Coup de tonnerre dans les Jeux olympiques de Londres : Toufik Makhloufi, grand favori du 1500 m, a été exclu hier des Jeux par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF).
Cette dernière a motivé cette décision par le fait que le coureur algérien a fait preuve de mauvaise foi (entendez tricherie) lors des séries du 800 m qui ont eu lieu hier matin au stade olympique de Londre
«L’arbitre a estimé qu’il n’avait pas fourni un effort de bonne foi et a décidé de l’exclure de participer à toutes les autres épreuves de la compétition», a indiqué l’IAAF. Explication : Makhloufi était engagé dans la 5e série au cours de laquelle il a abandonné au bout de 200 m de course. Mauvais calcul de sa part ?
Peut-être, car dans le communiqué donnant le résultat de cette série, les organisateurs n’ont pas écrit DNF (doesn’t finih, n’a pas fini) mais DQ qui veut dire disqualifié. Makhloufi, plutôt ceux qui l’ont conseillé, a certainement joué avec le feu et a mis en péril sa participation à la finale du 1500 m de ce soir.
Le DQ en question fait, en outre, référence à un article des règlements généraux de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), le 142-4. Ce dernier indique qu’un athlète sera exclu de toute la suite de la compétition s’il ne fournit pas avant l’épreuve à laquelle il est inscrit un certificat médical attestant qu’il ne peut y prendre part du fait d’un mauvais état de santé. Il se trouve que Makhloufi a couru sa série, 200 mètres seulement, mais couru tout de même. A partir de là, le certificat médical n’était pas de mise vu qu’il montrait une certaine aptitude à courir.
Là aussi grosse erreur de ceux qui sont à Londres pour épauler et conseiller le coureur. Déjà qu’ils avaient commis une grosse bourde en l’inscrivant dans le 800 m alors qu’ils savaient pertinemment que ce serait très difficile pour lui vu que les séries de cette course avaient lieu quelque 15 heures seulement après la demi-finale du 1500 m. Il va falloir qu’on nous dise qui a eu cette idée aussi saugrenue et irréfléchie.
C’est l’athlète qui trime en s’entraînant et en courant et ce sont les autres qui commettent les erreurs en ne lui choisissant pas le programme adéquat. Du reste, courir pour courir, pourquoi n’avoir pas demandé à Makhloufi de courir le 800 m en question sans forcer, mais toute la course et pas seulement 200 mètres ?
Quelles que soient les explications qu’on donnera sur ce sujet, elles seront inacceptables car on ne peut concevoir qu’on soit si léger dans ses décisions dans une compétition aussi importante que les Jeux olympiques. Un autre article de l’IAAF pourrait venir au secours de Makhloufi. Il s’agit du 145-1 qui stipule que si un athlète est disqualifié d’une épreuve pour faute technique, il pourrait participer à d’autres épreuves de la compétition.
Le problème est que l’IAAF ne fait pas référence à ce texte mais au 142-4 qui parle d’exclusion tout court de toute la compétition pour une histoire de certificat médical non fourni.
Justement, la non-participation de Makhloufi aux 1500 m n’est pas officielle. L’IAAF lui laisse une porte d’entrée, à savoir qu’elle déclare être prête à le réintégrer dans la finale du 1500 m s’il fournissait un certificat médical rédigé et signé par un médecin local pour justifier son refus de courir le 800 m. Il ne faudrait pas croire qu’un tel document est facile à obtenir car il faudra que le médecin en question ne se parjure pas en déclarant que l’athlète était vraiment blessé au moment de la course.
On va donc rester accroché à la détection d’un tel praticien mais en sachant que jusqu’à hier soir, l’IAAF et le comité d’organisation des Jeux n’avaient pas retiré Makhloufi des athlètes engagés dans la finale de ce soir.
Quant à ceux qui ont joué avec le feu en l’inscrivant dans le 800 m puis en n’ayant pas la présence d’esprit de le retirer de cette course, 24 heures avant le début des séries, ils vont devoir assumer leur monumentale bévue qui risque de priver Makhloufi, l’Algérie et tous les Algériens d’une médaille d’or qui leur tendait les bras.
De toutes les manières, même s’il venait à participer à la finale de ce soir, il faudra se demander dans quel état psychologique sera Makhloufi. Pour démoraliser un athlète à la veille d’une finale olympique on ne se serait pas pris autrement.
A. A.