islamiste. “Benghabrit avait encouragé la dance Wai Wai dans les écoles, au motif qu’elle aiderait à résoudre le problème de la violence dans les écoles… C’est son point de vue. Mais empêcher les écoliers d’accomplir leurs prières dans les temps, cela peut signifier qu’elle ne connaît pas la prière (…)”. Le parti islamiste considère la position de la ministre de l’Éducation nationale comme une atteinte aux constantes nationales. Aussi veut-il, à l’évidence, faire de cette affaire un thème de campagne électorale. Makri vient d’ouvrir la voie.
Rabah A.