PARIS – Une cinquantaine de personnalités françaises et étrangères ont appelé jeudi le président Emmanuel Macron à mettre « tout en œuvre » pour permettre à Claude Mangin, en grève de la faim illimitée, de rendre visite à son mari Naâma Asfari, prisonnier politique sahraoui au Maroc.
La militante française pour la cause sahraouie, rappelle-t-on, est entrée en grève de la faim le 18 avril dernier pour protester contre son interdiction par les autorités marocaines de rendre visite à son époux, le militant sahraoui Naâma Asfari, condamné à 30 de prison.
« Nous appelons le président de la République française et son gouvernement à mettre tout en œuvre pour que les autorités marocaines permettent à Claude Mangin-Asfari de pouvoir rendre visite à son mari Naâma Asfari », ont écrit les signataires de l’appel, dont une copie est parvenue à l’APS, ajoutant que la France « sait se montrer généreu(se) quand le roi du Maroc a besoin de soins, et nous espérons en retour un geste d’humanité de sa part ».
L’appel a été signé par des élus, maires, députés, religieux, sénateurs, politiques, journalistes, juristes, artistes, universitaires, chercheurs, militants associatifs, ainsi que par des personnalités américaines et australiennes.
Les signataires ont rappelé dans leur appel que Claude Mangin-Safari, citoyenne française et enseignante dans un collège de la région parisienne, s’est vue refuser le 16 avril dernier, pour la quatrième fois en près de deux ans, l’accès au territoire marocain, « sans motif exprimé », soulignant que ce refus « équivaut à une interdiction de visite à son mari, soit une atteinte grave à son droit élémentaire à une vie privée et familiale ».
« Nous considérons que ces interdictions de séjour constituent des représailles, à l’encontre de Naâma et de son épouse, qui violent les recommandations du Comité contre la torture de l’ONU (CAT) », ont-ils affirmé, rappelant que l’avis définitif du CAT, rendu le 12 décembre 2016, a reconnu concernant Naâma la violation par l’Etat marocain de plusieurs articles de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Le CAT avait invité expressément le royaume du Maroc « à s’abstenir de tout acte de pression, d’intimidation ou de représailles susceptibles de nuire à l’intégrité physique et morale du plaignant et de sa famille et de permettre au plaignant de recevoir des visites de la famille en prison ».
Le Maroc, soutenu par la France, interdit depuis des mois des visites aux prisonniers sahraouis détenus dans ses prisons, ainsi que celles des militants des droits de l’homme. On dénombre au total 350 personnes interdites de se rendre au Maroc.
En février dernier, deux avocates, Ingrid Metton et Olfa Ouled, du groupe des 24 militants sahraouis de Gdeim Iziz, détenus au Maroc depuis plus de sept ans, ont été interdites d’entrer au Maroc.
Les deux avocates, du barreau de Paris, qui avaient défendu les militants sahraouis lors des audiences de leur procès en appel, entre janvier et mai 2017, à la Cour d’appel de Rabat-Salé, ont voulu rendre visite à leurs clients suite à des informations faisant état des mauvais traitements qu’ils auraient subis en prison, rappelle-t-on.
Dix-neuf militants sahraouis, rappelle-t-on encore, ont été lourdement condamné le 19 juillet 2017, au terme de ce procès où les seules preuves présentées restent des aveux signés sous la contrainte. Les prisonniers politiques sahraouis ont été dispersés dans 7 prisons à travers le territoire marocain.