M. Nacer Mehal : “Nous devons aider à l’émergence d’une presse professionnelle”

M. Nacer Mehal : “Nous devons aider à l’émergence d’une presse professionnelle”

Hommage aux gens de la profession

Le ministre, en préambule, a tenu à rendre hommage à l’ensemble des gens de la profession, à toutes celles et tous ceux qui se sont illustrés par leur engagement pour servir le métier, celles et ceux qui ont disparu, comme celles ou ceux encore en vie.

Le message a été adressé aux jeunes générations pour qu’ils préservent les intérêts de la profession et travaillent dans le sens de l’intérêt général. S’exprimant sur le climat existant, le ministre a qualifié le paysage de bon. Il existe une grande liberté de presse a-t-il déclaré. Nous sommes fiers de ce qui existe et par moment, on est déçu par le niveau de certaines accusations qui fusent comme cela, alors que la règle fondamentale du métier, se trouve dans la rigueur… la rigueur, qui permet la crédibilité. Cette rigueur associée à la crédibilité se construit tous les jours, selon le ministre.

Evaluation d’étape

Vingt ans d’ouverture dans les médias, c’est peu pour une évaluation globale, mais cela reste suffisant pour établir un rapport d’étape. L’orateur rappelle la loi 90-07 qui a permis l’éclosion de cette presse nationale, en subventionnant le papier, le tirage de journaux à l’imprimerie, l’octroi de locaux. Toutes ces décisions de l’Etat algérien ont permis l’éclosion de cette presse nationale, note M. Nacer Mehal.

La loi a été élaborée en prenant en charge les conditions de l’époque, le ministre fait remarquer que depuis, il y a eu des évolutions dont il faut aujourd’hui tenir compte et qu’il faut intégrer dans la révision des textes. La naissance de la presse électronique, le web, font partie de ces évolutions que le code de l’information réaménagé doit intégrer en tant que nouvelles dispositions.

Le ministre, fait remarquer qu’il existe du “trabendisme” dans le journalisme. Il y a certains écarts dans une certaine presse qui n’honorent pas la profession. L’orateur fait remarquer qu’en recevant récemment une délégation de journalistes, il avait appris que certains rédacteurs de presse étaient payés à 6.000 DA !!

Le ministre s’est dit scandalisé en apprenant cela. M. Nacer Mehal, souligne qu’il y a une réflexion qui est engagée pour améliorer cette situation et rendre justice.

Modifier la loi pour la rapprocher des réalités

Modifier la loi pour la rapprocher des réalités, le ministre assure que c’est l’affaire de tout le monde et pas seulement du gouvernement. L’orateur rappelle les orientations du Président de la République lors de son discours à la nation et assure que les réformes projetées feront l’objet d’un débat libre.

M. Nacer Mehal note qu’il renouvelle l’appel à partir du Forum d’El Moudjahid pour que la discussion soit le plus largement possible ouverte à tous, professionnels, juristes, etc., jusqu’à aboutir à un texte qui a l’approbation la plus importante qui permet ensuite de le discuter au niveau du gouvernement et ensuite du Parlement. Il y aura donc une grande consultation de sorte à ce que les idées nouvelles puissent être mises en forme. Nous allons solliciter pour cela les juristes les plus crédibles et les plus célèbres.

La loi doit être réaménagée sur certains axes

En réalité, assure le ministre, il n’y a pas beaucoup de choses à reprendre, mais par certains aspects, la loi doit être réaménagée pour la mettre en conformité avec les réalités d’aujourd’hui. Ce qui doit être amélioré, le sera dit-il. Le projet ira ensuite au Parlement dans les conditions les meilleures, ainsi que dans de bonnes conditions psychologiques qui éliminent ce doute permanent qui existe entre les Algériens. Il y a une volonté pour faire évoluer les choses assure le ministre.

Il faut à présent savoir comment aller vers un code de l’information qui prépare l’avenir. Cette loi remaniée doit ensuite durer pour que le travail législatif soit crédible.

Les organes de régulation doivent renaître

M. Nacer Mehal, qui relève qu’il a reçu les représentants du syndicat des journalistes il y a quelques jours, rapporte qu’il lui a été demandé la remise en selle du conseil supérieur de l’information (CSI).

Or une telle institution a été dissoute par décret en 1993, donc en dehors de la responsabilité de l’actuel gouvernement qui n’était pas, bien sûr, aux affaires à cette époque. Le ministre pour autant ne se dit pas opposé à la renaissance de cette institution, cela fera partie de la discussion générale où rien ne sera imposé.

Il y a aussi le Conseil national de l’audiovisuel (CNA) qu’il faut réactiver. Toutes ces structures de régulation sont absolument nécessaires note le ministre. Sur la carte de presse, il assure qu’une commission paritaire sera constituée à cet effet.

Un modèle pour la presse privée

Il affirme aussi qu’il va travailler avec la profession et les institutions intéressées (travail, etc.) sur l’adoption d’une grille nationale des journalistes pour suivre l’évolution des carrières.

Evidemment, dit M. Nacer Mehal, cette grille ne s’applique pas à la presse privée, mais nous lui donnerons un modèle.

Le ministre du Travail, les syndicats, les journalistes seront associés à ce travail. Les chantiers sont ouverts, note l’orateur.

Les discussions ont commencé, elles seront élargies. On espère après cela aboutir à une mouture finale, d’ici le mois de juin prochain. Nous sommes tous interpellés rappelle M. Nacer Mehal. La profession doit être d’un niveau appréciable.

Le Fonds d’aide consacré à la formation

A propos du Fonds d’aide à la presse, il existe, souligne l’orateur, en réponse à une question, mais il a été gelé. A son arrivée à la tête du ministère de la Communication, le ministre a décidé de le réactiver et de le consacrer à la formation des journalistes, dans tous les segments du métier. Une convention ministère de la Communication – Université a été signée. Elle débutera dès cette année, avec comme encadrement des formateurs nationaux et étrangers. Sans formation et sans perfectionnement l’on ne peut rien faire, relève M. Nacer Mehal.

Cette formation concernera tous les journalistes algériens de quelques horizons qu’ils soient, note le ministre.

Délit de presse, le dossier sur la table du Conseil des ministres le 2 mai

A propos d’une question sur le délit de presse, l’orateur relève que le dossier sera sur la table du Conseil des ministres, le lundi 2 mai.

Le Président de la République, note à ce propos le ministre, s’inscrit comme un homme qui veut apporter beaucoup d’apaisement, c’est une bonne chose.

La décision est importante. Les professionnels doivent contribuer au renforcement des règles de l’éthique et de la déontologie, cela appartient à la profession de les faire valoir. Il nous revient de trouver les meilleurs moyens pour éviter les dérives. C’est un acte de responsabilité, un acte civilisationnel. A propos de l’accès aux sources, problème soulevé par le ministre, il note qu’un travail est entrepris pour faciliter à l’avenir l’accès aux sources, car c’est à travers les difficultés rencontrées qu’existent les dérives.

Aider à l’émergence d’une presse professionnelle

Nous devons aider à l’émergence d’une presse professionnelle. On a dépénalisé, mais les sanctions financières vont rester, en cas de faute avérée.

Concernant une question sur la numérisation, il s’agit-là d’un immense chantier dira le ministre. Il y a déjà des travaux qui ont commencé à l’APS, la Télévision, la Radio. Sur la télé et la radio précisément, on va finaliser les statuts de ces institutions en assurant leur refonte pour aller vers une émulation entre chaînes existantes. Dans le passé, il y avait un clonage de chaînes. Le ministre rend hommage néanmoins aux journalistes pour avoir poursuivi leur mission.

Un statut pour chaque chaîne télé

A l’avenir, il y a aura un statut pour chaque chaîne, qui cibleront leurs publics. Aujourd’hui à la télé, il n’y a pas de cible, on diffuse seulement. A partir de janvier 2012, on aura trois journaux télévisés différents. Il faut offrir une palette d’émissions à travers les chaînes et appliquer le principe de la concurrence, comme cela existe ailleurs. Pourquoi l’Algérie devrait rester figée s’interroge le ministre. Cela exige beaucoup de modélisation. On a été jusqu’à présent consommateur de news, nous allons passer à l’étape supérieure.

Des bureaux à l’étranger pour la télévision

Concernant la télévision, pour la première fois, il y aura des bureaux à l’étranger, au Caire, à Paris (bureau permanent), à Washington, l’APS sera concernée elle aussi. Il nous faut beaucoup de présence à l’étranger assure l’orateur. A propos d’amélioration des conditions sociales des journalistes, notamment en matière de logement, le ministre assure que des contacts existent avec le ministre de l’Habitat, mais l’inconvénient c’est que la demande est particulièrement élevée au niveau national. Nous tentons de régler les problèmes.

Les chaînes thématiques, on y travaille

Sur l’ouverture à la télé, il y a des améliorations que l’on peut constater, des débats politiques qui s’annoncent. Le Président de la République a parlé de chaînes thématiques, nous allons voir comment rendre opérationnelles les orientations du Chef de l’Etat.

Concernant l’ouverture de chaînes privées, M. Nacer Mahel relève qu’il ne s’agit pas d’une décision qui appartient au ministre de la Communication, mais il s’agit d’une décision politique qui revient au gouvernement. Le jour où cette décision politique interviendra, nous l’appliquerons. Concernant le débat sur les libertés, le ministre relève que nous agissons pour le respect de toutes les libertés. Nul n’a le monopole de quoi que ce soit c’est pour cela que toutes les libertés seront défendues.

L’exercice de la liberté s’accompagne de celui de la responsabilité

Mais l’exercice de la liberté doit s’accompagner de celui de la liberté, comme le souligne si justement le journaliste français, Jean Daniel, note le ministre.

Pour le l’heure, notre presse est gangrenée par beaucoup de choses, relève l’orateur. Concernant le marché, c’est lui qui régulera la commerciales des titres de presse. Il faut mettre cependant le holà sur certaines pratiques de businessmen qui s’improvisent entrepreneurs de presse, mais qui en fait dénaturent la fonction. Il faut combattre l’anarchie et faire en sorte que les businessman sortent du champ médiatique. C’est la profession qui doit nous aider à assainir.

Il n’y a plus d’interdit

S’agissant d’une question sur l’octroi des visas aux journalistes étrangers, le ministre rappelle qu’il n’y a pas de restrictions. Il n’y a plus d’interdit, dit-il.

Celui qui veut écrire qu’il le fasse, celui qui veut venir, qu’il vienne. Les visas, les autorisations sont délivrés automatiquement. S’agissant de la diffusion de la presse, cela fait partie de l’arsenal juridique qui sera mis en place avec la refonte du code de l’information.

Il y aura la création d’un office des publications, une réglementation sur les sondages. Nous souhaitons associer les autorités locales avec l’aide de l’ANSEJ pour la distribution.

Effort de l’Etat dans le Sud pour la distribution

Un effort de l’Etat est accompli dans le Sud. Les retards dans la distribution (24 h de retard) doivent être résorber dans le Sud. Le projet de Ouargla est opérationnel. Pour Béchar, on y travaille. Les choses sont engagées à Béchar pour servir les localités isolées. Un projet de création d’imprimerie à Tamanrasset est lancé.

Concernant une question sur la production télévisuelle, le ministre a été clair, si les producteurs privés veulent s’associer, il faut qu’il y ait un partage des risques avec l’Etat.

Dans le passé, beaucoup de navets ont été payés avec l’argent public.

Nous devons avoir des règles pour favoriser l’émulation.

T. M. A.