Majorité parlementaire: Ouyahia fait gagner des galons au RND

Majorité parlementaire: Ouyahia fait gagner des galons au RND

La relation entre l’imperturbable secrétaire général du RND et le FLN se distingue par une espèce d’ambivalence qui caractérise l’un et l’autre.

La nomination de Ahmed Ouyahia à la tête de l’Exécutif fait ressortir à nouveau la question de la majorité parlementaire actuellement formellement détenue par le FLN. La nouvelle Constitution prévoit que le Premier ministre doit être l’émanation du parti majoritaire, de ce fait, le FLN est censé être le dépositaire de cette majorité au sein de l’Exécutif en choisissant son Premier ministre. Mais la réalité politique permet une sorte d’entorse à la règle, puisque le président du parti majoritaire se trouve être le chef de l’Etat.

Le président de la République, est en effet, l’autorité institutionnelle qui désigne et entérine le choix du Premier ministre après que cette proposition eut été soumise à la consultation auprès de la majorité parlementaire. C’est dire qu’être majoritaire au Parlement ne signifie pas que le poste de Premier ministre devrait être nécessairement coiffé par un cadre dudit parti, lorsque ce dernier est en alliance avec une autre formation politique. Dans le cas de figure du FLN, cette option se vérifie au simple fait que l’apport du RND qui est vital pour le fonctionnement du pouvoir législatif et par voie de conséquence, celui de l’Exécutif.

Avec le retour de Ouyahia aux commandes en tant que Premier ministre, la notion du parti majoritaire telle qu’elle est conçue par certains cadres du FLN est désormais caduque.

D’ailleurs, la dernière prise de position du FLN juste après l’annonce de la nomination de Ouyahia laisse comprendre que l’appareil du parti ne s’attendait pas à ce que le remplacement de l’ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune puisse prendre cette reconfiguration, le moins que l’on puisse dire, inattendue.

La relation entre un Ouyahia, imperturbable secrétaire général du RND et le FLN est une relation qui montre une espèce d’ambivalence qui caractérise l’un et l’autre.

L’ex- secrétaire général du FLN, Amar Saâdani en l’occurrence, n’a pas ménagé Ouyahia dans ses sorties médiatiques. Cette démarche a été l’apanage aussi de l’actuel secrétaire général, Ould Abbès qui n’a pas omis de tirer à boulets rouges sur Ouyahia durant la campagne électorale des législatives du 4 mai de l’année en cours. C’était une rivalité sur fond de «querelle électorale» quant au rôle que l’un d’entre eux doit assumer dans le cadre des équilibres au sein des institutions de l’Etat.

Le nouveau/ancien Premier ministre vient de damer le pion au FLN qui se montrait convaincu de son approche qui consistait à dire que Ouyahia ne sera jamais Premier ministre tant que le FLN est majoritaire dans le Parlement.

Cette approche vient d’être remise en cause par cette nomination qui bat en brèche toutes les déclarations et les positions des responsables du FLN à l’égard de Ouyahia et aussi par rapport à cette idée fantasmagorique du «parti majoritaire» que la réalité politique a toujours démentie.

Les nuances qui existaient et qui existent toujours entre le RND de Ouyahia et le FLN, relèvent des choix programmatiques sur le plan économique et social. Ouyahia n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour exprimer sans ambages ses positions par rapport aux questions économiques de façon placide parfois, mais cela n’amenait pas Ouyahia à se rétracter quant à ses positions comme c’est le cas par rapport au dossier des augmentations de salaires, le dossier des privatisations et celui du gaz de schiste. Ces trois dossiers, Ouyahia les a assumés en sachant que cela pourrait se retourner contre lui en termes de retombées politiques.

Dans ce sens, le FLN s’inscrivait à l’opposé de Ouyahia par rapport aux augmentations des salaires en 2011, Ouyahia considérait cette augmentation comme une erreur d’appréciation sur le plan économique, l’augmentation doit être le prolongement de la production en termes économiques autrement l’inflation s’imposera comme un fléau qui frappera de plein fouet l’économie nationale.

Cette nomination repose à nouveau la question de la majorité parlementaire qui n’est pas aussi opérationnelle tant que les grands enjeux des équilibres politiques n’ont pas encore été résolus.