M. Henry S. Ensher, ambassadeur des Etats-unis en Algérie : “Nous respectons le rôle de l’Algérie dans la crise libyenne”

M. Henry S. Ensher, ambassadeur des Etats-unis en Algérie : “Nous respectons le rôle de l’Algérie dans la crise libyenne”

Si d’aucuns se refusent à comprendre que l’absence de réaction des autorités algériennes dans la crise en Libye est motivée par le fait que l’Algérie observe une stricte neutralité et refuse d’interférer dans les affaires intérieures du voisin libyen, il en est autrement des Etats-Unis.

En effet, dans un entretien accordé par son ambassadeur en Algérie, la première puissance mondiale affirme « respecter beaucoup » le rôle de l’Algérie dans la crise en Libye. M. Henry S. Ensher a déclaré comprendre la position des autorités algériennes. « Nous savons que l’Algérie est dans une position très difficile car la Libye est un pays voisin », a-t-il déclaré.

Une position qui impose le respect, selon Washington. Mieux, l’ambassadeur estimera que les Etats-Unis sont tenus « de tenir compte de cette situation ». Il confirmera aussi ce que le porte- parole des Affaires étrangères avait affirmé vendredi, à savoir que l’Algérie s’en était tenue à la légalité internationale en respectant toutes les résolutions de l’ONU.

Ainsi, ajoutera M. Henry S. Ensher, « nous reconnaissons le respect par l’Algérie du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », assurant que « l’Algérie a approuvé et appliqué ces résolutions ». A telle enseigne qu’il ne doute pas, précise-t-il, du soutien de l’Algérie de « toute décision émanant de l’Union africaine (UA) ou de la Ligue arabe », dans le cas où ces deux organismes qui doivent se prononcer lors de leurs prochaines réunions sur la question de la reconnaissance d’un nouveau gouvernement en Libye.

De même que les Etats-Unis partagent aussi les craintes exprimées par l’Algérie sur les retombées du conflit en Libye sur la sécurité régionale. A ce sujet l’ambassadeur américain a déclaré : « Actuellement, et en cette période transitoire, nous pouvons dire que la situation est grave, notamment lorsqu’on entend des informations faisant état d’ouverture de stocks d’armes » dans ce pays. Et c’est à juste titre qu’il rappellera que « ce phénomène s’est déjà produit en Irak », soulignant qu’il s’agit « d’une chose dangereuse pour tous les pays voisins ».

Pour faire face à cette menace, l’ambassadeur américain estimera qu’il est nécessaire d’« exploiter notre coopération avec l’Algérie et d’autres pays ». La Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans les pays du Sahel africain, prévue à Alger les 7 et 8 septembre prochain, constituera de son point de vue l’occasion d’aborder cette question. Il a par ailleurs exprimé le soutien de son pays aux efforts de l’Algérie et des pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme, estimant que ces pays « ont meilleure connaissance » de la situation prévalant dans la région et « des exigences de la lutte et de la coopération nécessaire contre ce phénomène ». M. Ensher a affirmé, à ce sujet, que « les Etats-Unis respectent l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme ».

« Nous avons, bien sûr, une expérience (dans la lutte antiterroriste) dans d’autres pays et nous possédons la technologie qui peut être utile aux pays de la région, mais l’essentiel est d’agir, sous la supervision de l’Algérie, dans les efforts de lutte contre le terrorisme dans cette zone », a-t-il expliqué. A une question relative à la position de son pays à l’égard de la proposition algérienne de criminalisation du paiement de rançons aux groupes terroristes, M. Ensher a souligné que Washington est « contre le versement de rançons », car, a-t-il expliqué, « ces fonds sont utilisés pour l’achat des ar-mes ». « Nous pensons qu’il s’agit là d’une bonne idée et nous pouvons travailler sur la question », a-t-il dit à ce propos.

N.K.