M. Messahel : le renforcement de la coopération frontalière est « crucial »

M. Messahel : le renforcement de la coopération frontalière est « crucial »

Le renforcement de la coopération frontalière est « crucial » pour répondre au double défi de la sécurité et du développement, a affirmé vendredi à Bamako le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel.

« A l’évidence, le renforcement de la coopération frontalière est crucial pour répondre, non seulement au double défi de la sécurité et du développement, mais aussi pour restituer aux liens qui unissent nos pays et qui se sont, d’abord, développés entre les populations frontalières, leur véritable nature », a-t-il souligné à l’ouverture de la réunion ministérielle sur la sécurité et le développement dans la région du Sahel.

Il a rappelé que l’étape actuelle est « assurément celle de la consolidation, elle passe par la revalidation du principe de l’appropriation de nos Etats de leurs responsabilités individuelle et collective de la sécurité de notre région, l’organisation de notre action autour de l’appartenance de nos quatre pays au même champ et le renforcement des mécanismes communs de lutte antiterroriste ».

« L’efficience nous commande d’agir au plus près du champ de la menace et d’y concentrer nos efforts », a relevé M. Messahel, précisant que « c’est cet objectif que nous voulons atteindre à travers notre format de coopération à quatre ».

M. Messahel a expliqué, à ce propos, que la démarche préconisée par les quatre pays « s’inscrit dans une perspective d’institutionnalisation de nos mécanismes de concertation et d’action sur le terrain ».

« Elle décline, certes, sur une régularité de nos contacts et par la fréquence de nos consultations politiques, mais aussi par leur élargissement nécessaire à d’autres domaines de coopération », a-t-il mentionné, ajoutant que « notre objectif ultime est d’œuvrer à la sécurité de notre région, à son développement et répondre ainsi et avant tout aux attentes légitimes de nos populations ».

C’est pourquoi, a-t-il noté, « nous nous devons, dans les délais les plus proches, mettre en synergie tous les secteurs qui peuvent concourir au développement local, notamment ceux de l’intérieur et des collectivités locales, de l’agriculture, de l’hydraulique, de la santé, du commerce, des finances, de la justice, mais également ceux de l’éducation et de la culture ».

« Nous avons, certes, la mission de poursuivre notre action collective, que nous confortons et que nous affinons à chaque étape, comme nous l’avions fait en mars 2010 à Alger, mais nous restons conscients que nous devons répondre toujours et à chaque instant à l’impératif de développement et d’intégration de notre région ».

Pour le ministre délégué, cette rencontre est « un témoignage renouvelé de notre engagement individuel et collectif à renforcer la sécurité et à poursuivre le développement de notre région que nous ambitionnons de restaurer dans sa vocation d’espace de prospérité et de stabilité ».

Il a rappelé, à cet égard, que la conférence d’Alger en mars 2010 « a permis de développer une approche commune et les principes directeurs de notre région, ainsi que les moyens à mettre en œuvre ».

M. Messahel a, d’autre part, réaffirmé la volonté des pays du voisinage d’établir un partenariat avec les acteurs extra-régionaux « qui puisse répondre aux besoins de la région ».

« Ce partenariat a vocation à porter sur la formation et le renforcement des capacités, la fourniture d’équipement et de matériel adéquat et l’échange de renseignements », a-t-il suggéré.

« Il doit être également inclusif et porter, en appui aux efforts fournis par les Etats de la région, sur le développement socio-économique, soit par le biais de projets locaux bénéficiant directement aux populations des zones enclavées et déshéritées, soit à travers la contribution à la réalisation de grands projets structurants à vocation régionale », a-t-il encore précisé.

Evoquant l’environnement international et régional, M. Messahel a indiqué qu’il est « malheureusement marqué par la persistance de la menace terroriste et par des dérives porteuses de graves préjudices à la paix et à la stabilité ».

« Cela nous impose plus que jamais une dynamique de coopération régionale et de donner une forte impulsion aux mécanismes que nous avons mis en place pour répondre à la menace ponctuelle du terrorisme, mais aussi pour conforter de manière durable l’effort de développement ».

Il a rappelé que « les défis qui nous interpellent nous imposent une évaluation continuelle des situations, une planification de plus en plus pointue et une coordination plus efficace de nos actions ».

« L’ampleur que prend la circulation d’armes de plus en plus sophistiquées

dans notre région, à la faveur de la situation qui prévaut dans son voisinage

immédiat, notamment en Libye, nous dicte une plus grande vigilance et la prise de mesures additionnelles pour protéger nos frontières », a-t-il avertit. « Il nous revient, en même temps, d’agir efficacement pour répondre aux besoins les plus urgents de nos populations, en particulier dans les zones enclavées et isolées de notre région, a t-il indiqué, affirmant qu’il est, en effet, primordial d’accorder une plus grande priorité aux actions visant l’amélioration des conditions de vie et le renforcement du tissu social dans les zones démunies ».

Relevant la situation humanitaire « très préoccupante » dans les pays sahéliens, suite au départ massif de migrants africains, le ministre délégué a estimé que « cette détresse de milliers de réfugiés vient s’ajouter au lourd fardeau qui pèse sur ces pays, déjà confrontés à l’insuffisance de leurs moyens pour répondre aux besoins de leurs propres populations ».

« Il est important que la solidarité internationale se manifeste aux côtés de ces pays et de ces réfugiés », a-t-il plaidé. M. Messahel s’est dit « persuadé », enfin, que « notre engagement, sans faille et sans concession dans la lutte contre le terrorisme, ainsi que notre volonté de répondre aux besoins de développement de nos pays, seront de puissants catalyseurs dans notre entreprise coordonnée et solidaire visant à rétablir la sécurité dans la région sahélo-saharienne et asseoir les bases d’un développement durable ».