Hier, au Forum Sport d’El Moudjahid, l’ex-international algérien et président de la commission de haut niveau et de détection de jeunes talents, Rabah Madjer, avait eu à parler de l’équipe nationale, de la formation avec la détection des jeunes talents, mais aussi d’une certaine politique qui freine, selon lui, le développement de notre football d’une manière générale.
Hier, au Forum Sport d’El Moudjahid, l’ex-international algérien et président de la commission de haut niveau et de détection de jeunes talents, Rabah Madjer, avait eu à parler de l’équipe nationale, de la formation avec la détection des jeunes talents, mais aussi d’une certaine politique qui freine, selon lui, le développement de notre football d’une manière générale.
«Le problème de notre équipe nationale surgit lorsqu’elle évolue hors du territoire national. Elle perd beaucoup de ses capacités, de sa force, de sa concentration. Les conditions climatiques, l’état du terrain… nous empêchent de jouer comme on avait l’habitude de le faire. Notre équipe nationale souffre énormément lorsqu’elle évolue à l’extérieur. On l’avait vu contre la Tanzanie où elle aurait pu perdre par un score lourd. Chez nous, les choses marchent beaucoup mieux. Il faut admettre qu’aucune équipe ne peut nous battre chez nous. Car tout nous est favorable», affirme-t-il.
Est-ce une question de système de jeu ?
Notre interlocuteur restera fidèle à son idée. C’est-à-dire comme il le précise : «Quel que soit le système appliqué, les difficultés de jouer en Afrique sont les mêmes. On a toujours rencontré des problèmes lorsqu’on jouait en Afrique. Les joueurs pros trouveront encore plus de difficultés par rapport aux joueurs qui évoluent en Afrique.»
« Stabilité positive »
Madjer estime qu’après cette large victoire des Verts devant la Tanzanie sur le net score de 7 à 0, il n’y a pas de raison de changer d’entraîneur actuellement. «Je suis personnellement pour la stabilité positive. Je ne suis pas pour le départ de Gourcuff. Bien au contraire, il a gagné avec son équipe, et là, personne ne peut dire le contraire. Cette équipe a gagné largement devant la Tanzanie. Il n’ y a aucune raison logique de demander le départ de Gourcuff. On est seulement contre la stabilité négative. C’est-à-dire qu’un entraîneur qui ne concrétise pas son objectif ne doit pas rester à la tête de l’équipe nationale. Car il a échoué. Comme on l’avait fait avec les techniciens locaux, il faut le faire avec les entraîneurs étrangers.»
Les deux visages des Verts
L’ex-international et ex-entraîneur d’Algérie ajoute que face à la Tanzanie, l’équipe nationale a distillé deux visages diamétralement opposés. «Face à la Tanzanie, on n’a pas reconnu notre équipe nationale. Elle a frôlé la correction. En effet, au cours du premier half, les locaux auraient pu marquer plusieurs buts sans que personne trouve à redire. Cela, on ne le dira jamais assez, lié aux conditions objectives de la rencontre comme le climat, l’humidité, l’état du terrain…. En Afrique, faut-il le répéter, les pros qui évoluent en Europe dans des conditions parfaites trouvent un mal fou à bien s’exprimer. C’est une vérité qui s’impose à nous et qui n’a pas été démentie jusque-là. Chez nous, où les conditions sont meilleures, nos joueurs s’expriment mieux», dit-il.
Changement de la politique sportive
Il poursuit son intervention en mettant l’accent sur la nécessité de mettre en pratique une nouvelle politique qui puisse permettre à notre football au niveau local de se développer d’une façon harmonieuse et surtout avec des résultats plus probants, notamment sur le plan africain. «Il ne faut pas oublier que nous sommes en Afrique. On vit et on joue en Afrique. On ne peut compter sur des joueurs qui évoluent dans un environnement qui est différent de celui de notre continent.
On peut le faire pour quatre ou cinq joueurs. C’est-à-dire les meilleurs qui jouent outre-mer. Pour cela, il faudra changer de politique et donner la chance aux joueurs locaux de pouvoir rejoindre l’EN. Sinon, indirectement, on va contribuer à les démoraliser à vie. Les jeunes qui vont se rendre compte qu’ils ne pourront jamais rejoindre l’EN ne peuvent rien espérer. Et c’est tout simplement le découragement. Pour cela, on doit revoir la politique actuelle avec le tout étranger. Bien au contraire, il faudra s’intéresser aux joueurs locaux. On affirme aujourd’hui que le niveau de notre championnat national est faible et qu’on ne forme plus de grands joueurs. C’est faux ! Ils sont en train de nous mentir. Car je suis persuadé que si l’on prend en ligne de compte le potentiel national avec les jeunes qui sont pétris de qualité, on pourra former une grande équipe nationale avec des joueurs formés localement. On avait vu que l’ESS a remporté la Ligue des champions d’Afrique, et que l’USMA est parvenue jusqu’en finale de cette compétition. De plus, Slimani qui compte 20 buts avec la sélection nationale a été formé par la JSM Chéraga, puis est parti au CRB. Nous avons un grand potentiel qui ne demande qu’à être pris en charge. Sans changement de politique, on ne pourra arriver à rien», a-t-il encore affirmé.
« On n’a qu’un rôle consultatif »
Madjer n’a pas uniquement abordé le volet de l’équipe nationale et sa nette victoire devant la Tanzanie, mais aussi en tant que responsable de la commission de haut niveau et de la détection de jeunes talents du MJS.
Il est certain que la formation est quelque peu délaissée chez nous, eu égard au fait que même au niveau des clubs d’élite, on tarde à voir les centres de formation construits. Ce qui rend le travail des uns et des autres très difficile. «C’est vrai que je suis le président de cette commission très importante, du fait qu’elle aborde le haut niveau, mais aussi la détection de jeunes au niveau de toutes disciplines. Néanmoins, on ne peut pas agir puisqu’on n’a pas le moyen de prendre des décisions. Toutefois, et tant qu’on ne change pas la politique actuelle, on ne peut pas aller trop loin.
Car, même si l’on arrive à détecter de très bons jeunes, on ne peut pas les placer dans les différentes équipes nationales. À titre d’exemple, l’équipe des U23, entraînée par un coach étranger, est composée essentiellement de joueurs locaux, sauf pour deux ou trois joueurs. On le fait exprès afin de montrer que les joueurs sont faibles parce qu’ils perdent à chaque fois qu’ils prennent part à des compétitions de haut niveau. Si l’on suit leur logique, l’équipe des U23, qui est coachée par le Suisse Shürmann, aurait dû être composée par les pros. Car ce sont eux qui rejoindront l’EN. Les joueurs du cru n’auront jamais la possibilité d’être incorporés en équipe nationale.»
« Nos conseils ont été écoutés »
Madjer avait été un peu embarrassé par certaines critiques à l’égard des anciens joueurs et anciens techniciens algériens qui ont été formés chez nous. «Nous ne sommes pas des gens qui se donnent en spectacle sur les plateaux des chaînes privées. Bien au contraire, on fait tout pour apporter notre modeste contribution pour aider notre équipe nationale et, partant, notre part pour aller de l’avant.
De plus, ce que nous avions dit avait été pris en ligne de compte. Brahimi, comme nous l’avions dit, a joué à gauche, et Mahrez a été aligné à droite. Le système de jeu en 4-4-2 a été changé. Par conséquent, on peut dire que nous n’avons fait que notre devoir pour apporter indirectement notre pierre à l’édifice», ajoute-t-il.
Les subventions du MJS, que la FAF a pris la décision de refuser suite à la réunion de son Bureau fédéral, ont fait dire à Madjer que «les divisions inférieures de notre football, d’une manière générale, auraient pu profiter de la manne financière de 36 milliards émanant du MJS».
Hamid Gharbi