M. Redha Malek au Forum d’El Moudjahid : “Le GPRA n’a rien cédé sur les principes du 1er Novembre”

M. Redha Malek au Forum d’El Moudjahid : “Le GPRA n’a rien cédé sur les principes du 1er Novembre”

Porte-parole du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Rédha Malek était au cœur même des accords d’Evian. Invité, hier au Forum d’El Moudjahid par l’Association Machaâl Echahid, il a, 50 ans après, évoqué par le menu comment se sont déroulées les négociations à l’issue desquelles ont été signés des accords arrachés dans la difficulté. Et suivis pour la première fois

par une poignée de main entre les membres des délégations algérienne et française.

Encore une fois le Centre de Presse d’El Moudjahid s’est avéré trop exigu pour contenir, des diplomates, des journalistes et des représentants de la société civile venus en force assister à la conférence animée par M.Redha Malek. L’auteur de l’Algérie à Evian, a fait salle comble. Il faut dire que le thème « les négociations algéro- françaises de Melun aux Accords d’Evian » est frappé du sceau de l’Histoire et présenté par un témoin de l’Histoire. A 80 ans, Redha Malek, le seul membre de la délégation algérienne encore en vie a la mémoire intacte. Les lieux, les dates, les noms il s’en souvient comme si cela datait d’hier. Un demi-siècle après, il raconte au détail prés tous les pourparlers entamés, depuis 1955, avec les autorités françaises dans le secret et couronnés par les négociations officielles d’Evian. Le 18 mars 1962, il y a, exactement cinquante ans, jour pour jour, le gouvernement français et les représentants du GPRA à leur tête Krim Belkacem (vice-président du GPRA) signaient à Evian les accords qui allaient conduire à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie. Avec une précision de taille. La déclaration générale d’Evian a été rédigée par la partie algérienne. Mais l’aboutissement des négociations longues, dures et laborieuses s’est fait dans la difficulté comme tient à le rappeler M. Malek. La délégation algérienne mandatée par le GPRA s’était fixée trois objectifs, ou plutôt trois principes fondamentaux inscrits déjà dans la proclamation du 1er Novembre 1954 en l’occurrence, l’Unité nationale, l’Unité du peuple, et l’Indépendance et la souveraineté totale de l’Algérie. « Nous étions très déterminés, quant à la question de l’unité du territoire surtout concernant le Sahara que De Gaulle persistait à vouloir garder. C’était un point de divergence fondamental qui a fait buter les pourparlers à plusieurs reprises. Le général « voulait une Algérie coupée de son Sahara qu’il considérait comme un territoire français ». Les négociations se sont heurtées aussi sur le statut du million d’Européens qui vivaient en Algérie (De Gaulle rêvait de « permettre à un million d’Européens d’obtenir la nationalité algérienne », se souvient Rédha Malek) et les bases militaires françaises, comme Mers-el-Kébir dont De Gaulle voulait faire un « Gibraltar français », explique-t-il avec un large sourire. Le conférencier a également rappelé le retrait de la délégation algérienne au cours des négociations de Lugrin et son entêtement à inscrire la question du Sahara algérien au menu du dernier round des négociations. Pour revenir aux contacts qu’ont essayés les autorités françaises d’établir avec le FLN, elles n’ont jamais cessé avec l’espoir de mettre fin à une guerre mais sans restituer aux algériens leur droit à la liberté. C’est ainsi, dira M.Malek « nous avons refusé tout contact avec la France si elle n’accepte pas le principe de l’Indépendance de l’Algérie.

Et après plusieurs tentatives qui se sont avérées infructueuses, le premier contact est intervenu en mars 1961 par l’intermédiaire de Georges Pompidou. Au départ il voulait que parmi la délégation figureraient Messali EL Hadj et les élus algériens dans l’assemblée française. « Nous avions refusé, et nous avons dit les négociations se feront avec les représentants du GPRA » A propos du Sahara, il nous avait dit en ces termes « Vous voulez un cadeau ? » Quand à Louis Joxe il disait qu’il n’y avait pas de peuple algérien. Ils voulaient aussi un cessez-le-feu avant d’entamer les négociations. Là aussi la partie française a essuyé un refus catégorique de la part de la délégation algérienne. C’est ainsi que le cessez-le-feu n’est entré en vigueur qu’au lendemain de la signature des accords d’Evian. C’est-à-dire le 19 mars 1962 à midi.

Nora Chergui

Recueillement au cimetière d’el Alia

Kawtar et Karima Krim, les deux filles de Krim Belkacem, Si Rabah, le négociateur des Accords d’Evian, le lion du Djebel ont rendu, hier un hommage à leur père enterré au carré des Martyrs, au cimetière d’El Alia. En compagnie de leur famille et des proches du défunt, elles se sont recueillies à la mémoire du père et chef historique. Il y a lieu de noter que M. Rédha Malek a, avant d’entamer la conférence, rendu un vibrant hommage au signataire des Accords d’Evian. « Une pieuse pensée à la mémoire de ce militant de la cause algérienne » a-t-il souligné.