Aymen Madi a contribué à la victoire de la sélection nationale militaire face au Kenya, en Coupe du monde militaire qui se déroule actuellement en
zerbaïdjan, en délivrant la passe décisive du troisième but. Il confirme ses qualités qu’il mettra, la saison prochaine, au service de la JS Kabylie qu’il a rejointe cet été. Sur son parcours, son choix de
JSK et ses ambitions, il se confie aux lecteurs du Buteur.
La
victoire contre le Kenya vous a beaucoup fait plaisir. Peut-on dire que
la pression qui était sur vous, après le nul face au Bahrein, s’est
atténuée ?
Oui, c’est le cas. Nous avons très mal digéré le
nul face au Bahrein, surtout que c’est nous qui avions dominé le match.
C’est pour ça que nous étions très décidés à gagner contre le Kenya pour
faire de cette victoire notre vrai départ dans la compétition. Cela n’a
pas été facile face à une équipe qui a usé d’agressivité dès le début,
ce qui a causé la sortie pour blessure de deux de nos joueurs. Ce qui
est important, c’est que nous sommes à présent leaders de la poule et
nous attendons le troisième match face à la France pour confirmer.
Vous
avez visionné le match France –Kenya. Cela a-t-il été important pour
déceler les points forts et points faibles des Kenyans ?
Oui,
cela a été important. Nous avions abordé notre premier match contre le
Bahreïn sans rien connaître de notre adversaire. Pour preuve, ce n’est
qu’en deuxième mi-temps, après avoir analysé le jeu des Bahreïnis, que
nous avons dominé la rencontre en long et en large. Contre le Kenya,
nous savions à quoi nous en tenir. Nous avions remarqué qu’ils utilisent
l’engagement physique et c’est pour ça que nous avons pratiqué le jeu à
terre pour les contrer. Grâce aux consignes du sélectionneur, nous
avons pu inscrire deux buts lors de la première période. Nous en avons
raté beaucoup d’autres en seconde période.
Cependant, le Kenya a failli égaliser après avoir réduit le score…
C’est
vrai. Leur but nous a fait un peu douter et nous sommes revenus
instinctivement en défense, mais heureusement que le troisième but
inscrit par Amroun nous a délivrés et permis de réaliser une victoire
importante.
En parlant du but de
Amroun, ce dernier était fou de joie et a couru partager sa joie avec le
sélectionneur Mehdaoui, bien que ce dernier ne l’eusse pas fait jouer
lors du premier match. Cela montre l’état d’esprit positif qui règne au
sein du groupe…
C’est vrai que Amroun a été déçu de ne pas
avoir joué le premier match, mais il n’en a pas tenu rancune au coach et
lui a dédié son but. Nous avons été très heureux pour lui. Cela
démontre que nous sommes une seule famille. Nous sommes ensemble depuis
plusieurs mois et nous avons consenti beaucoup de sacrifices. Nous ne
voulons pas que cela soit vain.
Ce
but a été inscrit suite à une passe admirable que vous avez effectuée à
la manière de Belloumi, ce qui montre que vous n’avez pas été, la saison
passée, meilleur passeur de la Ligue 2 pour rien…
J’aime bien
délivrer des passes décisives. C’est mon rôle sur le terrain en ma
qualité de milieu offensif. Croyez bien que j’ai été heureux pour le but
de Amroun plus que si c’était moi-même qui l’avais inscrit car ce
joueur a vécu une période difficile et ce but lui fera reprendre
confiance.
Nous en arrivons
maintenant au troisième match de poule, celui de ce lundi contre la
France. Vous n’êtes pas sans ignorer que le peuple algérien ne
pardonnera aucun faux pas contre cet adversaire…
Je ne veux
pas trop en parler. Je dis simplement au peuple algérien que ce match
est le nôtre, nous joueurs, et que nous sommes parfaitement conscients
de la saveur particulière d’une victoire face à la France. Donc, qu’ils
soient rassurés et nous fassent conscience. Nous n’avons pas le droit de
jouer avec le legs de nos chouhada.
Ne craignez-vous pas la pression terrible qui pèsera sur vos épaules ?
Celui
qui a peur de la pression doit rester chez lui. Tout joueur rêve de
jouer de tels matches car nous savons tous la valeur et la symbolique
d’une victoire contre la France.
Vous
ambitionnez sans doute de terminer à la tête de votre groupe afin
d’éviter, en quart de finale, la sélection de l’Azerbaïdjan qui
bénéficiera sans doute d’un coup de pouce des arbitres…
C’est
vrai que nous préférons éviter la sélection du pays organisateur et
affronter l’Irak, par exemple. Certes, toutes les sélections
participantes sont fortes, mais nous préférons affronter l’Azerbaïdjan
le plus tard possible, pourquoi pas en finale.
Parlons
de votre parcours personnel. Vous êtes un produit de l’école du RC
Kouba, où vous aviez remplacé Sid-Ali Yahia-Cherif, puisque vous aviez
quitté ce club avec éclat pour rejoindre le NA Hussein Dey…
Je
reconnais être un pur produit de l’école du RCK et je resterai
redevable toute ma vie à ce club, surtout à Boualem Amirouche qui
m’avait déniché dans mon quartier car il suivait tous les tournois
inter-quartiers. Je peux dire que c’est lui qui m’a façonné. Il m’a
beaucoup influencé et je lui prépare d’ailleurs une belle surprise,
inch’Allah.
Vous n’avez pas répondu à la question…
J’étais
passé par une période difficile. Les supporters de Kouba n’avaient pas
admis que je passe au NAHD, vu le caractère sensible des rapports entre
les deux clubs. Même ma famille a été touchée puisque des supporters
abordaient ma mère et mon père dans la rue pour leur reprocher le fait
que je sois parti au NAHD. J’ai vraiment beaucoup souffert de cette
situation. Le plus dramatique est que même au NAHD, je n’ai pas été
accepté au début, tout comme Boussaïd et Benyahia, également venus du
RCK. Ce n’est que lors de ma deuxième saison au club que j’ai fini par
m’imposer et devenir l’un des cadres de l’équipe. Cela dit, je ne
regrette pas d’avoir évolué dans un club historique comme le Nasria où
j’ai joué tous les matches de la saison passée et me suis illustré au
point de recevoir beaucoup d’offres.
Vous
avez dit que vous avez joué tous les matches de la saison, mais il y a
une rencontre à laquelle vous n’avez pas pris part : le match de Coupe
d’Algérie face à l’USM Alger. Pourquoi vous a-t-on privé de ce match ?
Il
s’est passé qu’un type à Hussein-Dey, vendeur de pneus de son état, a
colporté une rumeur selon laquelle j’avais signé au CR Belouizdad car
j’étais en fin de contrat. Les dirigeants du NAHD m’ont donc exigé de
prolonger au club pour prouver que c’était faux. Moi, je n’avais ni
négocié avec le CRB ni signé pour ce club. J’ai refusé le chantage et
les dirigeants m’ont «puni» en me privant du match face à l’USMA où
j’aurais pu m’illustrer. D’ailleurs, l’entraîneur Zoheir Djelloul avait
demandé à ce que je joue, mais les dirigeants avaient refusé en me
considérant comme un traître.
Avez-vous suivi ce match, quand même ?
Oui.
J’ai été au stade, même si beaucoup de gens m’avaient déconseillé de le
faire. J’ai été peiné ce jour-là car nous avions raté un penalty qui a
été le tournant du match et c’est moi qui, d’habitude, tire les
penalties. Le plus drôle est que les supporters de l’USMA m’avaient
applaudi en me voyant alors que ceux du NAHD ne cessaient de m’insulter.
Pourquoi avoir réintégré l’équipe par la suite ?
Je
suis un professionnel. Lorsque l’équipe s’était mise à jouer pour
assurer son maintien, on m’a réintégré et je me suis donné à fond sans
tricher. J’ai honoré mon contrat jusqu’au bout, puis je suis parti.
Vous avez été sollicité par plusieurs clubs comme le CRB, l’ESS et l’USMA. Pourquoi avoir choisi la JS Kabylie ?
C’est
vrai que j’ai négocié avec l’ESS, mais je n’ai pas voulu le faire avec
le CRB afin de démentir la rumeur de mon engagement en faveur de ce
club. Puis, j’ai temporisé et j’ai reçu l’offre de la JSK. En vérité,
c’est ce club que j’attendais.
Visiblement, votre choix a été celui du cœur…
Franchement,
oui. Toute ma famille, plus particulièrement mes oncles maternels,
adorent la JSK et je considère que porter les couleurs de ce club est un
grand honneur et une fierté. De plus, lorsque j’étais petit, je
regardais la JSK des Bendahmane, Belkaïd et autres Dob en Coupe de la
CAF et je rêvais d’y jouer un jour. El hamdoullah, mon rêve s’est
réalisé.
Plusieurs joueurs passés
par le NAHD se sont illustrés par la suite à la JSK, tels Fergani,
Yacef, Benlamri, Khelili… Cela a-t-il pesé dans votre choix ?
Non, je n’ai pas du tout pensé à ça. J’ai surtout voulu porter les couleurs de la JSK et y faire une grande carrière inch’Allah.
Ne
pensez-vous pas que ce sera une grande responsabilité sur vos épaules,
surtout que vous aurez à faire en sorte de ramener de nouveau les
supporters au stade après les mauvais résultats des dernières saisons ?
Certes,
ce n’est pas facile de jouer à la JSK, mais je sais certain que je vais
exploser dans ce club. Je connais des joueurs de l’équipe qui avaient
été mes coéquipiers par le passé. De plus le staff technique presqu’au
complet, à commencer par Azzedine Aït Djoudi et Aomar Hamenad, était au
NAHD au début de la saison passée et connaît donc mes qualités. De ce
côté, il n’y a pas de problème.
Ne craignez-vous pas les nouveaux joueurs de la JSK dont on dit qu’ils sont talentueux ?
Croyez-moi,
cela ne m’effraie pas du tout. Au contraire, j’aime beaucoup la
concurrence pour les postes car je connais très bien ma valeur. Si j’ai
choisi de venir à la JSK, c’est que j’aime relever les défis.
Certains disent que la JSK ne pourra pas retrouver son lustre avec des joueurs de Ligue 2. Votre commentaire ?
J’ai
entendu ça et cela ne fera que me motiver davantage. Je préfère
répondre sur le terrain et non pas sur les pages des journaux. Je dis
aux supporters de la JSK : vous allez voir ce que fera ce joueur de
Ligue 2 ! Pour information, j’avais eu des contacts avec de nombreux
grands clubs de la Ligue 1 lorsque j’étais en première année senior au
RCK, mais je n’avais pas voulu brûler les étapes et j’ai préféré suivre
un parcours étudié. Aujourd’hui, je peux dire que je suis prêt à jouer
dans un grand club.
Ne craignez-vous
de ne pas bénéficier de vacances maintenant que vous êtes à la JSK,
puisque le stage estival de cette équipe débutera à la fin de la Coupe
du monde militaire ?
Que voulez-vous ? Une carrière de
footballeur est faite de sacrifices. De nombreux jeunes auraient aimé
être à ma place et représenter l’Algérie au sein de la sélection
nationale militaire. Et puis, la saveur d’une victoire avec la sélection
de son pays n’a pas d’égale.
Quel est votre joueur préféré ?
Billel
Dziri. C’est un grand homme sur les terrains et en dehors. C’est un
grand professionnel doté d’une grande personnalité et cela se ressent
sur le terrain. Il est infatigable et donne tout sur le terrain. En
dépit de son âge avancé, il a toujours le niveau. Lors de la réception
qui avait précédé notre départ pour l’Azerbaïdjan, je l’avais rencontré
et pris une photo souvenir avec lui. Cela m’a fait beaucoup plaisir.
Que vous a-t-il dit ?
Il
m’avait vu à l’œuvre à l’occasion d’un match amical face à l’USMA. Il
m’a dit : «Alors, tu es à la JSK ? Ta véritable place est à l’USMA.»
Quel ancien joueur admirez-vous, mis à part Boualem Amirouche ?
Belloumi ! C’est un joueur d’une autre planète. Sa manière de jouer me rend dingue.
Etes-vous fan du Real Madrid ou bien du Barça ?
Du Real.
Donc, vous préférez Ronaldo à Messi ?
Logiquement, ça devrait être ça, mais la vérité est que Messi est le meilleur joueur au monde.
Votre sélection préférée dans le monde ?
Le Brésil, indiscutablement.
Votre plat préféré ?
Le chakhchoukha de ma mère.
Quel défaut voyez-vous en vous ?
Je suis trop timide et, parfois, il faut se débarrasser de sa timidité.
Et votre principale qualité ?
Je suis doux et ne cherche jamais les problèmes.
Votre souhait ?
Ayant
fait toutes les sélections de jeunes, j’aimerais être retenu dans la
sélection des locaux, puis dans la sélection nationale afin de
contribuer à écrire l’histoire du football national et avoir la
reconnaissance de tout un pays.
Est-ce
vrai que vous avez un frère qui avait joué au football et dont on dit
qu’il est meilleur que vous, mais qu’il a été trahi par la malchance ?
Meilleur
quoi ? Non, je joue mieux que lui (rires) ! Sérieusement, il avait du
potentiel, mais son erreur a été d’avoir signé très jeune à l’ES Sétif à
l’époque où Issaâd Bourahli y jouait et il n’avait pas pu s’imposer
devant lui, ce qui l’avait obligé à jouer après pour des clubs moyens.
J’ai tiré la leçon de sa mésaventure et c’est pour ça que je n’ai pas
voulu brûler les étapes.
Un dernier mot pour les supporters du RCK, du NAHD et de votre nouveau club, la JSK ?
Aux
supporters du RCK, je dirai que je n’oublierai jamais le club qui m’a
formé et m’a révéler. Je suis peiné de voir l’état dans lequel se trouve
actuellement le club et par le fait que la gestion catastrophique a
obligé les enfants de Kouba de partir vers d’autres clubs. Pour le NAHD,
je garde de très bons souvenirs de ce club qui m’a permis de percer.
Quant à la JSK, je promets à ses supporters qu’ils verront une grande
équipe la saison prochaine. De même, je dis aux Algériens que nous
ferons tout pour remporter la Coupe du monde militaire.