Madjer : «Pour la CAN et le Mondial, j’ai opté pour MBC !»

Madjer : «Pour la CAN et le Mondial, j’ai opté pour MBC !»

article-10075-madjer12122009-2.jpg«Lacen fait partie des meilleurs joueurs algériens. On n’a pas le droit de l’écarter.»

On ne vous attendait pas à Alger en cette période. Pourquoi cette visite ?

Le secrétaire d’Etat chargé de la communication m’a invité pour assister à une cérémonie qui aura lieu dans la semaine à Alger. C’est une occasion pour moi de revoir les amis et la famille. C’est toujours avec le même plaisir que je reviens chez moi en Algérie. J’ai profité également des vacances scolaires de mes enfants pour me ressourcer auprès des miens.

Certains après le tirage au sort du Mondial ont commencé à espérer passer au 2e tour. Êtes-vous aussi enthousiaste que les supporters algériens ?

Vous savez, la vraie locomotive de l’équipe nationale, ce sont toujours les supporters. C’est leur espoir qui pousse les décideurs, le staff technique et les joueurs à placer la barre à chaque fois plus haut. Sans eux, certains se contenteraient volontiers d’une simple figuration et plus si affinités, comme on dit. C’est au gré des résultats pendant la compétition. Mais lorsqu’on voit que les supporters y croient, on cultive cette confiance pour la concrétiser sur le terrain. Vous savez, les supporters se trompent très rarement.

D’après vous, on est capable d’aller au second tour ?

Pourquoi pas ? Faut-il baisser les bras avant même d’avoir joué ? Ce n’est pas dans les habitudes des Algériens. Cependant, il ne faut pas non plus verser dans l’euphorie et se dire que parce qu’on avait battu les Allemands en 1982, que nous sommes sûrs de battre les Anglais l’été prochain. Une victoire, ça se prépare avec beaucoup de sacrifices et de travail.

Que peut-on espérer de notre groupe au Mondial ?

Que du bien incha’Allah ! Mais à condition qu’on garde les pieds sur terre. Nous avons une équipe qui est loin d’être ridicule. Les joueurs ont le mental d’un mondialiste. Ils ont gagné en maturité et en confiance. C’est très important d’aller jouer le Mondial en étant décomplexé. Nos joueurs ont aussi l’avantage d’avoir joué contre leurs adversaires anglais, ou même slovènes et américains pour certains d’entre eux. Mais ils doivent aussi se dire que leurs adversaires vont les étudier en détail avant le Mondial. Il y a la CAN qui sera un champ d’expérimentation pour toutes les parties. Que ce soit pour Saâdane et ses joueurs qui vont s’appuyer sur cette compétition pour préparer le Mondial, ou alors pour leurs adversaires qui vont également visionner les matchs de l’Algérie durant la CAN pour connaître leur jeu.

Certains pensent que la Slovénie et les USA son prenables. Qu’en pensez-vous ?

C’est une erreur gravissime que de croire à cela. La Slovénie est à prendre très au sérieux, car on n’élimine pas par hasard des équipes comme la Pologne ou la Russie. Pareil pour les USA qui ont gagné 5 à 0 contre le Mexique et ont battu l’Espagne par 2 à 0. Sans parler de la raclée qu’ils ont donnée aux Egyptiens. Il faut ne rien connaître du football pour croire que ce sera facile en Coupe du Monde. En 1982, les Allemands avaient commis les mêmes erreurs de jugement contre nous et on connaît la suite.

La CAN est dans un mois. Quelle analyse faites-vous de l’EN dans cette compétition ?

Tout d’abord, il faut faire très attention de ne pas verser dans l’euphorie. Les éliminatoires sont une chose, la phase finale en est une autre. Il ne faut pas dormir sur nos lauriers. C’est vrai que nous avons réussi à nous classer premiers de notre groupe et ceci n’est pas rien. C’est même une preuve de la force de notre équipe. Mais doit-on pour autant se dire que nous sommes arrivés au sommet du football africain ? Non, parce que le sommet peut comporter 16 places si on compte toutes les équipes qualifiées, comme il peut comporter quatre, ou deux places si on arrive aux demi-finales ou en finale. Mais dans le monde de la compétition, il n’y a qu’un seul sommet et celui-ci revient toujours au champion d’Afrique.

Quelles sont les chances de l’EN dans son groupe ?

Même si j’ai une grande foi en notre équipe nationale, je veux mettre en garde les joueurs contre tout excès de confiance. Vous savez, comme on n’aime pas que les Anglais disent de nous que nous sommes moins forts que d’autres, il ne faut pas le faire pour le Malawi par exemple. C’est cette manière hautaine qui pourra faire la différence entre l’Angleterre et nous, ou alors entre le Malawi et nous à la CAN. Attention, notre groupe n’est pas aussi facile que certains le croient.

Qu’est-ce qu’on peut craindre de nos adversaires dans cette CAN ?

Il faut d’abord se dire que toutes les équipes qualifiées ont les mêmes ambitions que nous. Le Malawi est un peu une inconnue aujourd’hui pour nous, mais il ne faut pas la sous-estimer. Ce sera notre premier match, donc ce sera déterminant pour la suite de la compétition. C’est peut-être le match le plus important. Le Malawi est un pays anglophone qui joue bien au football. Nous avons eu à l’affronter par le passé et je peux vous dire que ce n’est pas le dernier de la classe qu’on va jouer.

L’Angola ?

C’est le pays organisateur en puissance ! Les Angolais seront survoltés devant leur public. Ils ont de très bons joueurs qui évoluent en Europe, notamment au Portugal. Ils sont dirigés par un excellent entraîneur, en la personne de José Manuel, que j’ai connu lorsque j’étais encore joueur au FC Porto et lui entraîneur du Sporting de Lisbonne. Imaginez donc l’expérience qu’il possède sur le banc ! Il a été également entraîneur du Ahly du Caire. Il connaît donc parfaitement le football algérien. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faudra les craindre. Nous avons une équipe respectable qui donnera beaucoup à réfléchir à nos adversaires.

Et le Mali ?

C’est l’un des prétendants au titre par excellence. Les Maliens se qualifient en phase finale de la CAN depuis plusieurs années de manière régulière. Ils ont en plus des joueurs de valeur mondialement reconnus, comme Seydou Keïta, Frédéric Kanouté qui n’est plus à présenter et qui fait des merveilles au FC Séville depuis plusieurs saisons, Momo Sissoko, Traoré, Diamoutène et tout le reste. Ces joueurs sont arrivés à maturité et ils aimeraient tous accrocher à leur palmarès le titre de champion d’Afrique. C’est l’une des plus fortes équipes de cette CAN. Prenons donc garde, même si nos joueurs aussi ont prouvé qu’ils n’étaient pas des novices et qu’ils ont le cœur qu’il faut pour dire leur mot dans cette épreuve.

Parlons un peu de l’actualité immédiate de l’EN. Le nom de Lacen provoque une levée de boucliers parmi les joueurs. Êtes-vous pour ou contre sa venue ?

J’ai entendu certains joueurs qui, avec leurs propos, s’opposent à la venue de Lacen. Je les comprends un peu, parce que ce n’est pas facile de leur faire admettre qu’un joueur qui n’a pas pris part aux éliminatoires vienne partager l’honneur du Mondial avec eux, vers la fin. Nous avons un peu vécu cela en 82 et en 86, mais là, il s’agit de représenter toute l’Algérie. Ce n’est pas une affaire de joueurs, car derrière l’EN, il y a tout un peuple qui joue son honneur dans cette compétition. A ce stade, je pense qu’il faut laisser de côté ses sentiments personnels. Car pour faire de bons résultats, il faut faire appel aux meilleurs joueurs algériens. Et ma foi, Lacen fait partie des meilleurs, il n’y a aucun doute à cela. Il n’y a que le sélectionneur qui a le droit d’empêcher Lacen de venir en équipe nationale.

Les joueurs ont-ils leur mot à dire dans la venue de Lacen ?

La décision revient exclusivement au sélectionneur. Les joueurs n’ont pas à donner leur avis sur cette question. Cela ne les concerne pas. A-t-on demandé aux anciens joueurs qui ont été écartés de l’EN après l’arrivée de Yebda et Meghni ? Non, ce sera donc pareil pour Lacen. Ceux qui ont vu jouer Lacen savent qu’il serait fou de se passer d’un joueur de sa trempe. Il peut apporter beaucoup à l’EN, j’en suis persuadé. Pourquoi fermer les portes à un Algérien qui n’a jamais dit non à l’équipe nationale. Il a juste hésité et cela se comprend. Nous avons eu par le passé des joueurs qui avaient hésité plus longtemps que lui et on les a accueillis à bras ouverts, parce qu’ils ont les mêmes droits que tous les Algériens. Lacen aussi doit avoir les mêmes droits que les autres. Les joueurs doivent venir pour jouer et non pas donner leur avis sur les joueurs à sélectionner. L’intérêt de l’Algérie doit rester au-dessus de toutes les considérations.

Cela fait quelques mois que vos fans s’impatientent et veulent connaître votre avenir professionnel. Du nouveau ?

Oui, il y a du nouveau cette fois, car je viens de donner mon accord pour intégrer la chaîne MBC en prévision de la CAN et du Mondial. Je serai donc consultant sur MBC et les Algériens qui veulent me voir n’ont qu’à suivre mes émissions quotidiennes tant à la CAN qu’à la Coupe du monde. On fera un plateau avec beaucoup d’invités et on décortiquera tous les matchs des deux événements à partir des studios de MBC à Dubaï. Je donne donc rendez-vous à ceux qui me suivent sur cette chaîne et on vous promet plein de bonnes choses.

Entretien réalisé par Nacym Djender