Une académie nationale de médecine sera créée «d’ici trois mois» en Algérie avec l’objectif de fédérer toutes les compétences nationales en la matière et préparer les élites de demain, a annoncé vendredi à Paris le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès.
Le ministre s’exprimait à l’APS au sortir d’une entrevue avec le président de l’Académie française de médecine, M. André-Laurent Parodi, et son secrétaire perpétuel, M. Jacques-Louis Binet, personnalités qu’il a sollicitées pour «accompagner» le projet algérien. «Nous venons de jeter un nouveau jalon dans les relations algéro-françaises en lançant la création d’une académie de médecine en Algérie avec des compétences nationales ayant pour principale mission de préparer l’avenir des élites dans ce domaine», a-t-il indiqué. Pour ce faire, le ministre a chargé le professeur algérien Mostefa Keddari, membre élu depuis 2007 en qualité de correspondant étranger à l’Académie nationale française de médecine, d’engager, au nom du ministère de la Santé, une «cellule de réflexion» au sein de l’Académie pour «préparer les textes, qui seront présentés au gouvernement, et créer dans trois mois une académie algérienne de médecine».
Lors de cette entrevue, qui s’inscrit dans la cadre de la visite de travail que M. Ould Abbès effectue depuis jeudi en France, M. Parodi a déploré qu’il n’y ait qu’un seul membre correspondant algérien au sein de l’Académie dont il assure la présidence. «Parmi nos partenaires de proximité, l’Algérie est la moins largement représentée au sein du réseau des correspondants et membres associés étrangers de l’Académie», a-t-il relevé, souhaitant voire s’exprimer davantage de candidatures (algériennes) pour «combler ce déficit» et «œuvrer au rapprochement des médecines des deux pays».
Avant ces entretiens, le ministre de la Santé avait visité les différents espaces de l’Académie française de médecine, un temple du savoir créé en 1820, considérée comme une référence en matière de santé. Elle est reconnue comme le seul réseau intégré de compétences adaptées aux besoins les plus modernes de la médecine et de la santé publique.
L’Académie compte, outre des compétences françaises, 40 membres associés étrangers et 100 membres correspondants étrangers. M. Ould Abbès est en visite de travail de trois jours en France, à l’invitation de la secrétaire d’Etat chargée de la Santé, Mme Nora Berra, avec qui il a eu des entretiens jeudi soir, ainsi qu’avec le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, M. Xavier Bertrand.
Il devait rencontrer hier des médecins algériens établis en France.
10 000 médecins spécialistes formés d’ici à 2014
Plus de 10% des médecins chôment en Algérie, alors que les zones enclavées des Hauts Plateaux et du Sud souffrent cruellement du manque de médecins, notamment de praticiens spécialistes, qui estiment que leur installation dans le sud du pays doit s’accompagner de plus de moyens de travail et d’une compensation financière.
La pénurie de médecins spécialistes dans les hôpitaux du Sud aggrave la souffrance des malades qui sont obligés de parcourir de longues distances (parfois jusqu’à 800 km) pour pouvoir trouver un médecin spécialiste dans un hôpital d’une autre wilaya.
Le ministre de la Santé a confirmé en juin dernier l’affectation au profit des médecins spécialistes de 600 logements de fonction, au niveau des wilayas du Grand Sud et des Hauts Plateaux, soulignant que 1 900 nouveaux médecins spécialistes ont achevé leur formation en 2011. A l’horizon 2014, le gouvernement annoncera la sortie de l’université de 10 000 médecins spécialistes, soit le double des spécialistes diplômés formés durant les cinq dernières années.
S. S.
Praticiens de santé publique
Les blouses blanches renouent avec la protestation à partir du 5 mars
Les praticiens spécialistes de la santé publique reprennent le chemin de la contestation à partir du 5 mars prochain par une grève cyclique de trois jours. C’est ce qui a été annoncé hier à Alger au cours d’une conférence de presse animée par le premier responsable du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), M. Mohamed Yousfi, qui a indiqué que le préavis de grève sera déposé aujourd’hui.
«Si aucune suite n’est donnée à nos revendications, on entamera une grève illimitée à partir du 19 mars», a-t-il notamment déclaré.
M. Yousfi a tenu à relever que son syndicat qui a organisé en janvier dernier des assemblées générales régionales, a convoqué son conseil national ce week-end et a décidé d’une grève cyclique à partir de cette date, après avoir cons-taté qu’ «hormis la signature d’un décret interministériel portant sur le concours de la post-graduation des médecins spécialistes le mois d’octobre dernier, le ministre de la Santé n’a pas encore décidé pour satisfaire les autres points soulevés par les praticiens spécialis- tes», souligne le premier responsable du syndicat.
Il a précisé à cet effet qu’à la fin octobre dernier, lorsque le SNPSSP a entamé un mouvement de grève, le ministre de la Santé, lors d’une réunion de conciliation avec le syndicat, avait réaffirmé son engagement à satisfaire les revendications des médecins spécialistes.
Or, déplore le docteur Yousfi, «jusqu’au jour d’aujourd’hui, il n’y a rien de concret, notamment en ce qui concerne le dossier du statut particulier et du régime indemnitaire».
Il a précisé dans ce contexte que son organisation est dans «l’impossibilité de se taire après quatre mois d’attente infructueuse. Les revendications des spécialistes restent pratiquement insatisfaites».
Le Dr Yousfi n’a pas omis de soulever, par ailleurs, le problème de l’indemnité des Hauts Plateaux et du Sud, qui est calculée, selon le syndicat, sur l’ancien salaire de base, et demande des mesures incitatives concernant le service civil ainsi que le quota national de logements de fonction et la prime d’intéressement.
Il appelle aussi à la promulgation rapide des différentes primes et indemnités communes pour les personnels. Il s’agit, notamment, des primes de garde, d’intéressement et de contagion. Le SNPSSP exige d’être associé, au même titre que tous les partenaires sociaux, à l’élaboration de la nouvelle loi sanitaire.
Sarah SOFI