Son père Arezki, qui exerçait à la rta, l’emmenait souvent à la station radiophonique où siégeait le regretté Abdelhamid Benhadouga, qui présidait à la commission de lecture. Mahmoud avait juste sept ans qu’il était déjà épris de notes de musique.« Il y avait à l’époque, au sein de cette commission, un certain Sidi Ali Baba Amar, issu d’une grande famille algéroise et petits-fils de l’ancien muphti d’Alger qui avait convaincu mon père de m’intégrer au conservatoire El Mossilia situé à la rue Mogador. » C’est dans un milieu mélomane que Mahmoud entama au début des années 1970 un parcours qui s’avéra par la suite fort réussi. Il se souvient de Youcef Ouznadji, aujourd’hui président de l’association El Anadil de Chéraga, le regretté Halim Kerbouchène, Mansour Brahimi, fils de Momo, ou des professeurs Missoum ou du regretté Sid Ali Benmerabet d’El Mossilia qui a beaucoup donné à l’association « un homme exemplaire dont le talent n’a d’égal que le dévouement ». C’est lui qui a décelé en moi des dons innés. Il m’a encouragé à persévérer pour gravir les échelons afin d’atteindre la classe supérieure sous la direction de Sid Ahmed Serri jusqu’en 1986. Mahmoud est dans la cour des grands et participe, sous la houlette de Nacereddine Benmrabet, au Printemps musical de 1988.
C’est un riche parcours qui dévoile une voix mélodieuse aussi bien à l’aise dans le haouzi, l’aâroubi ou le chaâbi. Il se taillera une part appréciable de l’auditoire, notamment dans les fêtes familiales où il est très demandé. Ainsi, son itinéraire de 1973 à 2004 sera jalonné de succès, bien que Mahmoud évoque avec tristesse la parenthèse de la décennie noire, « où nous avons été contraints de ranger nos instruments en attendant des jours meilleurs ». Pour des raisons personnelles, Mahmoud, neveu du grand poète et écrivain engagé Bachir Hadj Ali, se retire de l’association. Il regagne en quelque sorte sa liberté pour poursuivre sa mission de pérenniser « l’andalou, cette musique savante, toute en finesse et le chaâbi que je devais magnifier en ma qualité d’enfant de La Casbah ». Mahmoud évoquera avec passion le grand maître El Anka, le « cardinal incomparable » Guerrouabi qui l’a « profondément impressionné » ou encore le grand maître du haouzi Farid Oujdi. « Dans les années 1980, j’ai eu la chance de connaître El Hachemi. Nous avons eu des échanges de vues et il m’a conseillé. Et puis, j’ai eu aussi à connaître Abderrahmane Aziz qui m’avait suggéré de sortir un produit d’autant que Mahfoud Djermani, qui est un as dans les arrangements, se prêtait à la collaboration. J’ai fait de la chansonnette, mais cela n’a pas marché, car c’est un monde que je ne connais pas. En 2002, j’ai fait un CD : Ya Bellaredj et un CD florilège de noubas. »
Mahmoud « regrette que les associations culturelles à but non lucratif » pourtant ne s’intéressent pas à la formation. « Avant, je veux dire il y a 20 ans, El Mossilia par exemple renfermait pas moins de 400 élèves, dont l’âge ne dépassait pas les 13 ans. Actuellement, la plupart des associations versent dans la ‘’commercialité » oubliant leur vocation qui est celle de pérenniser un genre musical tant prisé par les mélomanes. » Sinon Mahmoud continue son bonhomme de chemin, étant l’un des doyens dans le domaine, dont le talent est connu et reconnu par ses fondus qui sont toujours là, lorsque ses concerts sont programmés comme il y a quelques jours à l’Auditorium de la Radio, où il a été longuement ovationné.