De 3.086 milliards de dinars en 2009, les crédits à l’économie sont passés à 3.268 milliards de dinars en 2010, soit une croissance nominale de 6%
Le Président de la République a insisté sur « la nécessité d’un suivi rigoureux de la mise en œuvre de la politique nationale en matière financière
Assurer un financement approprié de l’ensemble des actions inscrites dans le programme quinquennal 2010-2014 »
286 milliards de dollars pour la réalisation de grands projets de développement
Dans le cadre des auditions annuelles qu’il dirige sur les activités des différents départements ministériels, M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a présidé hier, une réunion restreinte d’évaluation consacrée à l’examen de la situation économique principalement le secteur des Finances, indique un communiqué de la Présidence de la République.
A cette occasion, le ministre des Finances a exposé la situation économique et financière du pays et ses perspectives ainsi que les actions réalisées ou en cours d’exécution dans le cadre de la réforme du secteur bancaire et des administrations relevant du secteur des finances, et les actions diverses entrant dans le cadre de la mise en œuvre des décisions du Conseil des Ministres du 22 février 2011, en faveur de l’investissement, le développement de l’agriculture, l’augmentation de l’offre de logements et la création d’emplois. Au plan du contexte général actuel, l’accent a été mis sur les éléments essentiels qui le caractérisent à savoir la poursuite de l’expansion mondiale malgré un léger ralentissement, le comportement des prix des produits de base sur les marchés internationaux et l’entrée du programme quinquennal de consolidation de la croissance 2010-2014 dans sa seconde année de mise en œuvre. Au plan macroéconomique, la croissance économique hors hydrocarbures a atteint le niveau de 6% en 2010 contre 9,3% en 2009 sachant que pour cette dernière année la contribution du secteur agricole à la croissance a été exceptionnellement forte (+20%).
La variation de l’indice général des prix à la consommation laisse apparaître un niveau d’inflation de 3,9% en 2010 contre 5,7% en 2009. L’année 2010 est également caractérisée par la poursuite de l’augmentation des crédits à l’économie dans un contexte de réforme du marché financier. En effet, de 3.086 milliards de DA en 2009, les crédits à l’économie sont passés à 3.268 milliards de DA en 2010, soit une croissance nominale de 6%, corrigée, cependant, par l’effet de l’assainissement financier. La croissance effective des crédits à l’économie est de plus de 16%. Cette croissance est le fait essentiellement des crédits à moyen et long termes qui continuent de voir leur part augmenter passant de 57,2% en 2009 à 60% en 2010 de l’ensemble des crédits distribués à l’économie.
Modernisation du processus budgétaire
Le crédit bancaire accordé aux PME est passé de 643 milliards de DA en 2008 à 830 milliards de DA en 2010, soit une augmentation de 29% sur la période. Par ailleurs, le niveau de la dette extérieure à moyen et long termes s’est situé à 3,68 milliards de dollars à la fin de l’année 2010, contre 3,92 milliards de dollars en 2009. En matière budgétaire, les actions du ministère des Finances portent sur la modernisation du processus budgétaire ainsi que sur la consolidation de la fonction de contrôle, notamment, à travers la réorganisation des services extérieurs de la Direction Générale du Budget.
Sur le plan fiscal, le plan stratégique de réforme et de modernisation de l’administration concernée vise essentiellement la garantie d’une meilleure mobilisation des ressources budgétaires, l’amélioration des procédures fiscales et la réduction de la pression fiscale et l’amélioration du contrôle interne et des relations publiques. L’action de réforme et de modernisation de l’administration des douanes vise son adaptation aux mutations nationales et internationales, l’amélioration de ses performances, le renforcement de ses capacités d’intervention et l’efficacité et l’efficience de ses services. Au plan du domaine national, l’action mise en œuvre a trait, principalement, à l’adaptation et la mise à niveau du dispositif législatif et réglementaire en vue d’une meilleure valorisation et une meilleure protection du domaine public et du domaine privé de l’Etat d’une part, et d’une levée des contraintes qui entravaient l’essor de l’activité économique, d’autre part. Au plan financier et bancaire, les réformes visent, en dernière instance, l’appui à la croissance économique par la promotion et la diversification de l’investissement, le développement de la petite et moyenne entreprise et la création d’emplois, soutenus par un accompagnement bancaire et financier adéquat. Le parachèvement des réformes engagées confortera la stabilité du secteur bancaire et du marché du crédit, la réduction du coût de l’intermédiation financière, la modernisation des infrastructures techniques et matérielles des banques et le développement d’un marché financier en phase d’expansion prise par l’épargne nationale et des ménages.
« Pour une plus grande dynamisation du marché financier »
En matière d’assurances, le secteur pour lequel les objectifs consistent à améliorer la gouvernance, à développer l’activité, renforcer la sécurité financière des sociétés d’assurances et à améliorer le niveau général du marché, a aussi fait l’objet d’une attention soutenue notamment à travers les filialisations et partenariats enregistrés entre 2010 et 2011. Enfin, les efforts menés par le secteur des finances dans le cadre des défis qui se posent ne peuvent aboutir sans une politique adéquate de formation de la ressource humaine. A ce sujet, un certain nombre d’actions sont menées ou programmées. Elles relèvent de la formation, du perfectionnement et de la gestion de la relève d’une part et l’adaptation de l’appareil de formation du secteur des finances et son élargissement, d’autre part. Intervenant à l’issue des débats, le Président de la République a insisté sur « la nécessité d’un suivi rigoureux de la mise en œuvre de la politique nationale en matière financière, de manière à assurer un financement approprié de l’ensemble des actions inscrites dans le programme quinquennal 2010-2014 ». En outre, après avoir rappelé l’accroissement des crédits à l’économie, le chef de l’Etat a interpellé le gouvernement « pour une plus grande dynamisation du marché financier, la mobilisation de l’épargne et la diversification des sources de financement de l’entreprise économique ». Enfin, le Président de la République a instruit le gouvernement à l’effet de renforcer le dialogue économique avec les partenaires économiques et sociaux et de promouvoir l’évaluation des politiques publiques pour ajuster constamment notre démarche aux objectifs retenus et gagner ainsi en efficience et en efficacité.
Pour une économie consolidée et créatrice de richesse
Le premier membre du gouvernement à être reçu par le président Bouteflika a été le grand argentier du pays, cela n’est guère surprenant. Mieux, cela est des plus logiques. «Le nerf de la guerre, c’est l’argent», dit l’adage. Or, c’est au département de M. Karim Djoudi qu’échoit la lourde responsabilité de «trouver» les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de tous les plans de développement sectoriels et de les affecter, par la suite, aux différents départements dans le cadre des budgets sectoriels arrêtés par chaque ministère. Cette loi de finances pour 2012 aura aussi à prendre en charge, d’une part, toutes les augmentations salariales décidées dans la foulée des négociations sociales menées tout au long de l’année en cours et, d’autre part, à budgétiser toutes les dépenses inhérentes à l’organisation des échéances électorales prochaines. Il s’agit des législatives et des locales. C’est dire l’importance que revêt cette loi de finances. Mais le ministre ne se limitera pas à ces volets quand bien même ils constitueraient l’essentiel de son cahier des charges pour 2012.
Il aura, à coup sûr, à présenter un exposé exhaustif de la situation financière du pays. Et c’est sur cette base que le chef de l’Etat formulera ses recommandations et prodiguera ses orientations. Certes, M. Karim Djoudi ne devrait pas avoir trop de souci pour répondre à toutes les sollicitations financières dont son ministère fera l’objet, dans la mesure où les réserves de changes du pays ont atteint un seuil record. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faudra se laisser aller à ce que les économistes qualifieraient de gabegie. Du reste, si la rigueur financière a été de tout temps préconisée, c’est pour éviter justement au pays de se trouver dans l’incapacité d’honorer ses engagements ou de financer les grands projets structurants. Car, s’il est vrai que l’aisance financière est là — plus de 173 milliards de dollars de réserves de changes —, il n’en demeure pas moins qu’il faut toujours garder à l’esprit que toutes nos ressources proviennent de l’exportation des produits énergétiques.
Or, faut-il le rappeler, ces ressources ne sont pas inépuisables. Bien au contraire. Les réserves de pétrole, à titre d’exemple, ont enregistré une baisse sensible. Et si d’aucuns parmi les gouvernants tirent de temps à autre la sonnette d’alarme, ce n’est nullement pour jouer les rabat-joie. Il est nécessaire de rappeler que le populisme ne servira pas le pays. Ce dont l’Algérie a besoin présentement, c’est d’être mise sur les rails du développement durable basé sur une économie consolidée et créatrice de richesse.
Nadia Kerraz