M. Jean-Pierre Chevènement face à la presse : «L’AFA, un réservoir de bonne volonté»

M. Jean-Pierre Chevènement face à la presse : «L’AFA, un réservoir de bonne volonté»
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Entre Alger et Paris, le ballet incessant des diplomates continu à un rythme soutenu. Raffarin, Hollande, puis tout récemment le ministre français des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, et maintenant c’est M. Jean-Pierre Chevènement, président de l’association France-Algérie, et grand ami de notre pays de fouler le sol d’Alger pour une visite de cinq jours.

Entamée depuis dimanche la visite de M. Chevènement s’inscrit, selon ses dires, dans la lignée des principes de l’association qu’il gère à savoir renforcer les liens entre les deux peuples et édifier des ponts entre les deux rives de la Méditerranée. Hier, l’hôte de l’Algérie a marqué une halte durant laquelle il a rencontré les gens de la presse nationale et les représentants de la presse de l’Hexagone accréditée à Alger.



Durant cet interlude, il a beaucoup été question du passé entre les deux pays sans pour autant occulter l’avenir qui, d’après notre interlocuteur reste porteur d’espoir. Pour le sénateur de Belfort, et pour lever tout équivoque souligne que le rôle de l’association France-Algérie (AFA) « ne se situe pas au niveau des Etats, quoique qu’elle ne les ignore pas, mais elle se situe au niveau de ce qu’on désigne par ce concept quelque peu ambigu à savoir les sociétés civiles».

Indépendamment du facteur humain qui reste très important entre les deux pays, le marché algérien, selon M. Jean-Pierre Chevènement, constitue pour les PME françaises la moitié de leurs chiffres d’affaires à l’exportation.

Pour M. Chevènement, l’AFA reste «un grand réservoir de bonne volonté militante». Pour mieux mettre en évidence cette relation M. Chevènement a déclaré qu’un colloque sera organisé d’ici la fin de l’année sous le thème «Algérie-France au XXIe siècle» où seront abordés tous les grands enjeux que ce soit dans le domaine de la culture, l’éducation, la recherche, l’énergie et la transition énergétique, dans le développement économique notamment tout ce qui est en rapport avec l’urbanisme, le logement… Dans la foulée, M. Chevènement a souligné, en évoquant l’efficacité de l’AFA, que cette dernière peut agir «plus facilement» au niveau des petites et moyennes entreprises notamment au niveau des régions». Evoquant le volet politique et à une question sur l’UPM, le président de l’AFA a jugé celle-ci comme étant une «idée anticipatrice», dans le sens où il est grand temps pour l’Europe de se tourner vers son flanc sud et «prématurée» parce que, selon lui, «beaucoup de problèmes sont sans solution aujourd’hui», ajoutant en parlant de l’avenir de l’UPM, qu’il ne faut surtout pas rester otage des formules préétablies, mais d’avancer dans le bon sens car «il faut suivre le mouvement des sociétés». Comme il fallait s’y attendre, le passé entre les deux pays a monopolisé la majeure partie du temps alloué à la conférence de presse.

En effet, il a été beaucoup plus question de l’attitude du ministre des AE, M. Alain Juppé qui lors de sa visite à Alger avait déclaré que «la France ne ferait pas d’acte de repentance». Faisant connaître sa position, M. Chevènement, a plutôt insisté sur le «travail de conscience» qui selon lui sied mieux aux valeurs de la laïcité que prône l’Etat français. Car, a-t-il argué, «pour moi la repentance véhicule une connotation religieuse».

Mourad Termoul

Droit de mémoire : M. Chevènement favorable à une « commission de justice »

L’ancien ministre d’Etat français, sénateur du territoire de Belfort et président de l’association France-Algérie, M. Jean-Pierre Chevènement, a souhaité hier à Alger que pour traiter les « problèmes liés à la mémoire » entre l’Algérie et la France, une structure équivalente à la « commission justice, vérité et réconciliation » qui a existé en Afrique du Sud post-apartheid soit mise en place. « Je pense que s’il y avait l’équivalent de la commission de justice (vérité-justice-réconciliation) qui existait en Afrique du Sud, ce serait bien que chacun y apporte ses témoignages ».

Interrogé sur la question liée à la mémoire commune entre l’Algérie et la France et sur les problèmes ayant une relation avec la colonisation, l’ancien candidat à la Présidence de la République française a estimé qu’une telle commission de justice serait également l’occasion d’ »entendre des choses bouleversantes » au sujet de la guerre de Libération nationale algérienne. « Je ne peux pas refaire le passé car il existe, mais nous pouvons faire confiance aux historiens objectifs et nous pouvons faire aussi confiance aux regards que les uns et les autres peuvent porter aujourd’hui sur cette histoire commune », a-t-il ajouté. Pour lui, cette page d’histoire doit être réglée à travers la « conscience ». « Je pense que la France doit être consciente de ce qui s’est passé et de ce qu’elle a fait en Algérie. Un travail de conscience fait ensemble est beaucoup plus positif que de vouloir accabler son partenaire », a-t-il insisté.

Un forum de franco-algériens pour contribuer au développement du pays d’origine

Un forum dont l’objet est de promouvoir la place des Franco-Algériens dans la société française ainsi que leur contribution au développement de l’Algérie sera lancé le 2 juillet prochain, a-t-on appris hier auprès d’un des initiateurs du projet. Pour ce faire, le Forum France-Algérie compte organiser périodiquement des rencontres-débats, animer un site Internet et favoriser la mobilisation des Franco-Algériens en faveur de leur pays d’origine, a indiqué à l’APS la présidente de l’association UNIAME France, Nadia Chouikhi.

Le forum se définit, selon ses initiateurs parmi lesquels Ghaleb Bencheikh, théologien et animateur de l’émission « Islam » sur la chaîne française France2 et Farid Yaker, président de l’Association EcoMed 21, comme un regroupement indépendant et apolitique des personnes et d’organisations souhaitant promouvoir la place des Franco-Algériens dans la société française, contribuer au développement de l’Algérie et à la « rénovation » des relations entre les deux pays.

Parmi les objectifs qu’ils se sont assignés, les initiateurs de la démarche, regroupés pour l’heure dans un comité de parrainage, tendent à encourager la mise en réseau des acteurs impliqués dans le sujet et les partenariats avec les acteurs économiques et associatifs algériens, et à participer au recensement des compétences qualifiées susceptibles de contribuer au développement de l’Algérie. Selon Mme Chouikhi, la parole sera donnée, au sein de ce forum, à des « leaders d’opinion » pour permettre une confrontation fertile des points de vue et l’émergence d’une parole collective susceptible de contrer les discours stigmatisant l’islam, l’immigration et les Franco-Algériens. Outre Ghaleb Bencheikh, le comité de parrainage du Forum compte d’autres personnalités à l’image de Jacques Attali, économiste et ancien conseiller de l’ancien Président François Mitterrand, l’ancien président du conseil supérieur de l’audiovisuel français, Hervé Bourges, l’historien Benjamin Stora et le cinéaste et anticolonialiste René Vautier. Le forum sera également doté d’un Conseil d’orientation dont les fonctions seront notamment de le représenter auprès des Autorités nationales française et algérienne, et de valider son plan d’action annuel.