Il y a plus de 32 maisons de retraite dans 28 wilayas, elles recèlent les histoires de 2287 personnes âgées dont la plupart accusent leurs progénitures de les avoir mis dans ces endroits. Des sociologues estiment qu’il s’agit « d’ingratitude » de la part des famille et d’une négligence de la part de l’Etat.
Huffington Post Arabi a visité un nombre de ces maisons de retraite et a discuté avec des seniors qui ont ouvert leurs cœurs et raconté leurs histoires. Des experts se sont également exprimé sur ce sujet.
Deux journées entières dans une station de bus
Saliha, 60 ans, habite depuis 9 ans au centre d’assistance aux personnes âgées de Draria, à Alger. « C’est mieux que d’habiter dans la rue », a-t-elle indiqué.

« Mon fils m’a abandonnée. Je vivais avec lui et sa femme dont j’ai supporté le mauvais traitement, pour enfin me retrouver seule à la station de bus », a-t-elle expliqué d’une voix triste.
Elle a raconté comment son fils lui a fait croire qu’il a allait l’envoyer chez sa fille pour ensuite passer deux jours dans la station de bus sans que personne ne la récupère. La police l’a ensuite placée dans le centre de Draria.
12 ans sans visite
A la maison de retraite « Salah Bey » à Sétif, Mbarka est assise, seule, comme elle en a pris l’habitude depuis 12 ans. Elle a choisi cet endroit car « c’est mieux que de vivre avec son fils ».
Mbarka explique qu’elle a choisi de vivre dans une maison de retraite car elle ne pouvait plus supporter la misère, « surtout que la cruauté de mon fils a empiré avec les années ».
Son fils, indique-elle, ne l’a jamais visité durant les 12 années qu’elle a passées dans ce centre.
70% atteints de dépression
Mostefa Khiati, le président de la Fondation nationale pour le développement de la santé, a critiqué le comportement de l’Etat envers les personnes âgées en général, et envers les résidents des maisons de retraite en particulier. Pour lui, ce qu’endurent les parents (dépression et maladies diverses) est la responsabilité de leurs progénitures.
Selon M. Khiati, 70% des personnes âgées dans les maisons de retraite souffrent de dépression, un chiffre qui en dit long sur les mauvaises conditions dans lesquelles elles vivent.
De son côté, la docteur Mouna Djebir a expliqué, dans une thèse de doctorat en sociologie sur les relations familiales en Algérie, que les rares comportements « d’ingratitude » envers les parents âgées sont devenus un phénomène.
Dr. Djebir a aussi indiqué avoir trouvé à travers cette étude que 11% des jeunes considèrent les parents comme « un membre « ordinaire » de la famille, tout comme les frères, les sœurs ou les cousins. 80% considèrent les maisons de retraite comme havre pour les parents âgées, tandis que 4% ne trouvent rien de mal d’y envoyer leurs parents ».
Répandre l’espoir
Said Aidoudi, responsable d’un régiment des scouts musulmans algériens explique que les cliniques des maisons de retraite sont une des priorités de son groupe qui les visite souvent.
« Il s’agit d’honorer les résidents, de les réconforter, de leur parler. La plupart d’entre nous considèrent comme leurs enfants pour remplacer la tendresse familiale qui leur manque. Ce sont des victimes d’ingratitude, et nous n’oublions cette catégorie blessée de la société », a-t-il affirmé.