Machaâl Ramadhan à Mila: Le flambeau s’éteint après plus de 50 ans de service

Machaâl Ramadhan à Mila: Le flambeau s’éteint après plus de 50 ans de service

L’homme qui l’entretenait, Kchicho Djameleddine en l’occurrence, y a renoncé après l’ouverture d’une mosquée à proximité des agglomérations.

Le flambeau qu’on allumait pour annoncer le moment de la rupture du jeûne, plus connu par El-Machaâl, a cessé de s’allumer en ce mois sacré de l’année 2016. Pratiquée depuis le mois de Ramadhan 1964, la flamme de paille et de branchettes qu’on allumait sur les hauteurs de la commune de Sidi Merouane pour annoncer le moment du ftour s’est éteinte cette année.

L’homme qui l’entretenait, Kchicho Djameleddine en l’occurrence, y a renoncé après l’ouverture d’une mosquée à proximité des agglomérations qui n’entendaient pas l’appel du muezzin par le passé. Initié en 1964 par un imam (Mohammed Kchicho) de la région de Fedj El-Kharoub, à la demande des habitants de Mekhenache et de Tadrar, qui n’entendaient pas l’appel d’el-maghreb, le flambeau de Ramadhan a été entretenu, après la mort du cheikh en 1981, par Djameleddine, son fils aîné. Pendant pratiquement cinquante et un ans, ce flambeau a servi de signal lumineux pour des centaines de jeûneurs des régions enclavées nommées plus haut. “Avant Ramadhan de l’année 1964, un groupe d’hommes de Makhenache et de Tadrar sont venus et ont demandé à mon père, alors enseignant de Coran, de les avertir du moment du ftour au moyen d’un signal lumineux, car ils n’entendaient pas l’appel du muezzin. C’est comme ça qu’El-Machaâl est né. Après la disparition de mon père, en 1981, je l’ai relayé dans cette tâche jusqu’en 2015.

Aujourd’hui, El-Machaâl n’a plus sa raison d’être, les régions de Makhenache et Tadrar étant maintenant à la portée de l’appel du muezzin”, nous dira K. Djameleddine, 67 ans. Selon son frère cadet, Mokhtar, la cinquantaine, la famille des Kchicho a voulu persuader Djameleddine en lui demandant de continuer d’allumer le flambeau, ne serait-ce que pour sa symbolique, mais celui-ci a été catégorique. “Chaque chose a sa fin. Personne ne rompra aujourd’hui sa journée de jeûne en regardant El-Machaâl”, rapporte Mokhtar. Une réponse, du reste bien fondée, qui met fin à une tradition qui aura duré plus d’un demi-siècle. Rappelons que par le passé, les enfants des régions enclavées se mettaient à entonner des chants, dès que s’allumait le flambeau sur la colline de Fedj El-Kharoub. Ils disaient : “El-Machaâl s’est allumé, que les jeûneurs déjeunent.” Ces joyeux gazouillis d’enfants dans les ruelles disparaissent également. Autres temps, autres mœurs.

LG Algérie