Macron devient président la veille du 72e anniversaire des massacres du 8 mai 45: Une élection, une date et des engagements

Macron devient président la veille du 72e anniversaire des massacres du 8 mai 45: Une élection, une date et des engagements

Candidat, il avait longtemps défendu sa position qualifiant de «crime contre l’humanité» le colonialisme. L’ironie du sort a voulu que le nouveau président français Emmanuel Macron soit élu la veille d’une date ayant toujours marqué l’histoire, la mémoire commune de l’Algérie et de la France.

Aujourd’hui, à Alger comme à Paris, il est question de commémorer les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, qui ont fait des milliers de victimes innocentes. Si pour la majorité des français, le 72e anniversaire de ces tragiques événements pourrait passer à coté des réactions – voire de la joie d’une grande partie – postélectorales, pour le locataire du Palais de l’Elysée, ce sera un moment symbolique. Macron, appelé à s’adresser aux français ne manquera certainement pas d’avoir, ne serait-ce qu’une pensée, aux victimes de ces massacres. Lui qui s’est battu corps et âme et contre tous pour ses idées et ses positions sur «la barbarie» du colonialisme.

Les critiques l’ont suivi, d’ailleurs, jusqu’à la dernière minute. Marine Le Pen, sa rivale au deuxième tour de l’élection, l’a violemment attaqué lors du ‘’face-à-face’’. «Y a-t-il quelque chose de plus grave, quand on veut être président de la République, que d’aller à l’étranger pour accuser le pays qu’on veut diriger de crime contre l’humani-té ?», avait lancé la leader du Front National, accusant Macron d’avoir «insulté» le peuple français.

Pour son mandat, d’ores et déjà, on peut imaginer que la date du 8 mai accompagnera le nouveau président français durant les prochaines 5 années, à chaque fois qu’il est appelé à faire une halte pour ‘’fêter’’ l’anniversaire de son élection. Reste à savoir si l’acte allait accompagner le discours. Emmanuel Macron qui, en déplacement en Algérie en février dernier, avait qualifié la colonisation qui fait partie de l’histoire française de «crime contre l’humanité», et d’«une vraie barbarie», ira-t-il jusqu’au bout de ses paroles en tant que candidat ? Il y a 3 mois, le candidat d’En Marche considérait que cette barbarie «fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes». Présentera-t-il ces excuses au nom du peuple français ?

Il s’agit d’une question tellement complexe qu’il est difficile de se lancer dans des réponses hasardeuses. Durant plusieurs années, le dossier de la mémoire et de l’histoire entre l’Algérie et la France a constitué un sujet à débat, voire un facteur de blocage dans l’avancement des relations. De Jacques Chirac à François Hollande en passant par Nicolas Sarkozy, ce débat a toujours botté presque en touche. Chacun y était avec un chemin qui visait, plus au moins à ne pas froisser les défenseurs des ‘’effets positifs du colonialisme’’ et à ne pas en arriver aux excuses. Est-ce le temps de franchir cette ligne rouge ? L’évolution du mandat présidentiel en dira plus.

Pourtant, il faut dire que l’élection de Macron intervient au moment où même au sein de la société française, il y a de plus en plus d’adhésion à ce nouveau regard envers son passé. Le fait que, depuis 2015, plusieurs villes françaises à l’image de Paris ou sa banlieue Rennes et Givors, ont adopté des résolutions en faveur de la reconnaissance par la France de la répression de 1945, témoigne d’une évolution de l’opinion par rapport à la question du passé colonial.

Les jeunes générations ont une perception différente de celle de leurs aînés. De l’autre coté, ici en Algérie, l’arrivée de Macron au pouvoir pourrait constituer l’occasion idéale de relancer la demande de repentance tant mise au placard sous le règne des précédents présidents. Tant que la volonté existe chez les deux gouvernements de tourner la page de l’histoire pour pouvoir bâtir l’avenir, autant faire le pas et passer aux choses sérieuses…