Invité, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), a estimé hier que les réformes politiques initiées par le Président Abdelaziz Bouteflika sont ‘ »extrêmement salutaires ».
Il a ensuite ajouté que ces réformes sont venues au bon moment, parce qu’elles font entrer l’Algérie de plain-pied dans la démocratie ».
Evoquant les prochaines législatives prévues le 10 mai, Me Ksentini a précisé que s’il y aura des élections « libres et une chambre (Parlement) réellement représentative, nous aurons fait un grand saut dans la démocratie ». Dans le même sillage, il a abordé le discours des partis politiques en appelant l’électeur à « être lucide et à ne pas se laisser piéger et entraîner par de fausses promesses ou par des discours pompeux ou démagogiques qui ne recouvrent aucune réalité ». S’agissant de la représentation des femmes dans la vie politique, le magistrat a estimé qu’ »il n’y a pas de démocratie véritable si les femmes sont sous représentées ». C’est le même cas pour les jeunes, a-t-il poursuivi, appelant les anciennes générations à « céder la place aux jeunes » pour prendre la relève.
Concernant la question des droits de l’homme en Algérie, le président de la CNCPPDH a précisé qu’ils sont « en voie de développement et qu’ils s’améliorent ». Même avec les avancées enregistrées « ce n’est pas encore parfait. Il y a des insuffisances », a-t-il notamment relevé, avant d’appeler à l’indemnisation de ceux qui ont subi des préjudices durant la décennie noire et à « réparer les fautes commises pendant cette période ».
Abordant ensuite les crimes coloniaux en Algérie, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH) a déclaré que le refus de la France de reconnaître ses crimes en Algérie est « regrettable et indigne » d’une grande démocratie. Il a ensuite ajouté : « Je suis scandalisé par le fait que les Français refusent de reconnaître que la colonisation est un crime et que la France a commis des crimes en Algérie pendant 132 ans », avant d’appeler la France officielle à s’ »excuser pour ses crimes » commis à l’égard des Algériens.
Dans ce même cadre, Me Ksentini a critiqué la demande de la France à l’Algérie de pardonner aux harkis, ce qui est, a-t-il souligné, « absolument inconcevable ». « Si la partie française ne veut pas collaborer à l’écriture de l’histoire, a-t-il déclaré, « nous sommes capables de l’écrire nous-mêmes et de faire apparaître la vérité », estimant qu’il est « du bon sens le plus élémentaire de se rappeler que la colonisation c’est la négation absolue des droits de l’homme et que la France s’est comportée ici de manière odieuse et impardonnable ».
Mourad A.