Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), M. Ahmed Ouyahia, s’est dit opposé samedi à Alger à l’utilisation par la Turquie, à des fins politiques propres, de la colonisation française en Algérie, dans la polémique suscitée par une loi du Parlement français criminalisant ce qu’il qualifie de « génocide » arminien. « Nous disons à nos amis (turcs) de cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce », a déclaré M. Ouyahia lors d’une conférence de presse animée au lendemain d’une réunion du conseil national de son parti.
« Personne n’a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce », a asséné le secrétaire général du RND qui répondait à une question sur les déclarations d’officiels turcs sur les crimes commis par la France durant la colonisation de l’Algérie. Considérant la Turquie comme un pays « ami », il a néanmoins rappelé que ce même pays qui est membre de l’Alliance atlantique (OTAN), « avait voté contre la question algérienne de 1954 à 1962 ».
« La Turquie qui était membre de l’OTAN, pendant la guerre d’Algérie, et qui l’est encore, avait participé, de part sa qualité de membre de cette Alliance à fournir des moyens militaires à la France, dans sa guerre en Algérie, au moins par l’achat d’une bombe larguée en Algérie ou d’une balle tirée contre des Algériens », a encore souligné M. Ouyahia.
Dans une brève rétrospective des relations entre l’Algérie et la Turquie, il a rappelé que la flotte militaire algérienne ayant pris part à la bataille de Navarin, en 1827, opposant les Ottomans à la coalition militaire française, anglaise et russe, « a été entièrement détruite ».
« Même le Dey Hocine (Dey de la régence d’Alger au moment du débarquement des troupes militaires française à Alger en 1830) avait quitté le pays trois jours après l’invasion d’Alger par les troupes militaires du Roi Charles Dix », a-t-il encore rappelé.
Au plan interne, M. Ouyahia a qualifié la demande, aujourd’hui, d’une loi criminalisant la colonisation française en Algérie, « de carte politique, pas plus ». Ainsi, pour le secrétaire général du RND, une telle demande peut-être assimilée à un désaveu des dirigeants algériens depuis 1962, « pour la simple raison qu’ils n’avaient pas élaboré une loi sur la criminalisation de la colonisation en Algérie ».
Il a estimé, dans ce cadre, que défendre la Révolution algérienne passe par l’édification d’une Algérie forte, citant à ce titre l’exemple de la Chine, pays qui ne pouvait pas dans le passé imposer à la Corée ou au Japon une demande similaire.
« Pourtant, aujourd’hui, tout le monde a retrouvé le chemin de la soie », a-t-il dit à propos du retour de la Chine sur la scène internationale en tant que puissance, alors qu’elle avait été colonisée par le passé