M’ sila : 25 000 scorpions collectés

M’ sila : 25 000 scorpions collectés

M’ sila a le triste privilège d’occuper une bonne place dans le tableau de l’envenimation scorpionique.

Depuis des années déjà, le fléau de l’envenimation scorpionique n’a jamais été solutionné de façon radicale dans la région de M’ sila. En 2008, près de 4 600 personnes ont été victimes de piqures de scorpions, parmi elles, 20 décès comptabilisés. Entre 2008 et 2009, 25 morts recensés pour les seules communes de Magra (626 cas), Boussaâda (445) et M’sila ( 405 ), soit 52% de l’ ensemble du territoire de la wilaya, selon les chiffres relevés par la Direction de la santé. Les enfants sont les plus exposés, surtout ceux résidant en zones rurales éloignées où l’évacuation est difficile, voire impossible. Dans le

cadre de la lutte contre l’envenimation scorpionique, la Direction de l’Action sociale (DAS) a financé 124 petits projets à l’issue desquels plus de 25 000 scorpions dont 7 500 dans la localité de Mouilha ont été collectés, et remis à l’annexe de l’institut Pasteur, pour la fabrication du sérum. Une prise globale excédentaire puisque 1 000 arachnides furent brûlés. L’analyse des données a montré qu’après une collecte de 150 000 scorpions durant l’année 2000, le nombre de piqures a chuté pour atteindre les 1 237 cas dont 2 décès contre 4 613 cas et 7 morts avant l’opération.

Néanmoins, la sonnette d’alarme est tirée. Et ce grave problème relance plus que jamais le débat sur la sensibilisation, la prévention, et une meilleure prise en charge des victimes, notamment dans les villages reculés qui ne disposent pas de salles de soins à même d’assurer une sérothérapie. En matière de spécialistes, la cause est entendue, et en cas d’envenimation sévère c’est l’ischémie, puis la mort. C’est dire aussi que la prolifération inquiétante des scorpions est devenue un problème de santé publique.

Une situation s’expliquant, en partie, par l’ absence d’éclairage public, la rurbanisation, les ordures ménagères et l’ insouciance des

enfants qui marchent, pieds nus, alors que sous chaque pierre il y a le terrible Androctanus Australis surnommé « tueur d’ hommes » (lire nos précédentes éditions). Du fait de la dégradation de l’environnement urbain à M’ sila, le scorpion, sévissant traditionnellement en milieu rural, a envahi dangereusement les villes. Ils sont partout, dans les véhicules en stationnement, les décharges à ciel ouvert, dans les canalisations de lavabos et même à l’intérieur des climatiseurs en quête de… fraîcheur. Certaines familles, n’ont pour bouclier qu’un sac de jute mouillé mis au pas de la porte, la fraîcheur retient le scorpion jusqu’ aumatin. D’autres élèvent chats, poules, dindes et hérissons, prédateurs naturels du scorpion sévissant entre les mois de mai et septembre, avec des pics durant le mois d’août. Si les piqures légères et moyennes nécessitent hospitalisation de 6 heures sous surveillance clinique, les piqures sévères réclament sous peine de mort certaine, la présence d’un spécialiste en réanimation et soins intensifs durant 3 jours au moins. Plus loin, la wilaya de Djelfa recense annuellement 3 000 cas au niveau des seules communes de Aïn-Oussera, Messaad, Hassi-Bahbah .

Abderrahmane Missoumi