Madrid accepte la révision des prix du gaz

Madrid accepte la révision des prix du gaz

Une «source» espagnole qui a assisté aux négociations entre le ministre de l´Energie et des Mines, Youcef Yousfi, et son homologue espagnol, Miguel Sebastian, lundi à Alger, a déclaré, à son retour le soir même à Madrid, que l´Espagne a accepté de payer le gaz algérien «à des prix raisonnables qui seront indexés sur les prix pratiqués sur le marché international».

Les deux délégations auraient, en outre, formulé l´espoir que les négociations engagées depuis un peu plus d´une semaine déjà entre Gas Natural Fenosa (GNF) et Sonatrach sur le contentieux qui les oppose sur les prix du gaz «déboucheront rapidement sur un accord».

Une victoire pour Sonatrach

Les Espagnols qui semblent être revenus à de meilleurs sentiments se sont rangés, finalement, aux arguments des Algériens quant à la nécessité de réviser ces prix qui étaient plus bas de 20% que sur le marché international. Une victoire donc pour le gouvernement algérien qui a soutenu depuis le début de cette affaire, en 2007, que le contentieux était commercial et ne pouvait pas être traité sur le plan politique.

Le ton employé dans les milieux officiels à Madrid et surtout par les journaux, qui se sont livrés à une campagne des plus virulentes, ces dernières semaines, dans laquelle ils ont accusé l´Algérie de vouloir pratiquer des prix prohibitifs, est plus modéré. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la délégation espagnole a tenu à mettre en avant le caractère «cordial et positif» des entretiens de MM. Yousfi et Sebastian. Pour El Pais, «l´acceptation par la partie espagnole d´un prix du gaz indexé sur le prix pratiqué sur le marché international signifie un prix plus cher que par le passé».

Jeudi matin déjà, l´impression se dégageait que le ministre espagnol de l´Energie n´était pas là pas pour «croiser le fer» avec Alger comme le réclamaient les dirigeants de Gas Natural. Dans une déclaration à Efe, à son arrivée à l´aéroport Houari Boumediene, M. Sebastian avait formulé le souhait de parvenir à un «accord raisonnable avec les autorités algériennes pour préserver la compétitivité des entreprises espagnoles et renforcer la relation qui unit les deux pays».

Le contentieux gazier provoqué par Gas Natural Fenosa devenait dès lors un thème de l´agenda de cette visite parmi d´autres, comme les énergies renouvelables et les interconnexions électriques ou encore le Medgaz, dont la mise en service d´effectuera quand la demande en gaz naturel reprendra en Espagne, après la forte chute constatée depuis le début de la crise économique que ce pays traverse depuis 2007.

Madrid sort l´arme des quotas

La guerre livrée en Espagne contre Sonatrach n´est pas pour autant terminée. Toujours soumis aux pressions du groupe catalan qui menace de faire répercuter les 1,5 milliard d´euros – à verser à Sonatrach, au titre des indemnités sur le réajustement du prix du gaz vendu à l´Espagne entre 2007 et 2009 – sur le prix à la consommation des usagers, le gouvernement socialiste a choisi de modifier la loi sur les hydrocarbures pour limiter les quotas maximums d´un fournisseur gazier à 30% des besoins du marché espagnol.

Théoriquement, cette mesure est destinée à renforcer la sécurité énergétique à l´égard des pays où l´Espagne s´approvisionne en gaz naturel, outre l´Algérie, le Nigeria, Trinidad et Tobago, Qatar, la Libye, l´Egypte ou la Norvège. Dans la pratique, cette mesure est discriminatoire, dans la mesure où seule l´Algérie, premier fournisseur, assure 32% des besoins du marché espagnol.

Un taux qui est tombé sous la barre des 30%, en juillet dernier, après la chute de la demande énergétique de l´économie espagnole en crise, mais qui pourrait atteindre les 55% avec l´entrée en service du Medgaz suite à la récupération économique en Espagne, prévue à partir de 2011. Curieusement, les quotas des autres fournisseurs étaient en augmentation puisque, pour la première fois, le Nigeria a délogé l´Algérie, pays voisin de l´Espagne et son partenaire énergétique traditionnel, de la première place avec son quota de 30 à 31%

L´enjeu de Medgaz

Par diversification et sécurité des approvisionnements, le gouvernement socialiste entend limiter, en fait, le poids de Sonatrach dont les approvisionnements ont atteint des pics de 55%, puisque la loi encore en vigueur en 2007 permettait un plafond de 60%. Avec l´entrée en service de Medgaz, Sonatrach espère assurer jusqu´à 60% de la demande en gaz de l´Espagne.

Les membres de ce lobby anti-Medgaz, dont Gas Natural a été au départ l´un des plus farouches adversaires, se comptent en grand nombre au sein du parti socialiste dont le gouvernement a longtemps traîné les pieds avant de se décider à classer ce vieux projet du temps de José Maria Aznar, de la catégorie C (projets non urgents) vers la catégorie A (projets prioritaires).

C´était en 2006 et alors que la «guerre du gaz» qui faisait rage entre la Russie et l´Ukraine faisait craindre le pire aux économies européennes, espagnol entre autres. A cette époque, le syndicat du gaz en Espagne tentait de convaincre le gouvernement Zapatero que l´Algérie était un «partenaire sérieux qui respectait ses engagements» et qu´il fallait activer la mise en chantier du Medgaz.

Hamid A.