La ville d’El-Eulma, à Sétif, a été le théâtre d’un incident qui a secoué l’opinion publique et embrasé les réseaux sociaux. Ce qui a commencé comme une attente paisible s’est transformé en une véritable chasse aux sorcières moderne, visant une citoyenne algérienne expatriée.
Aujourd’hui, la justice commence à s’exercer : selon El Khabar, six individus ont été arrêtés en fin de semaine dernière dans cette affaire retentissante, marquant un pas vers la réparation de l’honneur bafoué de la dame.
Les faits remontent au 1er juin, en plein cœur d’El-Eulma. Une femme, vêtue d’un niqab, attendait paisiblement sa fille devant l’école où celle-ci récitait le Coran.
Occupant son temps à la lecture et à la traduction de versets coraniques en français sur un carnet, elle est soudainement devenue la cible d’une foule. Ce qui n’était au départ qu’une simple curiosité s’est rapidement transformé en un déchaînement d’accusations infondées.

En moins de vingt minutes, la scène bascule. Un groupe d’hommes au chômage, traînant devant un café voisin, commence à s’agiter. Le carnet lui a été arraché des mains, et des cris de « C’est de la sorcellerie ! Appelez la police ! » ont fusé, le tout filmé et diffusé en direct sur les réseaux sociaux.
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L’incident, survenu dans un contexte local marqué par des découvertes de « talismans » dans des cimetières, a amplifié l’hystérie collective, transformant une scène anodine en un lynchage public sans aucune vérification.
El-Eulma : Six arrestations après le lynchage public d’une femme en niqab
La victime, une expatriée, a été plongée dans l’effroi, sa fille témoin de l’humiliation de sa mère encerclée et insultée par une foule déchaînée. Elle a ensuite révélé qu’elle ne faisait que lire le Coran et traduire des passages pour son propre usage.
Cette explication, simple et vérifiable, a été ignorée par ceux qui se sont arrogé le droit de juger, se considérant comme des « gardiens de la religion » sans en comprendre les préceptes élémentaires.
Face à la gravité des faits et à l’ampleur du scandale médiatique, la victime a déposé une plainte contre X auprès du procureur de la République près le tribunal d’El-Eulma. La cellule des crimes cybernétiques des services de renseignement a été rapidement activée.
Fait notable, la diffusion massive des vidéos de l’agression par les auteurs eux-mêmes sur leurs téléphones a grandement facilité le travail des enquêteurs.
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L’analyse minutieuse des enregistrements a permis d’identifier six personnes directement impliquées dans l’agression, les humiliations et le déshabillage partiel de la femme. Les suspects ont été arrêtés et déférés devant la justice pour être interrogés sur leurs rôles dans cet « incident dangereux » portant gravement atteinte à la dignité d’une personne innocente.
Il est à noter que certains des accusés ont même tenté, après coup, de se disculper via des directs sur les réseaux sociaux.
Ces arrestations ont été accueillies avec un grand soulagement par la population d’El-Eulma et de Sétif en général. L’affaire avait provoqué une vague d’indignation, la majorité des citoyens condamnant fermement l’auto-justice et le dépassement des limites légales et humaines.