M. abdelwahab nouri, ministre de l’agriculture et du développement rural « Nous positionner sur le marché mondial »

M. abdelwahab nouri, ministre de l’agriculture et du développement rural « Nous positionner sur le marché mondial »

Avec plus de 40 millions de quintaux par an, l’Algérie ne cesse d’enregistrer des résultats probants dans la production de la pomme de terre. Le ministère de l’Agriculture identifie la pomme de terre comme filière à privilégier pour favoriser la croissance des exportations.

Selon le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, la pomme de terre est une filière export porteuse. Dans cet entretien accordé en marge de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Sidi Bel-Abbès, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, a souligné la nécessité de produire plus, pour exporter plus et gagner plus, afin de réduire la facture des importations. Il a mis l’accent sur la nécessité de revoir le plan d’action pour augmenter la production.

Quel diagnostic pouvez-vous faire sur le secteur de l’agriculture ?

Nous travaillons actuellement sur le diagnostic du secteur et nous devons apprendre à nous dire les vérités en face afin de ne pas maquiller les choses. Nous voulons être réalistes, car en vérité, l’on est loin de la théorie. L’agriculture est un secteur qui a reçu un soutien fort du président de la République, lors de la conférence nationale sur l’agriculture tenue à Biskra en 2009 où des décisions historiques ont été prises.

Une priorité absolue a été accordée au secteur qui bénéficie de 200 milliards de dinars par an. Ce montant est destiné au développement rural et au renouveau agricole. Aujourd’hui, après tant d’efforts consentis dans les opérations d’investissements dans le domaine de l’agriculture, la question qui se pose est la suivante : les résultats ont-ils été probants ou continue-t-on à cacher la situation du secteur avec des chiffres qui ne reflètent point la réalité ? Nous travaillons actuellement sur l’évaluation de ce secteur qui permettra de faire le point, et de rompre avec les pratiques obsolètes. A titre d’exemple, à Sidi Bel-Abbès, sur 360.000 hectares, seuls 8.000 sont irrigués, ce qui démontre l’existence d’un périmètre énorme d’irrigation. Donc, à mon avis, le barrage écrêteur de Sidi Bel-Abbès est plus que nécessaire pour l’irrigation des milliers d’hectares de la région.

Le même cas se pose à Tlemcen qui compte de nombreux barrages. Donc on ne peut pas faire de l’agriculture moderne, de l’agriculture intensive avec des pratiques révolues.

L’Algérie s’est distinguée cette année par une production record, notamment de la pomme de terre, et s’est engagée dans la même démarche pour d’autres produits …

Nous sommes passés de 18 millions de quintaux à 42 millions de quintaux. Les stocks sont pleins. N’oubliez pas que nous disposons de capacités de stockage et de froid sont limitées.

Avec la production de la pomme de terre de l’arrière-saison, on ignore comment la prendre en charge. Tous ces paramètres montrent que l’outil de production est en pleine activité, mais finira par trouver d’énormes difficultés notamment la transformation et la commercialisation.Donc nous pensons qu’avec ce surplus de production, la pomme de terre sera exportée.

Mais cela ne concerne pas uniquement la pomme de terre, mais aussi d’autres légumes tel l’oignon où là aussi nous enregistrons une surproduction. Donc nous étudions actuellement comment conquérir les marchés internationaux. Car tant que nous sommes impuissants à exporter nos produits et à prendre place sur le marché international, on peut considérer que nous n’avons pas encore atteint les objectifs que le secteur s’est assignés. Aujourd’hui, je pense que la satisfaction des besoins essentiels de la population algérienne est un cap que nous commençons à franchir. Il reste cependant un grand effort à déployer pour une bonne production céréalière, celui de la filière laitière, afin de réduire la facture alimentaire des importations.

Quelles sont les prévisions que vous envisagez en matiere de lutte contre la désertification ?

Sur ce plan, un important programme figure au menu, et nous comptons engager d’importantes opérations pour protéger ce patrimoine considéré comme zone fragile qui connaît malheureusement des détériorations. Certes, la désertification menace, et il est indispensable de trouver des méthodes correctives qui visent à arrêter le phénomène, et à réparer les dégradations subies.

Dans ce contexte, et sur un total de 32 millions d’hectares, nous nous sommes consacrés à la réhabilitation du tissu végétal s’étendant sur 2 millions 200.000 hectares. Les opérations se déroulent dans de bonnes conditions, et nous pensons que dans un avenir proche, nous pourrons atteindre les objectifs tracés dans ce cadre.

Quelles sont les missions dévolues en matière de développement rural ?

Le développement rural est l’un des axes primordiaux de la politique du ministère et du gouvernement. Nous travaillons sur ce dossier déjà afin d’apporter les correctifs nécessaires.

D’ailleurs, plus de 20 milliards de dinars ont été destinés aux zones rurales pour, entre autres, la plantation fruitière, la correction torrentielle, la fixation de berges, les travaux sylvicoles, la protection de banquettes, l’aménagement de points d’eau, l’octroi des unités d’aviculture, des ruches, des unités de broderies, de métiers à tisser… La richesse de ces milieux naturels est irremplaçable, et il est indispensable de protéger ce legs, qui est aussi un lieu de vie pour une partie de notre population.

La politique du renouveau rural projetée dans le cadre d’une politique nationale, construite dans l’interactivité avec l’ensemble des acteurs (locaux et nationaux), vise le renouvellement de la vision du monde rural et de sa projection dans le futur. Celle-ci est caractérisée par la concrétisation de plusieurs projets de proximité outre des opérations visant à arrêter le spectre de la désertification. Parmi les grands axes figurent l’amélioration de la qualité et des conditions de vie en milieu rural, la diversification des activités économiques, la protection et la valorisation des ressources naturelles, et du patrimoine matériel et immatériel.

M. M.