M. Bouterfa, P-DG de Sonelgaz, au sujet du délestage : “L’Algérie a besoin d’un nouveau plan d’électrification”

M. Bouterfa, P-DG de Sonelgaz, au sujet du délestage : “L’Algérie a besoin d’un nouveau plan d’électrification”
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«La production de l’électricité se programme plusieurs années à l’avance ; pour 2012, on ne peut rien faire, mais on pourra y faire face

pour 2016 et 2017», estime le P-DG.

Le P-DG du groupe Sonelgaz, M. Noureddine Bouterfa, qui était hier l’invité du forum de Liberté a affirmé que «l’Algérie a besoin d’un nouveau plan d’électrification afin de combler les insuffisances, notamment pour les régions du sud-est du pays». Pour les régions du Sud, M. Bouterfa a déclaré que «le recours aux délestages d’électricité dans ces régions sera maintenu jusqu’à la fin de l’été, et cela pour préserver l’équilibre entre l’offre et la demande, en affirmant que pour les autres régions du pays, le système électrique national n’a connu de juin à aujourd’hui que trois jours de difficulté.

Selon lui, les fortes températures enregistrées sur l’ensemble du pays et l’augmentation de la consommation de l’électricité qui en découle a mis à rude épreuve le système électrique, notamment dans le sud-est du pays.

Le P-DG du groupe de production et de commercialisation d’électricité tiendra à rappeler, dans ce contexte, que depuis plusieurs semaines, l’opérateur système et la Sonelgaz n’ont cessé d’alerter sur les risques de coupures d’électricité dans cette région qui sont dues à une forte consommation de l’électricité en raison de la vague de chaleur. «L’alimentation de cette région devrait être sécurisée par la mise en service de deux lignes de transport de l’électricité très haute tension avant l’été, à savoir les lignes M’sila-Barika et Aïn Djasser-Barika.»

«Des lignes névralgiques»

Dans cette optique, le responsable a indiqué que la Compagnie de l’engineering de l’electricité et du gaz (CEEG) a mis en œuvre un dispositif opérant pour les réaliser dans les délais impartis. «L’achèvement de ces deux lignes électriques est aujourd’hui encore compromis en raison d’oppositions fermes par des tiers. Ces oppositions mettent en péril l’alimentation de la région sud-est, sa sécurité d’approvisionnement et, par conséquent, la sécurité de l’ensemble du système électrique» a-t-il dit avant de souligner que les lignes M’sila-Barika et Aïn-Djasser revêtent une grande importance pour le système électrique national. «Névralgiques, elles sont indispensables pour le transit de l’énergie électrique vers le sud-est du pays», a précisé le responsable.

Aussi, comme il le dira, «pour parer aux contraintes engendrées par l’inachèvement de ces deux lignes électriques, les opérateurs système sont contraints de mettre en œuvre un délestage volontaire, tournant et maîtrisé, notamment entre 13h et 17h afin d’éviter un black-out total de l’ensemble de la région». Il faut dire que la non-finalisation des travaux et la non-mise en service de ces lignes peuvent entraîner invariablement de graves perturbations dans l’alimentation des citoyens de la région sud-est du pays.

«La production de l’électricité se programme plusieurs années à l’avance»

Après avoir donné un aperçu sur l’entreprise Sonelgaz, M. Bouterfa a expliqué que «la production de l’électricité se programme plusieurs années à l’avance ; pour 2012, on ne peut rien faire, mais on pourra faire face pour 2016 et 2017». Il a souligné que «jusqu’à 9.000 à 9.500 MW, on n’aura pas de problème de production ; au-delà ce seuil, il pourrait y avoir des insuffisances car il n’ y a plus de réserves».

Selon le premier responsable du groupe, pour l’été de cette année, «le pic est de 10.000 MW. Bien que nous disposions de 20% de réserves, soit 12.000 MW, dans les faits, on ne dispose pas de 12.000 MW fiables, ce qui met la société sous contrainte». Il a déclaré qu’«il ne suffit pas d’avoir la production, mais aussi le réseau de transport d’électricité. Pour cela, il faut construire des réseaux équivalents à la croissance dont dispose l’Algérie. C’est à peine si nous avons réussi à construire les deux tiers du réseau, et cela à cause des problèmes du foncier et des problèmes d’oppositions sur les lignes». Pour réduire le délestage, M. Bouterfa invite les consommateurs à rationaliser la consommation de l’électricité. A ce sujet, il met en cause l’utilisation abusive, selon lui, de la climatisation. «Si 500.000 clients mettent la climatisation, c’est l’équivalent de 1000 MW. Soit l’équivalent de la production d’une centrale électrique telle que Hadjret Ennous», a-t-il expliqué.

Il a rappelé que la loi sur l’électricité et le gaz, qui a décidé de transformer la Sonelgaz en une société holding avec plusieurs filiales, dont chacune a ses responsabilités en matière d’activité, comme la Société algérienne de production d’électricité dite (SPE) et qui a aujourd’hui environ 40% du marché de la production, devrait voir cette part réduite l’année prochaine : «Elle n’aura que 33% du marché car la centrale de la société SKD, Sharikat Kahraba Koudiat Eddraouch, qui est une est une société mixte Sonelgaz/Sonatrach, va entrer en service avec 1.200 MW.»

Le seuil historique de 10.057 MW atteint durant la soirée du 4 aout à 21h

Pour le marché de la production, M. Bouterfa a souligné que «la Sonelgaz a 40% du marché, les 60% sont répartis entre les sociétés de production. «Il ne faut pas oublier que la Sonelgaz est une société holding de 550 personnes dont les missions sont de contrôler le portefeuille d’action, d’assurer le plan de développement, de créer des outils de développement à travers des sociétés filiales et non par un exercice direct de la Sonelgaz», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Jusqu’à aujourd’hui, on a beaucoup laissé faire, mais on ne se laissera pas faire et on aimera que chacun assume ses responsabilités.» Consécutivement à la vague de chaleur qui touche l’ensemble du pays, l’opérateur du système électronique national à enregistré, jeudi 2 août à 20h45, une puissance maximale appelée (PMA) de 9.777 MW. Cet appel de puissance a dépassé de 1.518 MW la demande maximale du mois de juillet passé, soit une hausse de 18.3%. Ce record de puissance est en évolution de 13.6% la puissance maximale appelée durant l’été 2011 (8.606 MW le 8 août 2011). En énergie, la demande du réseau interconnecté de la journée du 2 août 2012 a atteint 204.199.2 MWH correspondant à une hausse de 27.5% par rapport à la demande maximale d’août 2011. L’opérateur système a été contraint d’opérer des délestages tournants pour sauvegarder le système électrique et maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande. En tenant compte de ces délestages, la puissance maximale appelée aurait atteint le seuil historique de 10.057 MW durant la soirée du 4 août à 21h. Le taux d’évolution de la demande comparativement à la PME de l’été dernier aurait été de plus 14%.

Wassila Benhamed

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400.000 commerçants pénalisés par les coupures d’électricité

Les pertes pourraient atteindre 5 mds de dinars à la fin de l’été

Au-delà des désagréments que causent les coupures d’électricité à répétition pour les citoyens en cette saison estivale, coïncidant, par ailleurs, avec le mois de Ramadhan, les pertes matérielles pour les commerçants s’avèrent aussi très importantes. Depuis le début de l’été, les perturbations en alimentation électrique auraient occasionné des pertes matérielles à 400.000 commerçants qui pourraient atteindre, d’ici la fin de la saison estivale, les 5 milliards de dinars, selon une estimation du porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), El-Hadj Tahar Boulnouar, dans une déclaration à la presse. L’ensemble de la corporation des commerçants avoisinant les 1,5 million d’opérateurs accuseraient des pertes financières annuelles de quelque 200 milliards de centimes. Les plus pénalisés sont les boulangers, les bouchers et les prestataires de services. A titre d’exemple, les boulangers perdent lors d’une simple coupure électrique d’un quart d’heure des dizaines de kilogrammes de pâte pétrie. Pour pallier cette situation des plus délicates pour les fabricants de l’aliment le plus consommé au quotidien par les Algériens, l’Union nationale des boulangers (UNB) relevant de l’UGCCA a pris sur elle l’initiative de lancer, en étroite collaboration avec la Banque algérienne du développement rural, un projet de financement d’acquisition des groupes électrogènes. Ils seraient plus de 5.000 boulangers sur une corporation de 14.000 à manifester d’ores et déjà leur intérêt pour l’opération d’octroi de crédits, lancée depuis une semaine par la BADR avec des fournisseurs algériens de groupes électrogènes. Ainsi, après plusieurs mois de négociations, l’opération est lancée avec la signature des premières conventions entre deux fournisseurs et la BADR. D’autres conventions devraient être paraphées ces jours-ci, une fois que la commission mise en place au niveau de l’UGCAA à cet effet valide les dossiers de cinq autres fournisseurs encore en instance. L’objectif étant de convaincre un maximum de fournisseurs, répondant aux conditions générales, notamment la présentation d’un produit purement national conforme aux normes, de rejoindre l’opération qui consiste à offrir des crédits bancaires pouvant atteindre 100 millions de centimes au profit des boulangers pour acquérir des groupes qui leur permettent de faire face aux coupures électriques. Les bénéficiaires du crédit de la BADR doivent, cependant, fournir un apport personnel de 10% du montant, alors que les 90% du prêt bancaire sont remboursables sur dix ans.

Hamida B.