L’Ecole supérieure de management des ressources en eau a été inaugurée ce jeudi en présence du ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal. Réalisé dans le cadre d’un partenariat algéro-espagnol, cet établissement formera des spécialistes dans le domaine en question au moment où l’Algérie commence à récolter les fruits d’une décennie d’intenses investissements dans le secteur de l’hydraulique.
L’eau, denrée précieuse, menacée de rareté en permanence, nécessite une technologie et une maîtrise dans tous les segments de sa production et distribution. Sans nul doute, cette école basée à Oran sera un dispositif essentiel dans cette politique qui fait de la mobilisation, la production, la distribution et la tarification un secteur stratégique de l’Etat
M. K.
De la rareté à la gestion de la disponibilité
La journée technique sur « les avancées de la gestion déléguée de l’eau en Algérie », organisée par le ministère des Ressources en eau s’est déroulée ce jeudi à Oran, présidée par M. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, en présence du ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Cherif Rahmani, du secré- taire général du ministère de l’Intérieur ainsi que du président du Congrès mondial de l’eau, Loïc Fauchon, de l’ambassadrice d’Autriche, des walis où cette gestion déléguée est appliquée (Alger, Oran et Cons-tantine), des directeurs généraux des trois entreprises de gestion de l’eau dans ces wilayas, de nombreux experts et élus des deux chambres.
En 2001, le gouvernement algérien, mis face à un pays confronté à une sécheresse cyclique sévère, qui a frappé de nombreuses régions, a sérieusement envisagé l’importation de… l’eau, a révélé ce jeudi à Oran M. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, en marge des travaux sur la gestion déléguée de l’eau pour évaluer cette expérience dans les trois villes où elle est en vigueur : Alger, Oran et Constantine…
« Aujourd’hui, nous distribuons, quotidiennement, 150 litres d’eau potable pour chaque Algérien à travers un réseau public auquel 93% de la population est raccordée. En termes de qualité, l’eau distribuée dans toute l’Algérie est potable et sa composition physico-chimique est conforme aux normes édictées en la matière par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)… A Oran comme partout ailleurs dans le pays », a-t-il affirmé. Que s’est-il passé entre-temps ? L’Etat a tout simplement investi 25 milliards de dollars pour matérialiser sur le sol une politique de l’eau grâce à des barrages, des stations de dessalement, des transferts, des retenues d’eau, une rénovation et extension du réseau de distribution…
Dans les années soixante il n’y avait que 14 petits barrages, en 2000, moins d’une cinquantaine et, aujourd’hui, 68 avec une capacité d’un peu moins de huit milliards de m3. 15 autres barrages sont en cours et seront lancés d’ici à 2014 pour arriver à 93 barrages et mobiliser 9 MILLIARDS DE M3. En parallèle cinq stations de dessalement sont en exploitation à Arzew, Alger, Skikda, Ain Témouchent et Tlem-cen… D’autres sont en cours (la plus grande du bassin méditerranéen du côté d’Arzew). En tout 13 stations pour un volume journalier de 2,26 millions de mètres cubes d’eau potable. Les eaux usées sont également intégrées dans cette stratégie. En 2000 les capacités étaient de 90 MILLIONS DE M3, aujourd’hui les volumes traités sont de 600 000 m3.
L’eau existe. Elle est produite, stockée, traitée, acheminée partout, y compris vers le plus grand consommateur (l’agriculture). Se pose alors l’impératif de sa gestion pour mieux la préserver et par voie de conséquence l’assurer à tous, à un prix fixé par l’Etat et soutenu par les caisses du Trésor public (le prix au mètre cube est facturé aux ménages trois fois moins cher que son prix de production)
Une disponibilité régulière, permanente de l’eau pour chaque citoyen, qu’il habite au Nord ou au Sud, à l’Est ou à l’Ouest, en ville ou à la campagne, dans un hameau perché sur une montagne ou un ksar aux portes du désert, l’eau est un droit pour tous. La stratégie nationale de l’eau repose sur des investissements lourds à coups de milliards de dollars (25 milliards de dollars en 10 ans), sur la réalisation de barrages, sur la rénovation ou l’extension des réseaux. Elle ne vise en fin de compte qu’un seul objectif : l’accès de l’eau pour les ménages à un prix soutenu et fixé exclusivement par l’Etat, seul propriétaire du réseau de distribution, même si, dans un souci d’efficacité, la puissance publique délègue la gestion de l’eau à des entreprises privées nationales ou étrangères. Voilà la quintessence du message délivré par le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, ce jeudi à Oran, à l’occasion d’une journée technique consacrée a l’examen des bilans de gestion déléguée dans les trois plus grandes métropoles du pays : Oran, Alger et Constantine.
Le ministre a rappelé les fondamentaux de cette politique de l’eau qui a à son actif des réalisations impressionnantes dont les retombées sur le quotidien de population sont évidentes. Le transfert de l’eau de Ain Salah à Tamanrasset sur une distance de 750 kilomètres reste à ce jour l’entreprise la plus audacieuse, jamais tentée dans aucun autre pays pour ramener de l’eau aux populations d’Ain Salah et deTamanrasset dans des conditions géographiques et climatiques extrêmes. Seule la Chine, au vu de l’immensité de son territoire, est actuellement sur un projet susceptible de rivaliser avec cette réalisation.
Devant une assistance nombreuse composée notamment des walis d’Alger et de Constantine (en plus du wali hôte), des premiers responsables des trois sociétés qui gèrent l’eau dans les villes en question (SEAL d’Alger, SEOR d’Oran et SEACO de Constantine) on a noté la présence de l’ambassadrice d’Autriche. Rappelons qu’une entreprise autrichienne gère la station d’épuration d’El Kerma. Des élus des deux chambres, le président du Fonds mondial de l’eau et de plusieurs experts. L’objectif est de passer au scanner cette expérience qui semble probante et qui consiste à céder en « sous-traitance » la gestion de l’eau à des entreprises spécialisées dans ce domaine.« Mais il ne suffit pas de produire de l’eau ou d’investir mais il faut impérativement gérer la distribution de l’eau qui exige une technologie et un savoir-faire », a souligné M. Sellal. « Il y a quelques années nous réfléchissions au moyen de régler la sécheresse. Aujourd’hui on parle de gestion », a souligné M.Cherif Rahmani. La gestion déléguée a donné des résultats : à Alger le contrat est « gagnant-gagnant pour l’entreprise déléguée et pour les ménages », a estimé le ministre en rappelant que la distribution de l’eau en continu (H/24) est une réalité dans quasiment tous les quartiers de la capitale… Ceci sans augmenter les volumes mais en intervenant directement sur le réseau, en éliminant les fuites et déperditions.
Un exemple irréfutable, vérifiable à Hussein Dey, a-t-il dit, et qui montre la nécessité de faire appel « sans tabou » au privé (y compris étranger) pour bénéficier de son savoir-faire. Aussi le contrat de gestion de cette entreprise a-t-il été reconduit pour cinq années supplémentaires en lui ajoutant la gestion de l’ensemble des communes de la wilaya de Tipasa et des systèmes de production et d’adduction (Taksebt/Alger et Isser/Keddara) pour le même coût environ que le premier contrat, a ajouté le ministre.
La facture serait de l’ordre de 105 millions d’euros, selon une source interne à Suez. Dans ce schéma que condense M. Cherif Rahmani par l’expression des « trois P » Partenariat-Public-Privé, l’Etat reste le patron et en cas de défaillance de l’opérateur, il peut mettre fin à l’association comme ce fut le cas à Annaba où l’opérateur allemand Gelssen-Wasser n’a pas pu satisfaire à l’ensemble des clauses du cahier des charges.
Pour rappel, Suez Environnement (France) gère Alger et Tipaza, Agbar l’espagnole (détenue à 75% par Suez) Oran, tandis que Constantine est gérée par la Marseillaise des eaux.
M. Koursi
Bon à savoir…
68 barrages sont actuellement en exploitation. Ils cumulent une capacité de stockage de 7,4 milliards de mètres cubes. Actuellement, 15 nouveaux ouvrages sont en cours de réalisation dans 15 wilayas.
A terme, le parc national des ressources en eau comptera 83 ouvrages et aura une capacité globale de 9,1 milliards de mètres cubes. A la fin du quinquennal 13 grandes stations de dessalement d’eau de mer produiront quotidiennement 2,26 millions de mètres cubes d’eau potable. A ce jour, cinq stations sont en exploitation à Arzew, Alger, Skikda, Ain Témouchent et Tlemcen, soit 10% des besoins en eau potable du pays. Le Beni Haroun est le plus grand barrage d’Algérie. Il constitue le cœur du complexe hydraulique qui porte le même nom et qui est destiné à couvrir la totalité des besoins en eau potable d’une population de 5 millions d’habitants répartis sur le territoire de six wilayas, ainsi que l’irrigation de 40.000 hectares de terres agricoles. En plus du barrage de Beni Haroun, le complexe comporte quatre autres ouvrages : Boussiaba dans la wilaya de Jijel, Oued El Athmania à Mila, Ourkis à Oum El Bouaghi et Koudiat Medaouar à Batna. Le système de transfert Mostaganem/Arzew/Oran se compose de deux barrages interconnectés (Cheliff et Kerrada), de conduites de transfert, d’une grande station de traitement (Sidi Lahdjel) et d’ouvrages de stockage. Il doit fournir annuellement 100 millions de mètres cubes d’eau potable aux habitants situés sur son axe de transfert. Ce système de transfert a été mis en service en juillet 2010. Le transfert In Salah-Tamanrasset achemine quotidiennement 100.000 mètres cubes d’eau potable le long d’une conduite double de 750 km en plein Sahara. Il s’agit d’une première pièce d’une stratégie hydraulique pour interconnecter le Nord et le Sud. Il est envisagé le transfert de 600 millions de m3 d’eau potable de l’albien nord (El Goléa/Messaâd) au profit des populations de Djelfa, Bou Saâda, du sud de M’Sila et Tiaret.
M. K.