Macron envisagerait un référendum: Un pari audacieux

Macron envisagerait un référendum: Un pari audacieux

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Introduit par Charles de gaulle, architecte de la Constitution de 1958, ouvrant la page de la Vème République, le référendum visait à contrebalancer les multiples pouvoirs conférés au chef de l’Etat.

L’acte XIII des Gilets jaunes ayant montré que le mouvement n’est pas prêt de s’essouffler contrairement au pari du gouvernement français qui mise sur une démobilisation graduelle et illustrée par les chiffres, le débat pour éteindre cette fronde inédite concerne désormais l’organisation d’un référendum pour la première fois depuis 14 ans en France. Partisans et opposants s’affrontent aussi bien dans les rangées de l’Assemblée nationale, les partis que dans les rues, mais ils sont nombreux à considérer qu’il s’agit là d’un projet risqué.

Or, le président français Emmanuel Macron a déclaré, lors des tous derniers débats qu’il a animés avec notamment les lycéens de Courcouronnes, dans la grande banlieue parisienne, qu’il n’y verrait aucun inconvénient si tant est que la chose puisse apporter un résultat probant. Cela dit, il entrouvre la porte à une revendication majeure des Gilets jaunes qui n’ont pas cessé au cours de leurs manifestations de le conspuer et de dénoncer sa politique sociale et fiscale. En s’investissant personnellement dans plus de sept réunions publiques convoquées à travers la France et retransmises en direct par des télévisions pendant plus de cinq à sept heures, il a certes regagné quelques bribes de sa popularité perdue mais le doute subsiste quant à son intention réelle de prendre en compte les attentes et les doléances d’une grande partie de la population.

En outre, il va falloir dresser un bilan et un programme de réponses concrètes aux centaines d’heures de débats et plus de 700.000 contributions enregistrées sur Internet et là aussi, on imagine que la tâche, sans être insurmontable, ne sera pas de tout repos. «A un moment donné je serai peut-être amené à demander à nos concitoyens s’ils (sont d’accord) sur telle ou telle chose», a répondu, en début de semaine, Emmanuel Macron. Il confirmait par-là même sa disponibilité pour l’organisation d’un référendum qui, disent certaines sources depuis, pourrait avoir lieu en même temps que le scrutin des élections européennes, c’est-à-dire le 26 mai. Introduit par Charles de gaulle, architecte de la Constitution de 1958, ouvrant la page de la Vème République, le référendum visait à contrebalancer les multiples pouvoirs conférés au chef de l’Etat. Ainsi,

De gaulle a concrétisé son engagement en convoquant trois référendums gagnants et un quatrième sanctionné par un désaveu de sa proposition de réforme du Sénat, ce qui a entraîné sa démission. Tous les chefs d’Etat successifs ont gardé en mémoire cet épisode dissuasif et on comprend pourquoi ils ont tous rechigné à interpeller le peuple puisque depuis 1939, il n’ y’a eu en France que cinq référendums dont le plus récent, en 2005, portait sur un projet de Constitution européenne rejeté par les Français. Pour le président en exercice à cette époque, Jacques Chirac, ce fut un échec cuisant. Mais aujourd’hui, il semble que la démarche ne soit pas redoutée par Emmanuel Macron, en quête d’une stratégie pour se dépêtrer de la crise la plus grave de son quinquennat.

Quelques mois après l’annonce d’une série de mesures à hauteur de 10 milliards d’euros, censées apaiser la colère des Gilets jaunes, la France continue à vivre au rythme des manifestants du samedi, avec parfois des incidents violents et des centaines de blessés plus ou moins graves, et même une dizaine de morts. L’assurance donnée par le chef de l’Etat selon laquelle le grand débat national auquel sont conviés depuis quelques semaines les Françaises et les Français donnera lieu à de profonds changement n’a pas l’heur de contenter grand monde et les Gilets jaunes maintiennent une pression devenue inquiétante.

Car le reproche qu’ils font au pouvoir est de ne pas être réellement à leur écoute, de mener une politique décidée par des élites politiques totalement coupées des réalités du pays et donc disqualifiées, voire discréditées. C’est dire si, dans ces conditions, le projet du président Macron est un pari à la fois audacieux et ô combien incertain.