A mi-chemin entre le forum et la conférence de presse, une rencontre a regroupé hier à l’hôtel Le Meridien d’Oran le ministre de la Communication, Nacer Mehal, avec les journalistes, responsables locaux et membres de la société civile.
Une rencontre qui a permis au ministre de clarifier et de rappeler les différentes dispositions introduites par la loi sur l’information promulguée en janvier 2012 et d’évoquer les missions essentielles de la communication (y compris institutionnelle) en tant qu’outil de promotion du développement économique et social. Les journalistes, premiers concernés par l’application de cette loi, ont posé un certain nombre de questions dont la majorité renvoyait aux conditions pratiques d’exercice de la profession et des mesures à prendre pour que les aspects de loi soient respectés par les éditeurs, mais également par les différentes institutions du pays. A ce propos, le ministre a exprimé sa sympathie et sa solidarité à deux journalistes qui ont été brutalisées par des agents de l’ordre public lors de leur mission.
Un comportement dénoncé et qui a valu aux agents incriminés des sanctions de la part de leur hiérarchie. « Je suis contre toute forme d’intimidation visant les journalistes », a déclaré le ministre qui a tenu a rendre hommage à la décision de sanctionner les agents fautifs prise par le Directeur général de la Sûreté nationale. Le journaliste a des devoirs, mais aussi de droits… l’un d’eux concerne la protection dont il doit bénéficier lors de l’exercice de son métier. Il y a quelque temps, a rappelé le ministre, deux journalistes algériens ont pénétré en territoire libyen sans respecter les différentes procédures réglementaires, pourtant nécessaires et primordiales, même sur le plan de leur sécurité, envoyés par leur directeur sans aucune couverture même financière ! Il a fallu activer toute une procédure diplomatique pour «exfiltrer» ces journalistes livrés à eux-mêmes, a-t-il souligné pour illustrer l’un des innombrables problèmes dont souffre le secteur de l’information en Algérie. Et les problèmes sont nombreux ! Certains journaux fonctionnent grâce aux dispositifs mis en place par les pouvoirs publics pour favoriser l’emploi des jeunes. Ces patrons n’ont aucune charge, se contentant d’engranger des bénéfices en maintenant dans un stade «végétatif» leurs journalistes payés des caisses de l’Etat. D’autres éditeurs ne retirent même pas de l’imprimerie leurs journaux, tirant profit des pages de publicité qu’ils louent aux annonceurs, d’autres ont revendu leur agrément à des affairistes, certains éditeurs ne respectent pas l’équilibre entre la part réservé à la publicité de celle réservée à l’information… La distinction n’est pas établie entre la presse régionale et nationale, des agences de communication activent en ce moment dans une opacité et anarchie totales. Voici énumérées quelques «réalités» du secteur, dont certaines pratiques sont frappées par une sorte d’omerta, a souligné le ministre, rappelant au passage que les syndicats ont un rôle essentiel pour assainir le secteur. La nouvelle loi de la communication (qui ne fait pas table rase de celle qui l’a précédée) a apporté 63 nouveaux articles, amendé 51 articles et repris tels quel 18 articles de l’ancienne loi. Il s’agit d’une loi qui s’inscrit dans ce vaste projet de démocratisation de l’ensemble des espaces publics. Aussi, plusieurs organes sont prévus par cette loi qui entrera en vigueur, vraisemblablement, l’été prochain. Deux autorités de régulation, l’une dédiée à la presse écrite, l’autre à l’audiovisuel, vont enrichir le paysage de la communication. Des structures paritaires, de veille, de contrôle… qui permettront aux professionnels d’intervenir en cas de dérive ou de dysfonctionnement dans les organes de presse. Un conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie du journalisme, celui-là composé exclusivement de journalistes élus par leurs pairs va également exercer un rôle des plus «constructifs» tant il paraît évident que l’accélération de l’information, l’irruption de nouveau médias, la mutation même des supports de communication avec la version électronique des journaux appellent à une certain respect dans la pratique journalistique… Un respect «codifié» quand il renvoie aux techniques de collecte et de transmission de l’information, et une certaine éthique dans la façon d’utiliser et de mettre en forme l’information. Pour éliminer à la base les pratiques «frauduleuses» de certains éditeurs qui précarisent leurs employés, la nouvelle loi impose à chaque organe de recruter au moins un tiers à titre permanent.
Des journalistes, titulaires d’une carte professionnelle, celle-là délivrée par une commission nationale dont la composante et les modalités de fonctionnement seront précisées prochainement. Il est, par ailleurs, fait obligation à tout employeur d’établir un contrat de travail dès le recrutement du journaliste, document que de nombreux organes, on s’en doute, ne délivrent pas à leurs jeunes recrues. De plus en plus de journalistes sont envoyés en mission dans des zones à risque, de combats ou de mouvements sociaux… La loi a pris en considération cette «spécificité» en faisant obligation a l’employeur de souscrire une assurance risque ou assurance vie à ses journalistes. Cette «refondation» de l’information dans un monde où le moindre fait est relayé en quelques secondes par les médias électroniques ou les réseaux sociaux pose, en fait, l’impératif de la formation du journaliste pour lui permettre d’accéder à une certaine crédibilité, grâce à la rigueur dans son travail. Un fond d’aide a donc été institué, la loi de finances 2012 l’a pris en charge, a indiqué le ministre. 400 millions de dinars uniquement pour la formation et le perfectionnement des journalistes qu’ils soient du secteur public ou privé (encore faudrait-il que les éditeurs jouent le jeu de la transparence et de l’équité pour designer à chaque fois le ou la journaliste retenu pour bénéficier de ces stages de formation, ont remarqué certains intervenants). L’information est un droit constitutionnel, aussi l’Etat veillera à ce qu’elle parvienne à tous les citoyens, quel que soit leur lieu de résidence. Cette évidence a été rappelée par le ministre qui a évoqué la mise en branle de plusieurs projets pour l’installation de mini-imprimerie dans les wilayas du Sud, notamment à Béchar, Adrar, Tindouf, Tamanrasset et Illizi, après celle, entrée en activité, de Ouargla, depuis deux ans déjà.
M. Koursi
l Le processus de réhabilitation de la télévision nationale « est en cours »
Le ministre de la Communication, M. Nacer Mehal, a indiqué que le processus de réhabilitation de la télévision nationale « est en cours ». « Le processus de réhabilitation de la télévision nationale est en cours » avec pour objectif de « réconcilier ce média avec son public » et de « permettre de faire face à la prochaine ouverture du champ audiovisuel national », a indiqué le ministre lors du Forum du groupe de presse « Ouest Tribune ». « L’objectif est d’aboutir à terme à une certaine concurrence entre les cinq chaînes », a souligné M. Mehal, citant l’exemple du journal télévisé (JT). « L’idée est de permettre à ces chaînes de présenter leur propre JT à 20 heures. Il y aura au moins trois JT. Le téléspectateur aura ainsi la capacité de choisir le meilleur programme sur la base de la qualité et du professionnalisme », a-t-il précisé. « Les moyens techniques existent, pourquoi ne pas prendre des initiatives dans ce sens pour offrir d’autres plateaux et de donner d’autres tonalités aux programmes », a ajouté le ministre, tout en confirmant « la volonté du gouvernement à œuvrer dans le sens de cette réhabilitation ».
l Pour un service public « de qualité, fort et efficace »
M. Nacer Mehal, a insisté sur la nécessité d’aboutir à « un service public de qualité, fort et efficace », pour « jouer son rôle dans le développement du pays et être au service du citoyen. Le ministre a longuement développé le contenu de la loi organique relative à l’information, adoptée le 12 janvier dernier, estimant que cette loi est « un texte moderne et adapté à la situation actuelle du pays ». « Cette loi, avec ses 132 articles et dans son application, va faire avancer le secteur de la Communication nationale pour atteindre des objectifs bien définis », a ajouté M. Mehal.