M. Slim Othmani, P-DG de NCA Rouiba « Le processus de mise en bourse n’est pas incitatif’

M. Slim Othmani, P-DG de NCA Rouiba « Le processus de mise en bourse n’est pas incitatif’
m-slim-othmani-p-dg-de-nca-rouiba-le-processus-de-mise-en-bourse-nest-pas-incitatif.jpg

L’entrée en bourse de la NCA Rouiba continue de susciter des réactions dans le monde de l’industrie en Algérie. Nous nous sommes rapprochés du responsable de cette entreprise familiale au niveau de son unité dans la zone industrielle de Rouiba pour avoir son avis sur la question.

L’Econews : depuis l’installation de la bourse d’Alger il y a quelques années, les sociétés qui y sont cotées se comptent sur les doigts d’une seule main. A quoi attribuez-vous cette réticence de la part des entreprises algériennes ?

M. Slim Othmani : Je crois que cette question est plutôt liée à l’encouragement, à l’accompagnement et aussi à l’environnement juridique du processus de mise en bourse qui n’est pas suffisamment clarifié et qui n’était pas incitatif. Il y avait, certes, une volonté politique mais elle n’était pas suffisamment marquée et elle ne se traduisait pas dans les faits par un ensemble d’instruments ou d’outils qui permettent ou qui incitent l’entreprise à aller vers la bourse pour lever de l’épargne.

Ce qui m’inquiète, par contre, c’est que j’ai l’impression que les gestionnaires des entreprises boursières et certains actionnaires n’aient pas compris que l’investissement en bourse, ce n’est pas acheter des actions et d’en attendre les dividendes. La bourse, c’est acheter des actions à la lumière de certaines informations qui permettent d’étayer votre jugement en pensant que ces titres vont prendre de la valeur, qu’ils peuvent générer des dividendes, mais ce n’est pas sur cela que vous capitalisez. La bourse est un placement qui comporte une partie de risques et nécessite beaucoup de lecture et de communication entre les gestionnaires de l’entreprise et les investisseurs en suscitant leur intérêt pour le secteur d’activité dans lequel intervient l’entreprise et des facteurs pouvant influer sur l’avenir ou le présent de l’entreprise.

Les fluctuations du marché international du sucre ont-elles eu des répercussions sur le prix de vente de vos produits ?

Il y a eu, à un moment donné, une très forte hausse du prix du sucre, nous l’avons amorti de deux façons. La première façon, c’est que nous avons réduit sensiblement la quantité de sucre dans nos produits. En conséquence, nous avons reçu des remontrances de la part des consommateurs friands de sucre. Cela nous a obligé alors à augmenter un peu le prix de vente de nos produits pour compenser cette perte qui était très importante. Aujourd’hui, on n’a pas la maîtrise du prix du sucre, on essaye en général de fixer avec notre fournisseur principal un prix pour l’année qui est parfois difficile à respecter.

Quel a été l’apport du Fonds Africinvest au sein de votre société ?

Le Fonds d’investissement a permis à notre entreprise d’avoir un apport financier qu’elle ne pouvait pas obtenir au niveau du secteur bancaire. La raison est simple, c’est que le système bancaire est régi par des règles prudentielles qui sont matérialisées par des ratios. Nous étions au plafond des ratios. On avait une croissance à deux chiffres extrêmement forte et nous étions au-dessus de ce que l’on appelle la croissance soutenable par l’entreprise. Il fallait donc rapidement injecter de l’argent.

Le Fonds nous a ouvert les portes à un réseau international où on pouvait tester quelques idées concernant notre activité et la façon de la gérer. Africinvest a la particularité d’être un fonds institutionnel, donc l’argent appartient à des Etats et non pas à des individus, et a pour vocation d’accompagner le développement et la croissance des entreprises sur le continent africain. Les hommes qui gèrent ce fonds ont tout de suite compris notre engagement et notre détermination à faire de notre entreprise un véritable leader aussi bien au niveau du marché national que sur le plan régional.

Hamdane S.