L’Algérie n’a pas été contaminée par les révolutions des voisins
Selon certaines sources, même les walis et les chefs de daïra qui représentent l’Etat au niveau local, sont instruits de multiplier les contacts avec les populations et de prendre en charge les doléances des citoyens.
Soumis à une forte pression populaire depuis le début 2011, le gouvernement a usé de tous les moyens pour assurer sa survie dans un contexte «dangereux» marqué par les révolutions contre les régimes en place dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. La thérapie appliquée sur le corps de la société malade pour maintenir la stabilité et la paix sociale repose essentiellement sur deux aspects: assurer la disponibilité et le soutien des prix des produits de large consommation et cela devient plus ostentatoire depuis la nomination de Abdelmalek Sellal à la tête du gouvernement, en septembre 2012, ainsi que le redéploiement des membres de l’Exécutif sur le terrain. Le peuple est dès lors embourbé dans des promesses au lendemain incertain. Se félicitant à chaque fois que l’Algérie n’a pas été contaminée par les révolutions des voisins, les dirigeants ne semblent pas décidés à en finir avec cette politique populiste de l’achat de la paix sociale. Aux enveloppes distribuées aux différentes wilayas à chaque visite du Premier ministre s’ajoutent les mesures draconiennes contenues dans le projet de loi de finances 2014.
Dans ce projet, l’Etat prévoit une somme astronomique de près de 20 milliards de dollars pour la subvention des produits de large consommation. Les émeutes du mois de janvier 2011 qui se sont généralisées dans tout le pays suite à la hausse des prix de l’huile et du sucre ont donné une idée fixe au gouvernement des besoins des populations. Des augmentations salariales importantes avec effet rétroactif ont été concédées au profit de toutes les corporations de la Fonction publique. Mais le feu n’a pas été totalement éteint. Comme un véritable pompier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, débarque presque chaque dix jours dans l’une des wilayas du pays en compagnie d’une dizaine de membres de son gouvernement.

Le Premier ministre ne se contente pas des visites d’inspection, d’inauguration et de lancement des projets de développement local, il a «institué» les rencontres avec les représentants de la société civile. M. Sellal en profite pour annoncer des programmes complémentaires de dizaines de milliards de dinars et des projets supplémentaires. Dans cette stratégie de redéploiement du gouvernement, à quelques mois de la prochaine élection présidentielle, tous les ministres sont mobilisés. Ils sont chargés d’occuper le terrain à travers des visites dans les wilayas et d’autres activités. Selon certaines sources, même les walis et les chefs de daïra qui représentent l’Etat au niveau local sont instruits de multiplier les contacts avec les populations et de prendre en charge les doléances des citoyens. Ce travail de proximité du gouvernement semble avoir payé puisque le front social se calme de plus en plus. Même si sur le plan socio-économique et politique, il n’y a pas beaucoup de succès à exhiber. Les mécontents qui sont tentés par l’organisation des mouvements de protestation sont isolés et l’opposition ne peut plus mobiliser les citoyens en sa faveur.
Logiquement, les partis politiques de l’opposition qui excluent leurs militants et les marginalisent avec une ingratitude criante ne peuvent aspirer à mobiliser les citoyens. Ces partis ne peuvent même pas mobiliser leurs propres militants, découragés par les pratiques et les dérives des dirigeants, à part dans des salles fermées où il y a à boire et à manger. Quant à la rue désabusée, ils n’osent même pas penser l’investir. C’est dire que le pouvoir a discrédité la classe politique en poussant les responsables à reproduire ses pratiques. Si les ministres apprennent qu’ils ne sont plus membres du gouvernement à travers la presse, les responsables des partis de l’opposition aussi sont remerciés de la même manière.