Lyès Mérabet, sur la dégradation du système de santé en Algérie: «Des choix politiques et des décisions hâtives ont rendu notre secteur malade»

Lyès Mérabet, sur la dégradation du système de santé en Algérie: «Des choix politiques et des décisions hâtives ont rendu notre secteur malade»

Les raisons à l’origine de la dégradation du secteur de la Santé, dans nos hôpitaux et les structures de santé publiques, au regard de l’état des lieux, où les professionnels du secteur peinent à assurer des services de qualité pour le patient algérien, qui est confronté à un parcours du combattant pour se soigner.

Notre invité du forum, Lyès Mérabet, soutient que ce sont «des choix politiques et des décisions hâtives qui ont rendu le secteur de santé publique malade».

La déclaration du président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a été émise par le conférencier du forum du Courrier d’Algérie, hier, après avoir fait le tour de la question de l’état des lieux du secteur public et du système de santé dans notre pays, sans manquer de souligner, que le budget, non consistant, alloué à la santé n’explique pas, à lui seul, les problèmes auxquels notre système de Santé publique est confronté. Après avoir donné un aperçu sur ce qui a été réalisé et accompli en matière de santé publique, grâce à une démarche et une vision réfléchie, notamment, depuis la fin des années 60 et jusqu’à fin 80, en citant la politique promue pour la vaccination, qui a été donnée comme un exemple à suivre, dans le monde.

Notre invité déplore qu’aujourd’hui, des maladies et des virus reviennent en force, pour ne citer que la rougeole à titre d’exemple parmi d’autres. Pour notre invité, depuis ces vingt dernières années, notamment, qui ont vu le secteur privé émerger d’une manière fulgurante, au rythme de la dégradation du secteur de la santé publique, il met en avant l’impact de certaines décisions prises par les responsables du secteur, dont notamment celle autorisant le travail complémentaire, pour les professionnel de la santé, dont celui du chef de service, plus récemment, une des donnes qui a freiné considérablement, nous-a-t-il souligné, le rythme et la qualité du travail dans nos hôpitaux et nos structures de santé publiques.

Une décision qui s’est maintenue dans la nouvelle loi de Santé, qui n’aura, a-t-il affirmé, que «des conséquences encore catastrophiques sur le rendement de notre secteur en matière de soins et de prestations de santé. N’ayant aucune opposition de voir le secteur public et privé, dans le système de santé, dans notre pays, notre invité avance toutefois que depuis plus de vingt ans, nous assistons, dira-t-il, «à un développement considérable du secteur privé» en parallèle, poursuit-il, «à la dégradation dans le secteur public». Ce qui l’amène à conclure que l’un n’a pu et n’aurait pas «pu émerger sans qu’il y ait un recul dans nos hôpitaux et nos structures de santé publiques.» Mettant en avant l’expérience des pays scandinaves, où le système de Santé est exclusivement public, les prestations et les soins sont de qualité outre les conditions dans lesquelles travaille l’ensemble du personnel composant la famille de la santé.

À cette occasion, le président du SNPSP n’a pas manqué de dire que lorsqu’il a commencé à exercer, dans les début des années 90, il leur était «impossible et difficile d’orienter le patient, ne serait-ce pour des analyses» déplorant qu’au jour d’aujourd’hui «le patient est orienté, dès qu’il accède à l’hôpital, vers une clinique privée» alors que pour la majorité des algériens, leurs bourses ne leurs permettent pas d’assurer les tarifs appliqués. Et quand certains s’adressent à ces cliniques et les structures privées de santé, ils se retrouvent face à face avec le médecin ou le professeur qui l’ont consulté, dans un hôpital ou une structure de santé publique.

Alors que nous assistons au départ massif de nos médecins et même des étudiants en médecine, à l’étranger, «rien n’est fait pour stopper cette hémorragie» qui s’ajoute à celle que le pays a connue aussi durant la période du terrorisme, dans les années 90. Se rappelant de cette période, il dira tout simplement et modestement que le personnel restant, en cette période difficile, à laquelle le pays a été confronté «a fait face et a accompli ses missions convenablement pour les citoyens et notre pays» a-t-il tenu à rappeler.

Pour notre interlocuteur, «il est temps de se pencher sérieusement et d’une manière responsable» sur les maux qui rongent notre secteur public en matière de santé, notamment par «une réflexion collective profonde» en se penchant sur le bilan dans ce secteur et les réformes qui ont été menées, à ce jour, car, selon le président du SNPSP, «la situation actuelle du secteur de la santé publique montre qu’il y a eu échec» et qu’il est temps, a-t-il poursuivi, de remédier, car il y va de la santé du citoyen et d’un secteur de sécurité publique.

Karima Bennour