Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a déclaré mercredi à New York que l’Algérie a réalisé des avancées considérables en matière de réformes politiques et économiques qu’il s’agit de conforter davantage. M. Medelci s’exprimait lors d’une conférence de presse internationale tenue au siège de l’ONU à l’occasion de la passation de la présidence du G77 à l’Algérie.
A la question d’un journaliste qui l’interrogeait sur la nature de mouvements actuels de revendications éco-sociales dans certaines villes algériennes et sur d’éventuels effets du ‘’printemps arabe’’ sur l’Algérie, le ministre a souligné que, certes, les besoins sociaux existent mais que de grandes réalisations ont été faites à travers les programmes successifs des gros investissements publics.
Quant aux mouvements de revendications, M. Medelci a observé que ces derniers ont lieu même dans les grands pays développés, ajoutant que ces manifestations ‘’montrent que nos sociétés sont plus exigeantes’’.
En ce qui concerne la question relative au ‘’printemps arabe’’, M. Medelci a affirmé que contrairement aux pays arabes, qui ont connu depuis l’année dernière, des bouleversements politiques et qui étaient caractérisés par des systèmes politiques fermés à toute opposition et par l’absence de la liberté d’expression et de la presse, l’Algérie a bâti le pluralisme depuis 1988.
Dans ce sens, a-t-il précisé, depuis la fin des années 90, »des partis islamiques sont représentés dans les gouvernements successifs où ils cohabitent avec des partis » d’autres obédiences politiques. Néanmoins, a-t-il noté, ‘’ce que l’Algérie a refusé en 1991, et ce que nous ne voulons pas, c’est la violence’’.
En outre, a-t-il poursuivi, la liberté de la presse en Algérie est ‘’exceptionnelle’’ en relevant qu’ »il ne se passe pas un jour où des membres du gouvernement ne soient pas critiqués et vilipendés ».
Concernant la situation économique, M. Medelci a rappelé qu’en un peu plus d’une décennie, la dette extérieure publique est passée de 36 milliards de dollars à une dette nulle actuellement, des réserves de change de 180 milliards de dollars et un taux de chômage passé de 30% à 10%. L’Algérie, a-t-il poursuivi, est en train de rattraper un retard historique, notamment en matière de logement, et poursuit ses réformes, comme en témoigne l’adoption récente de six grandes lois dont celle qui encourage l’ouverture aux investisseurs privés des médias télévisés.
Mais pour le ministre, ‘’cela ne signifie pas que le +printemps arabe+ n’a pas eu d’influence sur l’Algérie’’, ajoutant qu’il s’agit de le ‘’positiver’’ et ‘’d’aller plus loin’’ dans les réformes. Concernant les prochaines élections législatives qui se dérouleront durant le printemps 2012, le ministre a réaffirmé que l’Algérie a saisi plusieurs organisations régionales et internationales pour dépêcher leurs observateurs à ce prochain rendez-vous électoral.
Il s’agit, a-t-il précisé, de l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine, la Ligue arabe et l’Organisation de la Coopération islamique (OCI).
Questionné aussi sur les récentes accusations portées par le Premier ministre de la Turquie à l’encontre de la France, qu’il a accusée d’avoir commis un ‘’génocide en Algérie’’, et ce, dans le sillage de la loi mémorielle sur le ‘’génocide en Arménie’’, M. Medelci a affirmé que »durant la période coloniale, les massacres ont été nombreux, la période extrêmement dure et les sacrifices énormes qui pèsent de tout leur poids sur la mémoire algérienne.’’
Néanmoins, a-t-il estimé, »si la mémoire est inviolable », il faudra aussi regarder vers l’avenir’’, rappelant que l’Algérie fêtera en juillet prochain le 50ème anniversaire de son indépendance.