Maître Boudiaf sur Canal Algérie à propos du vote FLN «Le peuple a répondu à l’appel du Président»

Maître Boudiaf sur Canal Algérie à propos du vote FLN  «Le peuple a répondu à l’appel du Président»

La nouvelle configuration politique et les résultats des législatives du 10 mai ont été commentés et décortiqués avant-hier soir par des experts et spécialistes dans «Question d’actu», émission diffusée par Canal Algérie.

Portant une lecture sur les résultats des élections, notamment ceux du FLN qui était donné pour perdant à cause des crises qui l’ont secoué, les intervenants s’accorderont à dire que le score réalisé par le parti de Belkhadem est essentiellement le résultat du discours du chef de l’Etat à Sétif, notamment dans les régions marquées par une forte participation (le Sud et l’arrière-pays) où les électeurs ont voté FLN pour soutenir le Président Bouteflika. En effet, pour Réda Boudiaf, avocat à la cour, agréé près la Cour suprême et ancien bâtonnier national, «le peuple a répondu à l’appel du Président en allant voter dans le sens voulu». Toutefois, il soulignera que cette réponse du peuple «n’est pas un chèque en blanc.

Les citoyens attendent le retour, parce que tel a été l’engagement solennel que le Président a pris envers eux, pour le changement, pour initier une autre manière de faire de la politique». Maintenant, poursuivra l’ancien bâtonnier national, «le Président doit être attentif au décryptage de ce scrutin sérieux, détaillé fait par des experts afin d’apporter des solutions». Aussi, il fera remarqué que l’importance du scrutin du 10 mai est que «pour la première fois, nous avons des élections propres et honnêtes, de l’avis des observateurs internationaux. C’est un scrutin qui n’a été émaillé par aucune violence. On peut le considérer comme un véritable baromètre qui nous donne une réelle visibilité sur les opinions politiques des Algériens». Néanmoins, il soulignera que «2/3 des Algériens ne se sont pas exprimés durant ce vote, soit par un vote nul, soit l’abstention». «Les deux cas de figure doivent être analysés d’une manière très précise, honnête et scientifique pour en connaître les raisons», recommandera l’avocat. Pour lui, «le vote nul, c’est le rejet de la classe politique, alors que l’abstention, qui est nettement plus grave, c’est une position de rupture. Les compatriotes tournent le dos à l’Etat algérien». Et là, l’avocat à la cour soutiendra qu’«il faut aller vers une autre manière de faire de la politique, dans le sens de la rigueur et de la transparence». «Nous avons vaincu le terrorisme, mais nous n’avons pas vaincu la bureaucratie», lancera-t-il. Abondant dans ce sens, le Pr Laggoune dira que «le phénomène FLN mérite une étude sociologique», en ce sens où il «n’est pas un parti comme les autres. Il a une base sociale électorale extrêmement large qui n’est pas constituée uniquement de ses militants. Les Algériens votent pour lui par refuge, par stabilité voire par défaut». En outre, il déplorera que le pays ne dispose pas d’indicateurs (instituts de sondage) pour analyser les résultats du vote. Concernant les résultats du parti d’Ahmed Ouyahia, Reda Boudiaf estimera que le score du RND est la conséquence «d’un vote sanction et de l’usure du pouvoir, en ce sens où le RND est à la tête de l’exécutif depuis la nuit des temps». En outre, s’agissant du classement de l’Alliance de l’Algérie Verte, contrairement à ce qui était attendu, il indiquera que «le discours des islamistes est complètement dépassé. 70% des Algériens sont des jeunes. Ils ont des préoccupations concrètes qui, souvent, les mènent au désespoir (immolation, suicide…). Et là, la promesse du paradis ne séduit plus grand monde». «Les Algériens ne se contentent plus du paradis, ils veulent des solutions à leurs problèmes et ont compris que les islamistes n’ont pas la bague de Salomé». Cela, en plus du fait que le changement de stratégie du MSP, en quittant l’Alliance présidentielle, «n’a pas été bien perçu par les électeurs».

Hormis le retour du FFS, aucune nouveauté dans la configuration politique

Par ailleurs, concernant la nouvelle configuration politique actuelle issue des législatives, les intervenants sont d’accord pour dire que le scrutin du 10 n’a rien apporté de neuf sur la scène politique du pays. A ce sujet, Abdelhamid Berchiche, professeur de droit, sénateur et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, estimera qu’hormis «l’entrée du FFS, pour moi, il n’y a rien de nouveau» dans la configuration actuelle de la nouvelle Assemblée. Ce que viendra appuyer Ahmed Reda Boudiaf, en affirmant qu’«il n’y a pas eu de nouveauté, mais il y a eu tout simplement des événements marquants : le retour en force du FFS, l’effondrement des partis islamistes, contrairement à ce qui était attendu, et les nouveaux partis politiques». Pour sa part, Abdelhak Mekki, politologue, estimera que le débat idéologique va enflammer la scène politique algérienne, notamment avec le FFS et le PT qui renforcent le courant démocratique de gauche, et dont le vis-à-vis immédiat est le courant islamiste, et avec le risque de voir des éclatements au sein du FLN et du RND.

Par Lynda Naili Bourebrab