Le MSP s’est inscrit de plain pied dans les préparatifs de son cinquième congrès, prévu pour mai prochain, en initiant des conférences thématiques et des rencontres régionales ayant pour objectif de peaufiner des plans d’action et des visions nouvelles au parti.
Ces « cartes » seront soumises à ce congrès, qui se veut « moral » plus que « politique », a affirmé, hier, Naamane Laouar, président de la commission de préparation de ce congrès lors d’une conférence organisée au siège du parti ayant pour sujet « L’approche socioéconomique du MSP à long terme ». Il a laissé entendre qu’il est grand temps d’offrir des alternatives futuristes, notamment sur le plan économique, relevant dans ce sillage « l’embellie financière » qui, selon lui, « ne se répercute nullement sur le quotidien des citoyens ». Aboudjerra Soltani, président du parti a indiqué, quant à lui, que cette conférence intervient à l’occasion du 42e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, principale ressource du pays depuis l’Indépendance. 98% des exportations sont issues des ressources pétrolières et il suffit d’une petite « secousse » pour que tout bascule, dira-t-il, faisant allusion à l’attentat de Tiguentourine ayant ciblé l’un des plus importants sites gaziers du Sud. M. Soltani a fait remarquer que l’approche économique du MSP a pour toile de fond les soulèvements populaires arabes qui ont été incapables de stimuler une nouvelle réalité économique, la disparition du discours idéologique qui a cédé place à une vision purement économique, et la justice sociale qui souffre davantage de disparités et de différences dans chaque domaine. D’un ton ferme, il a affirmé que le prochain gouvernement sera jugé économiquement et non pas politiquement, faisant savoir qu’il ne croit plus aux visions de l’actuel exécutif, « en mal de coordination et de dynamisme ». Il existe, selon lui, sept freins au développement économique du pays dont : « la dépendance aux hydrocarbures, la dominance de l’esprit rentier, l’ingérence du politique dans l’économique, la bureaucratie du climat des affaires et l’impuissance de l’appareil judiciaire ». Il cite, à ce titre, l’exemple de l’affaire Sonatrach que la justice algérienne doit gérer « en toute indépendance » compte tenu de l’implication de la justice italienne dans le dossier. Dans ce cadre, il évoque, également, le frein « de la corruption » devenue, aujourd’hui, un phénomène structuré et transnational, et la faiblesse toujours de mise des infrastructures de base. El Hachemi Djaaboub, ex-ministre du Commerce a, lui aussi, dressé un tableau noir sur la situation économique du pays. Il désapprouve, notamment, le fait de tromper le peuple lors des élections, alors que constitutionnellement, « les programmes économiques des partis politiques ne sont pas pris en compte dans la mesure où seul le programme présidentiel est applicable par le Premier ministre et l’équipe gouvernementale ». Il suggère que la prochaine constitution accorde, à l’avenir, au Parlement le pouvoir de « plafonner les dépenses de l’Etat ». Il a proposé, également, la mise en place d’un fonds d’investissement et le renforcement du secteur public qui ne cesse de gagner du terrain au détriment du secteur privé.
Karima Alloun