M. Babès: les systèmes de gouvernance ont besoin d’une reconsidération à tous les niveaux

M. Babès: les systèmes de gouvernance ont besoin d’une reconsidération à tous les niveaux

Les systèmes de gouvernance en Algérie nécessitent une « reconsidération » à tous les niveaux, a affirmé jeudi à l’APS le président du Conseil national économique et social (CNES), M. Mohamed Seghir Babès.

Question: Quelle évaluation faites-vous du processus de la Concertation nationale sur le développement, lancé le 5 septembre dernier ?

Réponse: Je pense que les résultats obtenus par ce processus sont très satisfaisants. Nous avons été dans la profondeur de l’exercice. Nous avons rencontré les acteurs concernés. Ce qui est remarquable c’est que cette opération a connu une grande adhésion de la part de l’ensemble des intervenants dans le développement

local. La Concertation sur le développement local a permis d’être face à des réalités qui nous poussent à aller vers des changements radicaux. Ces changements concernent la façon dont sont menées les politiques économiques, et sociales. Nous pensons que tous les systèmes de gouvernance (en Algérie) sont à reconsidérer à tous les niveaux.

Cette Concertation doit être un effet levier puissant. Les recommandations dégagées par ce processus sont susceptibles de changer l’ordre des choses en Algérie et nous permettre d’aller, sur le plan économique, à notre vrai régime de croissance. Nous sommes en mesure de bâtir une économie émergente, vraiment émergente. C’est-à-dire une économie qui va atteindre au bout de deux à trois ans les deux chiffres, car nous avons le potentiel. Tout est question maintenant de revisiter les modes de gestion et de sortir de l’impasse de l’économie de la demande à celle de l’offre. Je pense aussi qu’il est temps de passer à une économie basée sur un solide partenariat privé-public. Il est nécessaire, pour y parvenir, de libérer les initiatives et faire appels aux intelligences et aux compétences locales, d’où l’impératif d’impliquer la société civile dans la prise de décision.

Question : De nombreuses recommandations formulées par les participants à ce processus ont été d’ores et déjà mises en application, à l’image de l’amendement du code des marchés publics et l’élargissement des prérogatives des walis dans le domaine de l’investissement. Que pensez vous?

Réponse: Cela est normal car le lancement d’une Concertation nationale sur le développement local provient d’une décision du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui avait une conviction avérée qu’il fallait aller à des changements des paradigmes, du régime de croissance…, bref des changements

de type transformation radicale de la situation. De toutes les façons, la richesse provient du développement au niveau local et donc il est nécessaire de travailler dans ce sens. Il est important de relever, par ailleurs, qu’un retour de l’Etat planificateur est une nécessité pour le développement du pays. La planification doit être la mission des pouvoirs publics à tous les niveaux. Il faut que l’Etat stratège se réinstalle dans son territoire et fasse confiance à ses représentations territoriales à commencer par les communes.

Question: Quel est le sort des recommandations qui se dégageront de cette Concertation nationale sur le développement local ?

Réponse: Il (le sort) est connu depuis le Conseil des ministres du 2 mai dernier durant lequel le chef de l’Etat avait décidé de lancer cet exercice visant à mettre le doigt sur les dysfonctionnements et obstacles entravant le développement dans notre pays. Cela a été encore réaffirmé et précisé lors du Conseil des ministres du 28 août où le Chef de l’Etat avait décidé d’introduire les recommandations dans le programme national des réformes pour qu’elles soient appliquées.

Sur instruction du président de la République, le gouvernement va se pencher sur la plateforme des recommandations et déterminer les procédures nécessaires à sa mise en œuvre. La lettre lue ce matin en son nom à l’ouverture des assises nationales sur le développement local confirme cet engagement majeur.