La séance de travail organisée récemment par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh) de Tlemcen et qui s’est déroulée au siège de la section de Ghazaouet a réuni de nombreux militants de la Ligue activant au sein des sections de diverses daïras de la wilaya.
Ouvrant la séance, M. Hammoudi Faleh, le responsable de la Laddh Tlemcen, a exposé l’ordre du jour en brossant un tableau sur la situation des droits de l’homme au niveau de certaines daïras frontalières de la wilaya de Tlemcen.
« La situation est désastreuse. Il y a péril en la demeure pour la santé de nos populations et pour notre environnement, il ne faut pas se leurrer », résume M. Hammoudi, avant de donner la parole au responsable de la Laddh Ghazaouet qui entrera tout de suite dans le vif du sujet en expliquant à l’assistance que leur bureau vient de mettre en place un plan d’action visant à mettre un terme au désastre écologique et sanitaire provoqué par les retombées toxiques dues aux émanations sulfureuses dégagées par une usine de fabrication d’acide sulfurique et de production de zinc située au centre de la ville, à quelques mètres du port.
Dans le cadre de ces actions actuellement en cours, il cite la récente mise en circulation d’une pétition au niveau de la population de Ghazaouet qui compte déjà plus d’un millier de pétitionnaires, pour la plupart atteints de pathologies diverses dues à ces émanations hautement toxiques.
« Nous nous occupons notamment en parallèle du recensement des diverses pathologies présentées par les pétitionnaires afin de les grouper par types de maladies et permettre aux victimes d’effectuer des dépôts de plaintes collectives à l’encontre de l’entreprise afin de réclamer l’arrêt définitif de son activité et l’indemnisation de toutes les victimes des émanations toxiques dégagées par cette usine ».
Par ailleurs, les membres de la Laddh Maghnia ont relevé le problème des rejets toxiques déversés par le Maroc.
« Ces rejets alimenteront directement le barrage de Hammam Boughrara, contaminant sur leur passage les terres du périmètre agricole de Maghnia.
L’eau qui coule dans nos robinets est, elle aussi, contaminée et les citoyens de Maghnia n’en boivent plus. » De nombreux cas de maladies dues à l’absorption de cette eau parmi le cheptel et chez de nombreux citoyens ont été signalés (diarrhées, coliques, tumeurs… ), et même les plus démunis des citoyens n’hésitent plus à mettre la main à la poche pour se ravitailler en eau minérale.
À l’instar des militants de Ghazaouet, une même pétition a été mise en circulation et de nombreux fellahs de Maghnia et de ses environs ont adhéré à cette démarche en vue de constituer un collectif et poursuivre en justice le Maroc pour le désastre écologique et sanitaire provoqué par les rejets toxiques déversés par les Marocains.
Les agriculteurs des daïras frontalières de la wilaya de Tlemcen sont quotidiennement confrontés à de nombreuses injustices et atteintes portées à leurs droits les plus élémentaires, une situation due en grande partie à l’inertie de leurs élus, de leurs parlementaires et de certains commis de l’État qui tirent généralement profit de ces situations qu’ils font parfois sciemment perdurer, fait remarquer un cadre militant au sein de la Ligue.