Il faut dire que jusqu’à présent le département des Affaires étrangères dirigé par Mourad Medelci n’a à aucun moment évoqué la réciprocité et s’est contenté de protester contre les mesures prises par Washington et Paris.
L’affaire de la liste noire américaine sur la sécurité aérienne n’est toujours pas close. Au moment où Alger menace d’appliquer des mesures de réciprocité à l’égard des voyageurs américains, les Etats- Unis justifient la liste noire en expliquant qu’il s’agit de mesures sécuritaires sans que celles-ci ne touchent à «la qualité des relations bilatérales».
Cependant, on se pose la question de ce qu’attend Alger pour appliquer la réciprocité ? Sachant qu’aucune garantie n’a été donnée par les USA sur le retrait de l’Algérie de la liste des pays à risque.
Il faut dire que jusqu’à présent le département des Affaires étrangères dirigé par Mourad Medelci n’a à aucun moment évoqué la réciprocité et il s’est contenté de protester contre les mesures prises par Washington et Paris.
Toutefois, de hauts responsables ont soutenu l’idée d’aller vers des mesures de réciprocité, il s’agit respectivement de Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur, Abdelaziz Ziari, président de l’APN, Ahmed Ouyahia, Premier ministre et SG du RND.
D’autre part, il est utile de préciser que la politique des Affaires étrangères relève des prérogatives du président de la République, comme il est stipulé par la Constitution.
A rappeler que le ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni était le premier haut responsable dans le gouvernement algérien à évoquer la question de la réciprocité, dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie de clôture de la session d’automne du Parlement.
Cette déclaration a été suivie par celle du Premier ministre Ahmed Ouyahia, SG du RND. Dans une conférence de presse qu’il a tenue à l’issue du sommet de l’Alliance présidentielle mercredi dernier, M.Ouyahia a affirmé que l’Algérie n’a aucun complexe pour appliquer les mesures de réciprocité avec d’autres pays, ajoutant que l’Algérie suit la question et attend ses développements.
«Elle agira en conséquence». S’exprimant en sa qualité de SG du RND, il a qualifié l’annonce de la liste des pays à risque de mesures «injustes, impromptues et accompagnées de belles paroles».
Dans ce contexte, il a souligné : «L’Algérie a connu une épopée pendant la guerre de Libération et même dans sa lutte antiterroriste» avant d’ajouter : «Nous n’oublierons jamais l’isolement dans lequel nous étions confinés alors que nous luttions contre le terrorisme et appelions le monde à davantage de vigilance en rappelant que le terrorisme ne reconnaissait point de frontières».
Selon lui, «ce ne sont pas ces mesures qui protégeront les Etats-Unis du terrorisme» ajoutant que «nous ne connaissons pas encore ces mesures». Avant de conclure : «Les Algériens qui voyagent régulièrement aux Etats-Unis se comptent par dizaines par mois».
Jeudi dernier, c’était au tour du président de l’Assemblée nationale populaire (APN), Abdelaziz Ziari de déclarer que l’inscription de l’Algérie sur la liste des pays dont les ressortissants sont soumis à des mesures de contrôle particulières est «une provocation» tout en apportant son soutien total à l’application du principe de réciprocité.
S’exprimant à l’émission «Forum du jeudi» de la Chaîne II de la Radio nationale, M. Ziari a fait part de la colère de l’Algérie vis-à-vis de ces mesures provocatrices prises par les Etats-Unis et la France.
Une réunion parlementaire algéro-française gelée
En attendant l’application de la réciprocité, M. Ziari a indiqué que la réunion prévue entre des représentants de l’APN et leurs homologues de l’Assemblée française sur la création de la grande commission a été gelée en réaction à ces provocations.
Selon ce responsable, «de tels comportements n’encouragent pas le renforcement des relations». Toutefois, il a exprimé l’espoir que l’appareil exécutif et diplomatique de l’Algérie et toutes les parties trouvent les moyens de réagir à cette question.
Avant de s’interroger: «Comment l’Algérie peut-elle être parmi les pays qui luttent contre le phénomène du terrorisme et dans le même temps figurer sur la liste des pays dont les ressortissants sont soumis à des mesures de contrôle spécifiques ?»
Du côté américain, Gina Abercrombie-Winstanley, coordinatrice des programmes au Bureau américain de la coordination pour la lutte contre le terrorisme, a souligné jeudi dernier dans une déclaration rapportée par l’APS que «les Etats-Unis comprennent les appréhensions et les critiques sus-citées en Algérie, aussi bien par les autorités que par les citoyens par les récentes mesures prises par Washington concernant le contrôle du transport aérien».
Tout en exprimant son regret que «cette menace terroriste a dû imposer cela (ces mesures) aux pays concernés, dont l’Algérie». Dans ce cadre, elle a ajouté: «Après la publication de la liste des pays concernés par ces mesures, le président Obama a promis qu’elle sera sujette à des révisions constantes».
La responsable américaine a affirmé que «le contrôle approfondi des passagers dans les aéroports américains et dans ceux où les vols sont en partance pour son pays, sera effectué sur l’ensemble des voyageurs quelle que soit leur nationalité, y compris les ressortissants américains eux-mêmes».
Interrogé sur l’application par l’Algérie de mesures de réciprocité, elle a souligné que «l’Algérie est un pays souverain et nous comprenons son souci de protéger ses citoyens contre toute menace», soulignant que «ce ne sont pas ces mesures sécuritaires qui vont altérer l’excellence de la relation bilatérale, en témoignent les nombreuses visites de délégations américaines ces derniers jours en Algérie».
Par ailleurs, elle a déclaré que les Etats-Unis considèrent l’Algérie comme l’un de leurs meilleurs partenaires en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme ajoutant que la partie algérienne a fait part de sa disponibilité à approfondir la coopération bilatérale dans ce domaine. Ainsi, Washington tient à préserver ses relations avec l’Algérie mais pas au point de ne pas l’inscrire sur une liste des pays à risque.
Nacera Chenafi