La première réunion ministérielle maghrébine prévue en avril à Alger, préludera à la mise en place de mécanismes à même de conférer au dialogue entre pays de la région « un contenu réel et palpable », a souligné le ministre des affaires étrangères, M. Mourad Medelci. Invité de l’émission « Décideurs » de la chaîne satellitaire Russiya Al-Yaum, M. Medelci a affirmé que « la rencontre d’Alger qui se penchera sur
la situation sécuritaire dans la région du Maghreb arabe permettra la mise en place de mécanismes à même de conférer à ce dialogue un contenu réel et palpable ». A une question sur l’instauration d’un dispositif sécuritaire commun entre les pays maghrébins, M. Medelci a rappelé qu’à la réunion des ministres maghrébins des affaires étrangères de Rabat, « nous avions proposé à nos frères maghrébins de coordonner désormais nos actions au volet sécuritaire et avions convenu d’organiser la première rencontre ministérielle en avril à Alger ». Concernant les relations algéro-libyennes, M. Medelci a souligné que les visites prévues dans les prochaines semaines en Libye « permettront de conclure des accords avec les libyens dans les principaux secteurs de coopération, notamment au volet sécuritaire ».
Dans ce contexte, le ministre a qualifié de « très bénéfique » sa dernière visite à Tripoli soulignant que les relations qu’entretient l’Algérie avec la Libye « sont normales, mais la conjoncture que traverse actuellement la Libye fait que certains rendez-vous ont accusé du retard, cependant les contacts se poursuivent ».
S’agissant de l’assistance que fournira l’Algérie au nouveau gouvernement libyen au volet sécuritaire, le Chef de la diplomatie algérienne a affirmé que « la police et l’armée algériennes jouissent d’une grande expérience en matière de coopération avec d’autres pays voisins et africains » réaffirmant la disposition de l’Algerie à aider la Libye « dans la formation de sa police et des éléments
de son armée, tant que ce pays frère en exprime le besoin ». « Nous avons donné une réponse positive, mais pour ce qui est de la conception et du contenu de la formation, nous laisserons aux parties concernées le soin des les décider », a-t-il ajouté.
En réponse à une question sur la menace que représenterait l’émergence de mouvements islamistes après les révolutions survenues dans certains pays nord-africains, sur la stabilité de la région, M. Medelci a soutenu que »‘il se pourrait que ces mouvements travaillaient dans la clandestinité ou dans le cadre de l’opposition reconnue ou non reconnue ». Il est clair que les conjonctures induites par les révolutions « ont permis à ces mouvements de se déclarer », a-t-il ajouté précisant que « tant qu’ils sont issus des peuples, ces mouvement émergent inévitablement et traitent avec les autres pour constituer une structure acceptée de tous ». S’exprimant sur la reprise des activités de certains mouvements séparatistesqui revendiquent leurs droits, M. Medelci a estimé que les libyens ont ouvert une brèche dans ce sens « mais les choses se sont parfois déroulées d’une manière inacceptable et irrationnelle jusqu’à aller à l’encontre de l’esprit de la révolution » citant « la déclaration de Brega » qui a suscité « une réaction officielle et populaire ». Il a exprimé, dans ce contexte, son souhait que « le dialogue puisse prévaloir entre toutes les parties libyennes pour l’unification du pays » ajoutant que « l’intégrité territoriale de la Libye figure parmi les principaux objectifs de cette jeune révolution ».
S’exprimant sur l’impact des derniers développements sécuritaires au Mali sur l’Algérie, le Chef de la diplomatie algérienne a qualifié la situation de « très dangereuse dans le nord du Mali ». Le fait que ce pays soit voisin de l’Algérie « nous implique, notamment après les actes criminels perpétrés ces dernières années », a-t-il souligné appelant à « faire prévaloir le dialogue entre toutes les parties ».
La situation sécuritaire en Libye a favorisé l’émergence de ces mouvements, a estimé M. Medelci rappelant « l’expérience de l’Algérie à travers ses multiples tentatives d’accompagner les maliens notamment les touaregs pour mener à bien le dialogue ». Il a, cependant, affirmé que le dialogue « à lui seul, ne suffit pas, il est impératif que toutes les parties respectent les décisions à la fin du dialogue » pour préserver l’unité de ce pays « non seulement au niveau humanitaire, mais aussi sur le plan politique ».
Concernant la position de l’Algérie vis-à-vis des révolutions arabes, M. Medelci a rappelé que « l’Algérie est le berceau de la Révolution, de l’aveu même des pays africains, arabes et autres » réaffirmant l’ »attachement » de l’Algérie qui a mené sa Révolution contre le colonisateur au « principe de non ingérence dans les affaires d’autrui » et saluant « le début de la vulgarisation » de ce principe au niveau de la région.
S’agissant de la situation en Syrie, le ministre a affirmé que l’Algérie « ne défend pas le système mais plaide plutôt pour le respect des principes et du Droit international », une position qu’elle affiche dans son traitement avec tout pays, a-t-il ajouté réaffirmant « les réserves de l’Algérie concernant toute intervention étrangère en Syrie ».