Madani Mezrag n’est pas inquiété pour ses déclarations, La classe politique dénonce un traitement de faveur

Madani Mezrag n’est pas inquiété pour ses déclarations,  La classe politique dénonce un traitement de faveur

Si Madani Mezrag n’est pas inquiété, c’est parce qu’il a conclu des arrangements aussi bien avec l’armée qu’avec le président Bouteflika, dans le cadre de la concorde civile et de la Charte de la réconciliation nationale”, affirme l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi.

L’ancien chef de l’AIS, bras armé du FIS dissous, Madani Mezrag, auteur d’une menace publique à l’endroit du chef de l’État, n’est pas inquiété, alors que la justice s’est vite mise en branle dans le cas du général à la retraite Benhadid et la force publique a promptement exécuté l’ordre de mettre des scellés à la chaîne de télévision El-Watan TV.



Quel est le secret de ce traitement de faveur réservé à cet ancien chef  terroriste qui s’est repenti, au milieu des années 1990, dans le cadre de la loi sur la rahma ?  Pour les représentants des partis de l’opposition que nous avons pu interroger, ce traitement ne peut que procéder d’un accord passé avec les pouvoirs publics. “Il y a certainement une bonne relation entre Madani Mezrag et le pouvoir qu’on ne connaît pas. Sinon, comment expliquer le fait que la chaîne El-Watan soit fermée et poursuivie pour avoir invité Mezrag dont les propos sont jugés comme portant atteinte à la République, alors que ce dernier n’a pas été interpellé ?”, se demande le président du Mouvement de la société de la paix (MSP), Abderrezak Makri, estimant qu’“il y a quelque chose d’incompris dans cette affaire, il y a du flou”.

Néanmoins, cela ne l’étonne pas outre mesure, tant que, dit-il, “on vit dans le pays de l’opacité et non pas de la démocratie, et ce n’est pas par de telles méthodes que l’Algérie va sortir de la crise”. Le commentaire n’est pas vraiment distinct chez Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication, pour qui les pouvoirs publics se retrouvent aujourd’hui “otages de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui reste unique en son genre dans le monde”.

Et ce n’est pas que de l’ironie lorsqu’il ajoute que cette charte consacre le principe de “la justice dans la mesure du possible”. “Personnellement, je ne suis pas surpris. Cela est conforme à la politique algérienne depuis l’Indépendance. Cette politique de ne tenir compte que des capacités de nuisance des adversaires du pouvoir. Ce terroriste qu’est Madani Mezrag qui s’est

repenti n’est ni un modèle de société, ni de citoyenneté, encore moins porteur d’aucun projet politique. Aujourd’hui, s’il n’est pas inquiété, c’est parce qu’il a conclu des arrangements aussi bien avec l’armée qu’avec le président

Bouteflika, dans le cadre de la

concorde civile et de la Charte de la réconciliation nationale”, soutient encore Rahabi, qui estime que Mezrag, qui a bénéficié de la mansuétude des

autorités, devrait se satisfaire de cela et “se taire”.

Pour sa part, Smaïl Saïdani, secrétaire national chargé des relations extérieures de Jil Jadid, regrette qu’“actuellement, l’Algérie est un État de non-droit dans lequel, un terroriste notoire qui a reconnu avoir tué des jeunes appelés a été amnistié et élevé au rang de personnalité nationale, alors que ceux qui ont, au péril de leur vie, combattu le terrorisme pour maintenir l’État-nation se trouvent persécutés par le système de Bouteflika”.

Cette persécution, qui, déplore-t-il, touchait des responsables de partis politiques, les gens de la presse et les représentants des associations, s’étend, désormais, aux militaires. “Ces gens sont en train de payer un autre tribut”, a-t-il dénoncé, non sans s’en prendre particulièrement à Ahmed Ouyahia, président du RND et néanmoins chef de cabinet du président Bouteflika, qui a mis en garde récemment l’opposition et la presse et leur a demandé de “tenir leur langue”.

Le même Ouyahia qui, rappelle encore le représentant de Jil Jadid, a “évité d’évoquer Madani Mezrag, feignant d’oublier qu’il l’avait auparavant invité et reçu dans son bureau, à la présidence de la République, pour recueillir son avis sur la révision de la Constitution, loi suprême du pays”. Et d’ajouter, pour mettre en exergue cette politique de deux poids, deux mesures : “Par contre, il a osé parler du général Benhadid qui a été kidnappé sur une autoroute sans qu’aucune plainte soit (encore) déposée contre lui”, se lamente-t-il.